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rentréePar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / En cette rentrée où paraissent pas moins de 490 romans d’ici la fin octobre, une quatrième et dernière sélection de cinq romans indispensables, dont un texte éblouissant avec la Britannique Rachel Cusk. Bonne lecture !


RACHEL CUSK : « La dépendance Â»

Depuis bientôt trente ans, elle se glisse en librairies. Rachel Cusk est née au Canada en 1967 et s’est installée, avec ses parents, en Grande-Bretagne sept ans plus tard. Devenue romancière remarquée, elle nous revient avec « La Dépendance Â» dont la version originelle a été saluée par le « New York Magazine Â» et le « Wall Street Journal Â». Après « L’œuvre d’une vie : devenir mère Â» (2021), voici donc « La Dépendance Â». Certains, outre-Manche, y ont vu des airs de famille avec « Mrs Dalloway Â», un roman de Virginia Woolf paru en 1925. Belle parentèle mais on a là surtout un roman de Rachel Cusk- et c’est impeccable. Une fois encore, la romancière qui ne craint pas de se présenter féministe s’intéresse au quotidien d’une femme. M est romancière (elle n’écrit plus vraiment), elle est comme on dit « entre deux âges Â», un premier mariage sans émerveillement entre conjugalité et maternité, et le départ avec son deuxième mari pour vivre dans les marais, en bord de côte. Avec la maison, une dépendance délicatement transformée en résidence d’artistes. Le rêve de M : y accueillir L, un peintre qu’elle tient parmi les plus grands. Celui-ci accepte mais, déception de M, il débarque avec une créature tout autant de rêve qu’irritante. On y ajoute la fille de M et son mari qui se pointent… Dans ce cadre idyllique en bord de côte, des tensions ne tardent pas à surgir. La Dépendance, ce sont les lettres qu’a écrites M à Jeffers… elle y dit tout, par exemple : « Je t’ai déjà raconté, Jeffers, la fois où j’ai rencontré le diable dans un train au départ de Paris… Â» Roman épistolaire, voilà une forme littéraire que Rachel Cusk manie à la perfection. Tout y est : les désirs, l’orgueil, la désillusion d’une femme pour qui, selon l’auteure, la seule solution pour sortir de l’aliénation conséquente des traditions, des mÅ“urs et des religions est politique…

La dépendance
Auteure : Rachel Cusk
Editions : Gallimard
210 pages
Prix : 20 €

 

MIGUEL BONNEFOY : « L’inventeur Â»

Né à Semur-en-Auxois (Côte-d’Or) dans les premières années du 19ème siècle, il fut surnommé « Prométhée Â». Homme de science, il a mis au point l’héliopompe- ce réflecteur parabolique flanqué d’une chaudière en verre cylindrique alimentant une machine à vapeur, il l’appellera Octave. En tout temps, cet inventeur serait une star, sauf que la machine n’a pas pu lutter contre l’industrie du charbon. Et Augustin Mouchot mourut en 1912 dans la misère, oublié, retourné à cette ombre qu’il n’aurait jamais dû quitter… Jusqu’à ce que, après « Sucre Noir Â» (2017) et « Héritage Â» (2020), l’écrivain franco-vénézuelien Miguel Bonnefoy, avec « L’inventeur Â», le remette avec son habituelle élégance d’écriture dans la lumière. Gloire à Augustin Mouchot, l’inventeur qui a cru, bien avant tant d’autres, à l’énergie solaire !

L’inventeur
Auteur : Miguel Bonnefoy
Editions : Rivages
210 pages
Prix : 19,50 €

 

JOSEPH INCARDONA : « Les corps solides Â»

Une vie de peu. De presque rien. Anna vend des poulets rôtis sur les marchés. Pour améliorer l’ordinaire et la vie dans son mobil-home en bord d’Atlantique, pour que son fils Léo vive dignement en ne manquant de presque rien… Début d’histoire rapportée par l’écrivain Joseph Incardona, 53 ans, natif de Lausanne et auteur d’une douzaine de livres dont un très remarqué, « La Soustraction des possibles Â» (2020). On le retrouve donc avec « Les corps solides Â», un grand roman sur la société contemporaine et son cynisme. A l’image de la Rome antique, le pouvoir donne au peuple des jeux (beaucoup) et du pain (un peu). Ainsi, quand dans un accident elle perd son camion- outil de travail, Anna va-t-elle avoir un autre choix que celui de participer à un jeu télé qui lui assurerait un chèque de 50 000 euros- synonyme de la fin des ennuis ?

