Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Ambiance et décor : « Le concerto pour violon n°2 de Mozart résonnait dans le magnéto. Il faisait six degrés et il était trois heures dix-sept du matin. L’assistant en appui sur les coudes et casque sur les oreilles observait l’eau noire en dessous d’eux. De temps en temps la mer s’embrasait d’une lueur de soufre à quinze mètres de profondeur… »
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Par Serge Bressan - Lagrandeparade.com / Il s’appelle Manuel Duarte, vit à Leblon- le quartier huppé de Rio de Janeiro, il est dans la soixantaine et écrivain en panne d’inspiration.
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Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Certains évoquent des « tueries de masse ». D’autres parlent de « fusillades de masse ». En deux jours en cette fin janvier 2023, les Etats-Unis ont connu l’horreur. D’abord, un homme entre dans une discothèque dans la banlieue de Los Angeles, il tire, bilan : 11 morts, 9 blessés. Quarante-huit heures plus tard, dans des exploitations agricoles de la baie de San Francisco, un autre homme tire : 9 morts. Durant les trois premières semaines de cette année 2023, trente-neuf « fusillades de masse » se sont produites. En moyenne, plus de 130 personnes meurent par balles chaque jour aux Etats-Unis. Face à cette augmentation de la violence armée, aucun Etat n’est épargné. Les Etats-Unis représentent en effet une aberration mondiale en matière d’armes : selon la Small Arms Survey (SAS), le pays recense 120 armes pour 100 habitants. Aucun pays au monde n’en compte autant… et la question surgit : pourquoi les Etats-Unis sont-ils le pays le plus violent du monde occidental ?
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Glissée dans le présent livre, une petite carte- on y lit : « Jusqu’à ce que l’Amour soit inconditionnel / Le mythe de l’individu / Nous a laissés déconnectés perdus / et pathétiques ».
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Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Avant la rentrée littéraire d’hiver programmée pour le 5 janvier 2023, il est encore temps de rappeler les temps forts de l’année qui tire à sa fin. Ainsi, Lagrandeparade.com présente sa sélection (revendiquée totalement subjective !) des huit meilleurs romans et récits étrangers parus en 2022. Bonne lecture à toutes et tous !
LE PODIUM
« Récitatif » de Toni Morrison
Elle fut une écrivaine libre et révoltée. Parée de nombreux prix, dont un Pulitzer (1988) et un Nobel de littérature (1993)- elle fut la première Afro-américaine à être distinguée par l’Académie suédoise. Née en 1931 à Lorain, Ohio, Toni Morrison est morte le 5 août 2019 à New York- elle avait 88 ans. Au fil de sa vie, elle a écrit des romans indispensables et une seule « novella » qui nous est arrivée en fin d’été 2022. Le titre : « Récitatif ». Un livre écrit en 1983 et court, une petite centaine de pages. Un texte XXS dans lequel Toni Morrison joue avec les pistes incertaines- où est le blanc ? le noir ? « Récitatif », c’est le livre de la couleur cachée. En effet, sortant de ce livre, on est incapable de dire avec assurance qui est qui : la romancière, tout au long des pages, glisse des détails qui peuvent laisser croire que… mais vite, d’autres surgissent pour entretenir l’interrogation. Oui, qui est qui ? Deux gamines de 8 ans, les mêmes devenues femmes qui se rencontrent par hasard. La grande littérature de combat contre le racisme.
