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Pearl et le monstre marin : résilience et écologie, un scénario convaincant, remarquablement mis en images 

  • Écrit par : Sylvie Gagnère

pearlPar Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ La mère de Pearl a disparu, son père au chômage ne parvient plus à s’en sortir, à l’école, elle,est bien isolée, si différente des autres enfants, Pearl s’est enfermée sur elle-même, refusant les marques d’amitié et ne s’évadant que grâce à la plongée sous-marine. Elle aime par-dessus tout se promener dans les territoires interdits à la pêche, où elle se sent en sécurité et dans son élément. Elle pêche aussi, pour améliorer le quotidien. Lors d’une de ses promenades, elle découvre une mystérieuse et énorme créature, blessée par un harpon. C’est une pieuvre géante, que la fillette va sauver et appeler Otto. Au village, on s’interroge sur les activités de Pearl, et, lorsque les marins voient Otto, ils reconnaissent en lui le responsable d’un naufrage qu’il a causé, de nombreuses années auparavant, en tentant d’échapper aux pêcheurs.

La colère enfle, la haine aussi. L’amitié d’une petite fille sera-t-elle suffisante pour sauver la pieuvre ?

Le scénario commence doucement, au rythme des balades de Pearl dans l’océan, puis s’accélère tandis qu’une course-poursuite impitoyable s’engage entre les marins assoiffés de vengeance et l’animal et sa compagne.

Le graphisme sert magnifiquement le propos : aplats de couleurs vives, traits dynamiques dans un style qui n’est pas sans rappeler le manga. De belles cases offrent une immersion complète dans l’histoire, avec des pages entières qui donnent à voir les coraux, les rochers et le formidable Otto. On a l’impression de sentir l’iode et d’admirer les fonds marins avec la fillette. Le village fleure le grand air et le large, même si, en filigrane, les scénaristes abordent la crise économique, les galères, le braconnage qui permet de survivre. Les bleus profonds et riches de l’océan, les couleurs chaudes de la terre ferme donnent une puissance indéniable à l’album.

L’attachement de l’héroïne pour ce monstre questionne sur le rapport de l’humain à la différence, à ce qui lui fait peur. Ici, le danger ne vient pas de celui à qui l’on attribuerait spontanément. Le récit fait la part belle également à l’évolution de Pearl, qui devra s’ouvrir et surmonter ses angoisses pour sauver son ami. L’écologie, la résilience, l’ouverture aux autres, autant de thèmes abordés dans cet album, avec beaucoup de subtilité.

Pearl et le monstre marin
Scénaristes : Anthony Silverston et Raffaella Delle Donne
Dessinateur : Willem Samuel
Éditions : Rue de Sèvres
Collection : BD Jeunesse
Parution : 15 juin 2022
Prix : 25 €
À partir de 11 ans

 


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