Les corps solides
Auteur : Joseph Incardona
Editions : Finitude
274 pages
Prix : 22 €

 

NICOLAS REY : « Crédit illimité Â»

Bonheur et joie de retrouver, avec son « Crédit illimité Â», Nicolas Rey, écrivain qui s’était perdu dans des contrées peu fréquentables. Le voilà donc de retour avec un roman délicatement amoral, un roman qu’on ne peut qu’apprécier avec son personnage principal, Diego Lambert, la petite cinquantaine, à la ramasse financièrement. Alors, tout aussi humble qu’humilié avec un besoin urgent d’argent, il va voir son père, PDG d’une multinationale. Celui-ci lui met le marché en main : OK pour t’aider, voici un chèque de 50 000 euros- à une condition, tu remplaces la DRH d’une de mes boîtes en province et tu licencies quinze ouvriers… A la découverte du monde ouvrier, s’ajoute l’idée de tuer chez Diego Lambert. Au pays de la loose, Nicolas Rey tricote, en rangs bien serrés, une farce oedipienne virevoltante et allégrement incorrecte !

Crédit illimité
Auteur : Nicolas Rey
Editions : Au Diable Vauvert
224 pages
Prix : 18 €

 

BLANDINE RINKEL : « Vers la violence Â»

En Vendée, une fille et son père. Lou et Gérard Meynier, un patronyme qui signifie « robuste guerrier Â». Le père illumine la vie de sa fille, tout en trimbalant des fantômes et de lourds secrets. Il est grande gueule, rit fort, son credo et son école : « la sensation du couteau, ces moments où l’on se sent un peu plus que vivant Â». De Lou, il veut faire une femme féroce. C’est « Vers la violence Â», le cinquième livre de Blandine Rinkel, après les très remarqués « L’abandon des prétentions Â» (2017) ou encore « Le nom secret des choses Â» (2019). Au fil du roman, on apprend que le père est idéaliste et diablement égocentré, qu’il a été un temps marin puis flic et qu’il demeure un sacré affabulateur. A ses côtés, Lou se construit, rebelle, et sera danseuse- elle dit : « Danser, c’est nager sans eau Â». Un roman troublant et puissant.

Vers la violence
Auteure : Blandine Rinkel
Editions : Fayard
380 pages
Prix : 20 €

letanPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Dans « Villa triste Â», Patrick Modiano évoquait en 1975 ces « Ãªtres mystérieux, toujours les mêmes, qui se tiennent en sentinelles à chaque carrefour de votre vie Â».

Lire la suite : « Paris de ma jeunesse » de Pierre Le-Tan : mystère et nostalgie…

DelermPar Félix Brun - Lagrandeparade.fr/ Tel un compagnon pour son chef-d’œuvre, Philippe Delerm est l’inventeur d’un style très particulier dont il est le seul artisan. Il fait penser aux grands auteurs des 17ème et 18ème siècles qui, avec lucidité, cynisme et désillusion, caricature le portrait des courtisans, bourgeois et autres nobles : La Bruyère, La Rochefoucauld, Chamfort.

Lire la suite : Et vous avez eu beau temps ? : Philippe Delerm , maître-compagnon des bons mots !

CocottePar Philippe Delhumeau - Lagrandeparade.fr/ Stéphane Reynaud, auteur de "Un couteau un plat une cocotte", propose aux cuisinières en tablier des recettes concoctées avec des ingrédients de tous les jours. Des recettes faciles à réaliser en 20 minutes sans être un top chef des fourneaux et plaques de cuisson high tech.

Lire la suite : Un couteau un plat une cocotte : Le tour de cuisine en cocotte de l’entrée au dessert

DressPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour cette semaine. D’abord, on commence par une plongée dans Venise avec, pour guide, Evelyne Dress et un texte mêlant thriller et histoire d’amour. On enchaîne avec Roselyne Febvre qui remet en lumière une héroïne quelque peu oubliée, pourtant considérée comme « la Lawrence d’Arabie au féminin Â». On boucle avec le formidable philosophe des sciences Etienne Klein pour une réflexion sur, entre autres, la naissance de la physique moderne. Bonne lecture !

Lire la suite : Une semaine de lecture avec Evelyne Dress, Roselyne Febvre et Etienne Klein

cohenPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour cette semaine. D’abord, on commence avec Nathalie Cohen pour un roman mêlant Histoire, faits réels et fiction. On enchaîne avec Angelo Rinaldi, un des grands critiques littéraires français, dans un recueil de 58 chroniques. On boucle avec le formidable romancier allemand Arno Schmidt, tenant de la « littérature pure Â», pour une trilogie de l'époque nazie jusqu'à un futur apocalyptique. Bonne lecture !