« Récitatif » »
Auteure : Toni Morrison
Editions : Christian Bourgois
« Les Nuits de la peste » d’Orhan Pamuk
Prix Nobel de littérature 2006, écrivain turc né à Istanbul, 13 millions de livres vendus dans le monde depuis 1982, Orhan Pamuk nous a offert, avec « Les Nuits de la peste », un roman-fresque. Près de 700 pages. Il ajoute : « En racontant les six mois les plus denses et les plus troublants qu’ait vécus l’île de Mingher, près de la Méditerranée orientale, c’est ma propre histoire que j’ai incorporée à celle de ce pays tant aimé ». Ce livre, cela faisait quarante ans qu’il y songeait, « ce livre, qui est sur la peste, certes, mais d’abord sur les conséquences politiques d’une pandémie. Comment un État y fait face ? Comment il s’y prend pour imposer des mesures sanitaires drastiques, notamment une quarantaine à toute une population… » Précision de Pamuk : il en a commencé l’écriture de ces « Nuits… » il y a cinq ans sur un sujet « dont tout le monde se fichait »… Et voilà comment le lecteur est embarqué vers cette île où la peste aurait fait son apparition, cette peste qui se répand sur la planète de la Chine à San Francisco. Deux experts y sont envoyés en toute urgence sur ordre de l’anxieux sultan…
« Les Nuits de la peste »
Auteur : Orhan Pamuk
Editions : Gallimard
« Langages de vérité » de Salman Rushdie
Trois mois plus tôt lors d’une conférence aux Etats-Unis, il a été victime d’une tentative de meurtre qui lui a fait perdre un bras et un œil. Toujours sous le coup d’une fatwa depuis 1989, il serait au secret quelque part outre-Atlantique où il se remet lentement. De ses nouvelles, on en a reçu au début novembre avec « Langages de vérité », un recueil d’essais sur le monde qui va, la religion, la censure, les auteur.e.s qui lui sont proches ou qu’il apprécie… tout simplement, un hymne à la littérature. Romancier à qui on demandait un jour : « Comment aimeriez-vous mourir ? », il avait répondu : « Je préférerais ne pas »… « Langages de vérité », c’est un recueil en quatre parties (augmentées du questionnaire de Proust) avec des essais rédigés entre 2003 et 2020. Il y a des contes fantastiques, on croise Héraclite, puis Philip Roth, Kurt Vonnegut, Samuel Becket, on est invité à penser et à réfléchir à la vérité, au courage, à l’instinct de liberté avant d’évoquer la pandémie « covidienne »… « Langages de vérité », Ce sont les versets littéraires en mode Salman Rushdie.
« Langages de vérité »
Auteur : Salman Rushdie
Editions : Actes Sud
ET AUSSI
« Elizabeth Finch » de Julian Barnes
La femme, la cinquantaine, est professeure, s’appelle Elizabeth Rachel Jane Finch. Lui, Neil, fut son élève, a 30 ans, est comédien de télé et de doublage et « roi des projets inachevés ». Deux ou trois fois par an, ils se retrouvent dans un restaurant italien de Londres. Livre des amours manqués, de l’amour indicible, « Elizabeth Finch » est un roman aussi impressionniste qu’exigeant, quasi pointilliste qui, plus qu’au corps, s’adresse principalement à l’esprit. Julian Barnes signe là un texte qui peut mener à la liberté et au bonheur.
« Elizabeth Finch »
Auteur : Julian Barnes
Editions : Mercure de France
« Pensez avant de parler. Lisez avant de penser » de Fran Lebovitz
Publié outre-Atlantique en 1994, « Pensez avant de parler. Lisez avant de penser » a enfin été traduit en français. Son auteure ? Fran Lebowitz, 71 ans, star du monde intellectuel américain, spécialiste du mot d’esprit, considérée comme « la femme la plus drôle des Etats-Unis » et copine de Warhol et Scorsese. Après cinq romans, elle n’écrit plus : portant une veste de costume sur une chemise, elle est une people qui monte sur scène, répond aux questions des spectateurs et se raconte. Elle a réponse à tout. On l’adore !
« Pensez avant de parler. Lisez avant de penser »
Auteure : Fran Lebovitz
Editions : Pauvert
« Utopia Avenue » de David Mitchell
Avec l’auteur britannique David Mitchell qui a passé des périodes de sa vie en Italie et au Japon, on se retrouve à Londres, en 1967. Du banal, en quelque sorte, avec « Utopia Avenue », ce livre bien dense, bien épais (plus de 750 pages !) mais ça déménage, comme ces effervescentes Swinging Sixties, ces années 1960 qui swinguaient outre-Manche… Mitchell s’offre un pas de côté en plongeant dans le monde de la musique avec Utopia Avenue, un groupe folk-rock psychédélique. Un roman avec mille génies, et tout autant de dingues et de paumés. « That’s All Rock » !
« Utopia Avenue »
Auteur : David Mitchell
Editions : L’Olivier
« Sontag » de Benjmain Moser
Susan Sontag (1933- 2004), ce n’est pas seulement une photo, chevelure brune avec une mèche blanche, mais aussi et surtout une des stars de la vie littéraire et culturelle américaine. Avec « Sontag », une somme de près de 900 pages récompensée par le prestigieux prix Pulitzer, Benjamin Moser a réussi le tour de force d’écrire une biographie monumentale tout en empathie mais sans la moindre complaisance. Un livre indispensable qui montre, définitivement, qu’« on ne naît pas Susan Sontag : on le devient ».