Lire la suite : Littérature : Une semaine de lecture avec Nathalie Cohen, Angelo Rinaldi et Arno Schmidt

ArditiPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour cette semaine. D’abord, on commence avec l’auteur suisse francophone d’origine turc Metin Arditi, maître conteur pour le premier tome de la « trilogie de Constantinople Â». On enchaîne avec Belinda Cannone qui a rencontré quinze de ses consoeurs et confrères pour savoir « comment écrivent les écrivains Â». On boucle avec la magnifique Italienne Lorenza Mazzetti évoquant l’épisode de sa vie à Londres, entre résilience et création. Bonne lecture !

Lire la suite : Une semaine de lecture avec Metin Arditi, Belinda Cannone et Lorenza Mazzetti

amisPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour cette semaine. D’abord, on commence avec l’auteur britannique Martin Amis, maître de l’ironie et de la fantaisie pour un « vrai-faux polar Â». On enchaîne avec Sabri Louatah et son nouveau roman aux formes d’un thriller bouleversant et haletant. On boucle avec le toujours impeccable Richard Powers qui signe un texte écologique et poétique avec une île du Pacifique pour décor. Bonne lecture !

Lire la suite : Une semaine de lecture avec Martin Amis, Sabri Louatah et Richard Powers

bareckPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour cette semaine. D’abord, on commence avec le rock en vrac de l’impeccable et indispensable Michel Embareck. On enchaîne avec l’une des meilleur.e.s auteur.e.s étatsunien.ne.s du moment, Rachel Kushner, pour un texte en eaux troubles. On boucle avec Antoine Laurain qui soumet à la dictée de Mérimée les parents du petit Benjamin et leurs amis. Bonne lecture !

Lire la suite : Une semaine de lecture avec Michel Embareck, Rachel Kushner et Antoine Laurain

droitPar Serge Bressan -Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour cette semaine. D’abord, on commence avec le philosophe Roger-Pol Droit et son Alice pour un voyage aussi pétillant qu’enthousiasmant au pays des idées. On enchaîne avec l’impeccable roman de Daniel Kehlmann consacré au réalisateur G.W. Pabst. On boucle avec Pierre Michon, un des meilleurs auteurs français, pour un texte qui emmène le lecteur du côté de chez Homère. Bonne lecture !

Lire la suite : Une semaine de lecture avec Roger-Pol Droit, Daniel Kehlmann et Pierre Michon

AudeguyPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour cette semaine. D’abord, on commence avec Stéphane Audeguy et une dystopie dans laquelle la Joconde a disparu en poussière. On enchaîne avec Patrick Grainville, de l’Académie française, et son 29ème roman racontant « Le Radeau de la Méduse Â» de Théodore Géricault. On boucle avec Brigitte Reimann, tenue pour l’une des meilleurs écrivains est-allemands, et un texte paru en 1963 aussi émouvant qu’implacable. Bonne lecture !

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Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / C’est la rentrée ! Au programme et sur les rayons des librairies, d’ici la fin février, pas moins de 507 romans et récits. Dans une quatrième et dernière sélection, en toute subjectivité, lagrandeparade.com en a retenu sept aussi sensationnels qu’indispensables… Bonne lecture à toutes et tous !

LA SENSATION

« Ootlin Â» de Jenni Fagan
La sensation de cette rentrée littéraire d’hiver 2025 vient d’Ecosse. C’est « Ootlin Â», le quatrième et nouveau roman de Jenni Fagan, déjà remarquée pour « Les Buveurs de lumière Â» (2017) ou encore « La Fille du diable Â» (2022). Un roman implacable, cinglant, incandescent et plein de vie pour l’histoire de Jenni Fagan- elle est née d’une mère psychotique, alors les services sociaux l’ont placée dans pas moins de quatorze maisons d’accueil et, dès l’âge de 7 ans, elle changera de nom à plusieurs reprises. Adulte, elle a essayé de mettre en mots sur papier son histoire- en vain. Elle y est revenue, « il y a toujours une histoire avant l’histoire Â». Evoquant « Ootlin Â», cet aveu dans un journal britannique : « Ce livre m’a sauvé la vie Â». Au hasard des pages, on lit : « J’apprends à quitter mon corps Â» ou encore : « Les mots sont véritablement magiques. Ils m’emmènent dans le seul endroit où je me sens à ma place sans avoir à m’excuser Â». En ouverture du roman, l’auteure a dédié son livre à « tous ceux qui traversent les enfers sur rien de plus qu’une plume Â» et rappelé les mots de Louise Bourgeois : « Racontez votre histoire et vous serez intéressant Â». Avec « Ootlin Â», Jenni Fagan est bien plus qu’intéressante, rapportant cette histoire d’une enfance rythmée par les abandons, les adoptions, les errances, le refuse dans la délinquance et la drogue. Et ouvrant un avenir d’espoir après qu’elle a découvert l’art, la musique, les livres glissé une citation…
« Ootlin Â»
Auteure : Jenni Fagan
Editions : Métailié

 

ET AUSSI…

« Les Indignes Â» d’Agustina Bazterrica
On lit : « Quelqu’un crie dans l’obscurité. J’espère que c’est Lourdes. J’ai mis des cafards dans son oreiller et j’ai cousu la taie pour qu’ils aient du mal à en sortir (…). J’ai laissé de minuscules ouvertures pour qu’ils s’échappent progressivement Â». Ouverture du deuxième roman de l’écrivaine argentine Agustina Bazterrica pour une plongée dystopique dans la Maison de la Sororité Sacrée, simplement titré « Les Indignes Â». Après « Cadavre exquis Â» (2019) qui avait révélé l’auteure, voici donc un texte implacable sur le quotidien de ces « indignes Â». Pour elles, tout y est réglé sous la haute surveillance de la redoutable SÅ“ur Supérieure. Entre elles, aucun cadeau, surtout qu’il existe la possibilité de rejoindre les « Illuminées Â» comme l’espère l’une d’entre elles…
« Les Indignes Â»
Auteure : Agustina Bazterrica
Editions : Flammarion

« Chien des Ozarks Â» d’Eli Cranor
Dans le genre roman noir, existe une catégorie nommée « rural noir Â»- l’un des maîtres s’appelle Eli Cranor, et nous arrive en VF sa récente production acclamée par Ron Rash, David Joy ou encore Megan Abbott. C’est titré « Chien des Ozarks Â», c’est empli de bains et de dettes de sang. Au cÅ“ur de l’histoire : Jeremiah Fitzjurls, vétéran du Vietnam qui vit à Taggard (Arkansas), petite ville des monts Ozarks bouffée par le chômage et la récession, vit seul avec sa petite-fille Joanna qu’il élève au milieu de sa casse automobile. Pour assurer sa protection, il lui apprend le maniement des armes et l’autodéfense. Un jour, débarquent les Ledford, une famille de suprémacistes blancs qui dealent du meth et s’en prennent à la jeune fille. Dès lors, Jeremiah sait que rien n’arrêtera la violence…
« Chien des Ozarks Â»
Auteur : Eli Cranor
Editions : Sonatine

« Des loups ordinaires Â» de Seth Kantner
A peine paru en 2004 et aussitôt devenu culte… Deux décennies plus tard, arrive la VF du premier roman de l’Américain Seth Kantner : « Des loups solitaires Â». Cutk Hawley, un jeune garçon blanc, est élevé dans le nord de l’Alaska en territoire inuit. Avec sa famille, il vit selon les règles traditionnelles. Il y a le froid extrême, le gamin apprend à chasser, à pêcher, il connait le chant du loup et aussi le prix de sa fourrure, il parle l’inupiak… N’empêche ! dans cet univers, Cutuk est un intrus, « l’Eskimo blanc Â». Il quittera ce monde du grand blanc, direction la ville pour l’université. Dès son arrivée, le choc, la découverte d’un monde aussi, si ce n’est plus hostile que la nature sauvage. Avec une élégance rare, Kantner évoque un monde, une nature en voie de disparition.
« Des loups ordinaires Â»
Auteur : Seth Kantner
Editions : Buchet-Chastel

« Carcoma Â» de Layla Martinez
En Castille, aux abords d’un village. Là, dans une maison modeste, vivent deux femmes : la grand-mère et sa petite-fille. « Quand j’ai franchi le seuil, la maison s’est jetée sur moi. C’est toujours pareil avec ce tas de briques et de crasse. Il se rue sur tous ceux qui passent la porte… Â» C’est là, décor de « Carcoma Â», le premier roman de Layla Martinez, que la grand-mère parle avec les saints et voit les morts tandis que sa petite-fille ne lui montre aucun signe de tendresse. Il se dit que la maison réagit au moindre mouvement de l’une ou l’autre femme… Une ambiance étrange pour un texte aussi réaliste que déroutant, avec des mystères qui surgissent, l’air de rien au fil des pages : un homme emmuré, une jeune mère disparue, un enfant jamais retrouvé…
« Carcoma Â»
Auteure : Layla Martinez
Editions : Seuil