« Sontag »
Auteur : Benjamin Moser
Editions : Christian Bourgois
« Willibald » de Gabriella Zalapi
Le bonheur de lecture est immédiat avec « Willibald », le deuxième et nouveau roman de la grande Gabriella Zalapi. Après « Antonia » (2019), la plasticienne signe là l’un des plus aboutis, l’un des plus beaux textes de cette année Depuis l’adolescence, Mara est hantée par un tableau sur le mur du salon dans son HLM. Willibald qui l’a acheté dans les années 1920 la hante également. Elle trouvera des lettres de Willibald dans un hangar chez sa mère qui dira : « Je sais mais ne sais pas ». D’une écriture étincelante, à la Michelangelo Antonioni…
« Willibald »
Auteure : Gabriella Zalapi
Editions : Zoé
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Ce pourrait être un discours de la méthode. On demande la genèse de son nouveau roman, l’auteur répond : « En premier, j’ai eu une vision : j’ai vu un homme dans un appartement en sous-sol, il regarde par la fenêtre qui ressemble à un périscope, et il voit des pieds marcher sur le trottoir »…
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Une entrée en matière d’une limpidité éblouissante. Pas d’effets de manche (ou de plume) comme on a pu en voir et lire dans de récents romans fragmentés.
Lire la suite : « Elizabeth Finch » de Julian Barnes : l’esprit bien plus que le corps…
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Aucun doute, le voici le livre de cet été 2022. Là, pas besoin de raconter sa relation compliquée avec sa mère en imitant (mal) Annie Ernaux ou en installant des personnages tout près d’un volcan. Là, avec l’auteur britannique David Mitchell qui a passé des périodes de sa vie en Italie et au Japon, on se retrouve à Londres, en 1967. Du banal, en quelque sorte, avec « Utopia Avenue », ce livre bien dense, bien épais (plus de 750 pages !) mais ça déménage, à l’image des effervescentes Swinging Sixties, ces années 1960 qui swinguaient sacrément outre-Manche…
Lire la suite : « Utopia Avenue » de David Mitchell : bienvenue dans les Swinging Sixties !
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Parfois, souvent, la genèse d’un roman tient à presque rien.
Lire la suite : Les hommes ont peur de la lumière : quand Douglas Kennedy décrypte l’Amérique…
Par Félix Brun - Lagrandeparade.com/ C’est une famille sans histoires : Joy et Stan, anciens joueurs de tennis de haut niveau, ont créé une école de tennis et transmis le virus de la petite balle jaune à leurs enfants
Lire la suite : Set et Match : une intrigue aboutie et passionnante de Liane Moriarty
Par Félix Brun - Lagrandeparade.com/ August est né dans le Michigan et a grandi dans la ferme de ses parents, Bonnie une mère atypique et attentionnée, et Dar son père rugueux et exigeant.
Lire la suite : August : un roman initiatique puissant de Callan Wink
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / D’emblée, une précision : « Ceci est un roman historique et une histoire en forme de roman. En racontant les six mois mois les plus denses et les plus troublants qu’ait vécus l’île de Mingher, près de la Méditerranée orientale, c’est ma propre histoire que j’ai incorporée à celle de ce pays tant aimé ». Ce pays, c’est la Turquie.
Lire la suite : « Les Nuits de la peste » d’Orhan Pamuk : le grand roman d’une pandémie…
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.com / L’homme a réputation de cultiver la discrétion. A 73 ans, né à Kyoto, Haruki Murakami est un des écrivains essentiels du 20ème siècle finissant et du 21ème naissant.
Par Félix Brun - Lagrandeparade.com/ 1953…Dakota du Nord. La tribu des Chippewas a subi le sort du peuple indien des Etats-Unis d’Amérique : la réserve avec ses sentiments d’assimilation imposée, de « parquage », de ségrégation, de difficultés économiques, d’exploitation et de misère…et, en cette année 1953, Washington projette une loi remettant en cause les traités signés de haute lutte pour "nous rendre tous invisibles comme si nous n’avions jamais été ici, de tout temps ici". Le texte s’intitule « Emancipation », pour… "Les émanciper de leurs terres. Les libérer des traités que son père et son grand-père avaient signés, des traités censés durer toujours. Comme toujours , on cherchait à se débarrasser d’eux pour résoudre le problème indien".
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