« Une femme sur le fil Â» d’Olivia Rosenthal
Dramaturge et performeuse, Olivia Rosenthal est aussi écrivaine- de belle réputation. A preuve, son nouveau livre, « Une femme sur le fil Â», texte qui flotte entre récit, essai et aussi making of avec une enfant, Zoé, et un oncle pour le moins insistant. La gamine va imaginer divers stratagèmes pour éviter, fuir l’oncle, ayant compris qu’il n’y a qu’une solution : ne pas marcher droit, contrairement aux funambules sur leur fil. Alors, Olivia Rosenthal déroule un texte parfaitement maîtrisé avec le récit de Zoé et des paroles de funambules évoquant leur métier. Mieux : l’auteure, elle aussi, avance dans son récit sur un fil- risquant à tout moment de tomber dans le vide… Aller jusqu’au bout du fil, du câble, marcher droit pour se défaire de l’emprise, quelle qu’elle soit…
« Une femme sur le fil Â»
Auteure : Olivia Rosenthal
Editions : Verticales

« Mauvais élève Â» de Philippe Vilain
Un des livres qui, dans cette rentrée d’hiver 2025, fait matière à discussions dans le monde littéraire francophone. Signé Philippe Vilain- auteur hautement fréquentable et enseignant à l’université Federico II de Naples, « Mauvais élève Â» évoque différents épisodes d’une vie (celle de l’auteur) d’un transfuge de classe. Jeunesse en milieu défavorisé, échec scolaire, passage du lycée technique à l’université, de l’horreur de la lecture à la passion pour la littérature… et puis un épisode de vie intime avec, jeune homme dans la vingtaine, sa relation avec une femme d’une trentaine d’années plus âgée que lui. Cette femme, c’est la romancière Annie Ernaux nobélisée de littérature en 2022. Et Vilain raconte une écrivaine toute en contradictions, en paradoxes, voire même en mépris et dédain.
« Mauvais élève Â»
Auteur : Philippe Vilain
Editions : Robert Laffont

 

 

Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / C’est la rentrée ! Au programme et sur les rayons des librairies, d’ici la fin février, pas moins de 507 romans et récits. Dans une troisième et nouvelle sélection, en toute subjectivité, lagrandeparade.com en a retenu sept aussi sensationnels qu’indispensables… Bonne lecture à toutes et tous !

LE COUP DE COEUR

« Mère à l’horizon Â» de Jacques Gamblin
Il est né à Granville, en bord de Manche. On le connaît acteur au cinéma et au théâtre, avec un Ours d’argent à Berlin et deux Molière à Paris. Jacques Gamblin est aussi réputé lecteur magnifique au service de grands textes. Il a également écrit quelques livres fameux, dont le formidable « Toucher de la hanche Â» (1997). A 67 ans, il nous revient en primo-romancier avec l’impeccable « Mère à l’horizon Â». L’auteur arrive par le train de 16h37, envoie un SMS, demande si elle sera « Ã  la gare malgré tout pour m’accueillir ? Â» Deux pages plus loin : « Je ne sais rien de ma mère, de son enfance, quelques photos jaunies, avec sa bouée sur la plage… Â» Au fil des pages, Gamblin pratique l’alternance- le passé recomposé de sa mère qui, ayant perdu l’audition et la mémoire, est « tombée dans le silence Â», et des réflexions de sa vie artistique à lui. Avec une élégance rare, il déroule une « lettre à mère Â» qui prend, de temps à autre, des touches de lettre amère… De toutes ces pages, transpire une immense tendresse, un bel amour. Jamais de condescendance du fils face à cette mère grandement diminuée. Granville- Paris et retour, « le bocage défile. La pluie commence à tomber, tranquillement, sans excès, normal quoi Â», constate le fils-narrateur. Il y a dans ce texte aussi délicieux qu’émouvant l’odeur de la mer, la rumeur d’un théâtre vide, l’enfance et la poésie… et aussi ces corps vulnérables, cette légèreté des êtres- cette légèreté qui nous fait promettre : « l’année prochaine sur la grève Â»â€¦
« Mère à l’horizon Â»
Auteur : Jacques Gamblin
Editions : Robert Laffont

A lire aussi: 

Jacques Gamblin : la fraternité des vagues en partage

ET AUSSI…


« Le vent passe et la nuit aussi Â» de Milena Agus
Comme un mot d’ordre : « Littératurez votre existence ! Â» Parce que rêver est un droit, comme le suggère l’écrivaine italienne (plus précisément, sarde) Milena Agus dans son nouveau roman au titre superbe : « Le vent passe et la nuit aussi Â». Soit Cosima, une jeune fille qiu vit la semaine à Cagliari et rejoint en fin de semaine le village où vit sa grand-mère. En chemin, elle croise Constantino Sole, son voisin berger. Lui invente une vie comme Heathcliff, le héros des « Hauts de Hurlevent Â». L’imagine montant à cheval dans un roman où elle vibre de passion pour lui… Dans « Le vent passe… Â», grandement inspirée, Milena Agus ne manque pas de rendre également hommage à Grazia Deledda, prix Nobel de littérature 1926… Résultat : un roman entre rêve et poésie.
« Le vent passe et la nuit aussi Â»
Auteure : Milena Agus
Editions : Liana Levi

« Nation cannibale Â» d’In Koli Jean Bofane
Il y a un scandale- conséquence : en mal d’inspiration, le romancier médiocre congolais Faust Losikiya doit fuir la France. Il file vers Haïti, arrive à l’aéroport de Port-au-Prince, ne comprend pas qu’il n’y a pas le soleil comme en son Congo. Début du formidable « Nation cannibale Â», quatrième roman d’In Koli Jean Bofane, né en République démocratique du Congo et vivant en Belgique. Le romancier médiocre s’est mis en tête de comprendre comment au XIXe siècle, le soulèvement de captifs déportés d’Afrique a installé une république démocratique. Dans sa quête, il va retrouver de vieux amis. De sacrés personnages- un écrivain-journaliste, un sculpteur… Il va aussi croiser un prêtre vodou, une climatologue inquiète, un ancien combattant congolais de 140 ans…
« Nation cannibale Â»
Auteur : In Koli Jean Bofane
Editions : Denoël

« La loi du moins fort Â» de David Ducreux Sincey
Ce pourrait être le roman de l’emprise. Ou celui de la mère à mort. Ce pourrait, et c’est aussi le grand roman d’une liberté. Très certainement un des meilleurs premiers romans de cette rentrée d’hiver 2025, « La loi du moins fort Â» est signé David Ducreux Sincey, longtemps attaché de presse littéraire à Paris. Le narrateur se rappelle, il devait « avoir 6 ou 7 ans à ce moment-là et mon ambition n’était pas de me faire des copains ou de m’amuser Â». Il cherchait avant tout celui qui aurait le courage du « seul dénouement possible : la mise à mort de ma mère Â». Il le trouve en la personne de Romain Poisson qui lui enseigne tant et tant de la vie. Dans des pages épicées à l’humour, transpire une écriture âpre et amorale. C’est follement vertigineux et monstrueux !
« La loi du moins fort Â»
Auteur : David Ducreux Sincey
Editons : Gallimard

« Ravagés de splendeur Â» de Guillaume Lebrun
Après une version queer et hallucinée de l’histoire de Jeanne d’Arc dans « Fantaisies guérillères Â» (2022), Guillaume Lebrun est de retour. Lui qui élève des insectes dans le sud de la France revient avec un nouveau texte aussi audacieux que transgressif : « Ravagés de splendeur Â». Soit Héliogable, empereur roman au début du IIIe siècle. Son règne, court, va déborder de rage et de fureur. Il fait entrer les femmes au Sénat, épouse la grande Vestale Aquila et tombe amoureux un ancien esclave grec- avec les deux, il forme un trouple. Il demande également qu’on l’appelle non pas Empereur mais Impératrice. Et jusqu’à sa mort, il instaure la liberté totale : sexuelle, de culte et d’être. Allègrement déjanté, « Ravagés de splendeur Â» réussit le grand mix entre « Astérix Â» et Madonna.
« Ravagés de splendeur Â»
Auteur : Guillaume Lebrun
Editions : Christian Bourgois

« Les Grands Bruits Â» de Marente de Moor
Tenue pour l’une des plus remarquables écrivains contemporains des Pays-Bas, après « La Vierge néerlandaise Â» (2023), Marente de Moor revient en VF avec un deuxième roman, « Les Grands Bruits Â». Direction l’ouest de la Russie, dans un village abandonné. Là, la nature envahit de plus en plus l’espace ; là, vivent Nadia et Lev- entre eux, c’est tendu. Depuis quelque temps, d’étranges bruits dans le ciel et la forêt, « comme si Dieu poussait les meubles Â» tandis que Nadia raconte son histoire, surgit de l’Ouest une femme, Esther, qu’elle voudrait tant oublier. D’une écriture aussi mystérieuse que sauvage, Marente de Moor (traduite en seize langues) esquisse le portrait d’une femme face à différents choix, d’une conscience féminine en colère.
« Les Grands Bruits Â»
Auteure : Marente de Moor
Editions : Les Argonautes

« J’emporterai le feu Â» de Leïla Slimani
Le voici donc enfin le tant attendu troisième volume de la trilogie à succès, « Le pays des autres Â». En cette rentrée d’hiver, Leïla Slimani (prix Goncourt 2016 pour « Chanson douce Â») met donc un terme à sa saga avec « J’emporterai le feu. Â» Dans cet ultime volet, en personnages principaux, Mia et Inès, enfants de la troisième génération de la famille Belhaj, nées dans les années 1980. A l’exemple de leur grand-mère Mathilde, de leur mère Aïcha ou de leur tante Selma, pour la liberté, elles sont prêtes à la solitude ou à l’exil- ainsi, Mia, étudiante à Paris, va son homosexualité sans se cacher… Une liberté qui, toutefois, a un prix : il faut apprendre les codes, passer outre les préjugés, combattre parfois le racisme… Confidence de l’auteure : « raconter l’histoire récente de mon pays, mais pas d’un seul point de vue Â».
« J’emporterai le feu Â»
Auteure : Leïla Slimani
Editions : Gallimard

De la même auteure:

Le parfum des fleurs la nuit : Leïla Slimani à l’isolement au musée…

« Le Pays des autres » de Leïla Slimani : amour et guerre…

 

Par Serge Bressan -  Lagrandeparade.fr / C’est la rentrée ! Au programme et sur les rayons des librairies, d’ici la fin février, pas moins de 507 romans et récits. Dans une deuxième sélection, en toute subjectivité, lagrandeparade.com en a retenu sept aussi sensationnels qu’indispensables… Bonne lecture à toutes et tous !

L’ÈVÈNEMENT

« La Cité aux murs incertains Â» de Haruki Murakami

Au tout commencement, il y a une nouvelle écrite en 1980- jusqu’alors, jamais publiée parce qu’elle ne satisfaisait pas son auteur, le grand écrivain japonais Haruki Murakami. Un bon quart de siècle plus tard, il la reprend- elle était « comme une petite arête coincée dans la gorge Â». Résultat : « La Cité aux murs incertains Â», un livre en trois parties pour 560 pages. Le nouveau Murakami, dont le nom revient chaque année pour le prix Nobel de littérature. Aussi, l’événement de cette rentrée littéraire d’hiver 2025. En ouverture, on lit : « C’est toi qui m’as parlé de la Cité. Ce soir d’été, respirant les effluves de l’herbe tendre, nous avons marché vers l’amont de la rivière. Nous avons traversé une succession de gradins formant de petites cascades, et nous nous sommes arrêtés de temps en temps pour observer des poissons argentés… Â» Le garçon a 17 ans, la jeune fille 16, ils sont amoureux. Ensemble, ils se réfugient, en imaginaire, dans une cité entourée de hauts murs. Elle disparaît, il devient alors incapable d’aimer. Plus tard, dans cette même Cité, il y a aussi le narrateur, un homme d’une quarantaine d’années dont la profession est « liseur de rêves Â» et qui, de temps à autre, visite son ombre confiée à un gardien peu avenant. Il a cherché la jeune fille évaporée, en vain… Dans toutes ces pages, on est plongé dans l’univers unique de Haruki Murakami, avec rêves, dédoublement des personnages, mystères et métaphores. Du grand art, encore et toujours !
« La Cité aux murs incertains Â»
Auteur : Haruki Murakami
Editions : Belfond

ET AUSSI…

« Dans le jardin de l’hôtel Dean’s Â» de Céline Debayle

Le livre est présenté comme roman. Son auteure précise également : « En Asie dans les années 1970, Charles Sobhraj droguait, volait et tuait des jeunes voyageurs étrangers. J’ai eu la malchance de le croiser et de le subir. Ce livre est une histoire vraie, inspirée de cette rencontre Â». Avec son compagnon photographe, Céline Debayle filaient vers l’Orient. Direction le mystérieux Bhoutan. Ils font escale à Peshawar au Pakistan, et vont donc y rencontrer Charles Sobhraj, surnommé le Serpent. Ils se retrouvent dans le jardin de l’hôtel, sympathisent- c’est le cÅ“ur du roman « Dans le jardin de l’hôtel Dean’s Â». Sobhraj propose son aide au couple qui veut continuer son périple. En fait, à la psychologie diabolique, l’homme drogue, vole et même tue les jeunes voyageurs…
« Dans le jardin de l’hôtel Dean’s Â»
Auteure : Céline Debayle
Editions : Arléa

« Les terres indomptées Â» de Lauren Groff

On la tient pour l’une des écrivains états-uniens les plus doués du moment. A 46 ans, Lauren Groff est de retour avec « Les terres indomptées Â», deuxième volet d’un triptyque initié en 2023 avec « Matrix Â», dont l’héroïne était « la bâtarde au sang royal Â» Marie de France poussée à l'exil par Aliénor d'Aquitaine. Dans ce nouveau roman daté au XVIIe siècle, l’auteure revient en un pays qui deviendra les Etats-Unis. Une fois encore, le texte est habité par une jeune héroïne. Elle s’échappe, court, se perd dans une forêt obscure. Elle fut servante et brimée, à présent il lui faut survivre. La faim, le froid, la terreur conséquente à cette « chasse à la femme Â» lancée par les hommes… La traversée de l’océan. La vie sauvage que l’héroïne préfère à la société dévastée par la maladie et la violence.
« Les terres indomptées Â»
Auteure : Lauren Groff
Editions : L’Olivier

« Fracassé Â» de Hanif Kureishi

Très certainement le texte le plus bouleversant de cette rentrée littéraire de cet hiver 2025. Scénariste (entre autres, « My Beautiful Laundrette Â»), dramaturge et écrivain britannique, après une perte de connaissance et une chute le 26 décembre 2022 à Rome, Hanif Kureishi est définitivement, irrémédiablement paralysé. Entre autres conséquences, il ne peut plus écrire. Retour à Londres, l’évidfence s’impose : il est dépendant. Il lui faut trouver des sources de motivation. Ainsi, il décide non pas d’écrire mais de dicter à sa femme et ses proches son quotidien de tétraplégique. C’est l’écriture en temps réel. Le livre qui en résulte, « Fracassé Â», raconte son état de santé, et aussi la parentalité, l’amour, l’amitié avec Rushdie, l’immigration, le sexe, l’écriture.
« Fracassé Â»
Auteur : Hanif Kureishi
Editions : Christian Bourgois

« L’ours ! L’ours ! Â» de Julia Phillips

A l’approche de la trentaine, Sam et Elena- deux sÅ“urs, vivent petitement depuis toujours sur une île dans l’Etat de Washington. La première travaille à bord du ferry qui transportent les riches du continent vers leurs résidences secondaires, la seconde au bar du club de golf. Il faut payer les frais médicaux de leur mère gravement malade. Les deux sÅ“urs se font une promesse : un jour, quitter l’île ensemble. Sauf que, un soir, un ours apparaît dans les eaux du chenal, puis réapparaît près de leur maison. Sam veut partir, Elena est envoûtée par l’ours. Leur projet commun est en suspens, l’animal crée une fracture entre les deux sÅ“urs. Deuxième roman de l’auteure américaine Julia Phillips, « L’ours ! L’ours ! Â» est un texte envoûtant, une fable magnétique.
« L’ours ! L’ours ! Â»
Auteure : Julia Phillips
Editions : Autrement

« Le testament de Sully Â» de Richard Russo

Il s’appelait Donald Sullivan, on le surnommait « Sully Â». Dix ans après sa mort, son souvenir planait sur la petite ville de North Bath, annexée depuis peu par la voisine Schuyler Springs. Il fréquentait le bar du Horse, y avait son tabouret à présent réservé à son fils Peter, professeur d’université, qui voit son fils Thomas ressurgir après des années de séparation. Au Horse, il y a aussi l’ancien chef de la police Doug Raymer et celle qui lui a succédé Charice Bond, et quelques autres personnages dont une ancienne liaison de Sully. Dans « Le testament de Sully Â», troisième et dernier volet de la trilogie du romancier américain Richard Russo, va apparaître un cadavre en décomposition dans la salle de bal de l’hôtel Sans Souci. Tous se demandent qui était le mort du Sans Souci…
« Le testament de Sully Â»
Auteur : Richard Russo
Editions : Quai Voltaire

« Cet étrange dérangement Â» de François Vallejo

Soit Blaise Astor. Son quotidien, c’est chauffeur de VTC. Un matin qu’il est appelé à Paris pour une course, il voit une femme nue marchant sur un toit. Elle s’appelle Iris Bila- chanteuse lyrique sans contrat, elle fait la standardiste dans un hôpital. Blaise tend sa veste matelassée pour la réceptionner, la scène est fixée par de nombreux vidéastes présents. Avec « Cet étrange dérangement Â», une nouvelle fois, François Vallejo- écrivain de belle réputation, raconte la vie de deux personnages gentiment désaxés qui refusent l’ordinaire. Ainsi, héros magnifiques, ils partent ensemble dans un road trip, direction la Normandie malgré les tentatives de leurs familles pour un retour au quotidien de la vie qui va. C’est follement tendre, tendrement fou, doucement émouvant…
« Cet étrange dérangement Â»
Auteur : François Vallejo
Editions : Viviane Hamy

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