Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour cette semaine. D’abord, on commence avec Nathalie Cohen pour un roman mêlant Histoire, faits réels et fiction. On enchaîne avec Angelo Rinaldi, un des grands critiques littéraires français, dans un recueil de 58 chroniques. On boucle avec le formidable romancier allemand Arno Schmidt, tenant de la « littérature pure », pour une trilogie de l'époque nazie jusqu'à un futur apocalyptique. Bonne lecture !
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour cette semaine. D’abord, on commence avec l’auteur suisse francophone d’origine turc Metin Arditi, maître conteur pour le premier tome de la « trilogie de Constantinople ». On enchaîne avec Belinda Cannone qui a rencontré quinze de ses consoeurs et confrères pour savoir « comment écrivent les écrivains ». On boucle avec la magnifique Italienne Lorenza Mazzetti évoquant l’épisode de sa vie à Londres, entre résilience et création. Bonne lecture !
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Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour cette semaine. D’abord, on commence avec l’auteur britannique Martin Amis, maître de l’ironie et de la fantaisie pour un « vrai-faux polar ». On enchaîne avec Sabri Louatah et son nouveau roman aux formes d’un thriller bouleversant et haletant. On boucle avec le toujours impeccable Richard Powers qui signe un texte écologique et poétique avec une île du Pacifique pour décor. Bonne lecture !
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Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour cette semaine. D’abord, on commence avec le rock en vrac de l’impeccable et indispensable Michel Embareck. On enchaîne avec l’une des meilleur.e.s auteur.e.s étatsunien.ne.s du moment, Rachel Kushner, pour un texte en eaux troubles. On boucle avec Antoine Laurain qui soumet à la dictée de Mérimée les parents du petit Benjamin et leurs amis. Bonne lecture !
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Par Serge Bressan -Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour cette semaine. D’abord, on commence avec le philosophe Roger-Pol Droit et son Alice pour un voyage aussi pétillant qu’enthousiasmant au pays des idées. On enchaîne avec l’impeccable roman de Daniel Kehlmann consacré au réalisateur G.W. Pabst. On boucle avec Pierre Michon, un des meilleurs auteurs français, pour un texte qui emmène le lecteur du côté de chez Homère. Bonne lecture !
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Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour cette semaine. D’abord, on commence avec Stéphane Audeguy et une dystopie dans laquelle la Joconde a disparu en poussière. On enchaîne avec Patrick Grainville, de l’Académie française, et son 29ème roman racontant « Le Radeau de la Méduse » de Théodore Géricault. On boucle avec Brigitte Reimann, tenue pour l’une des meilleurs écrivains est-allemands, et un texte paru en 1963 aussi émouvant qu’implacable. Bonne lecture !
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Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / C’est la rentrée ! Au programme et sur les rayons des librairies, d’ici la fin février, pas moins de 507 romans et récits. Dans une quatrième et dernière sélection, en toute subjectivité, lagrandeparade.com en a retenu sept aussi sensationnels qu’indispensables… Bonne lecture à toutes et tous !
LA SENSATION
« Ootlin » de Jenni Fagan
La sensation de cette rentrée littéraire d’hiver 2025 vient d’Ecosse. C’est « Ootlin », le quatrième et nouveau roman de Jenni Fagan, déjà remarquée pour « Les Buveurs de lumière » (2017) ou encore « La Fille du diable » (2022). Un roman implacable, cinglant, incandescent et plein de vie pour l’histoire de Jenni Fagan- elle est née d’une mère psychotique, alors les services sociaux l’ont placée dans pas moins de quatorze maisons d’accueil et, dès l’âge de 7 ans, elle changera de nom à plusieurs reprises. Adulte, elle a essayé de mettre en mots sur papier son histoire- en vain. Elle y est revenue, « il y a toujours une histoire avant l’histoire ». Evoquant « Ootlin », cet aveu dans un journal britannique : « Ce livre m’a sauvé la vie ». Au hasard des pages, on lit : « J’apprends à quitter mon corps » ou encore : « Les mots sont véritablement magiques. Ils m’emmènent dans le seul endroit où je me sens à ma place sans avoir à m’excuser ». En ouverture du roman, l’auteure a dédié son livre à « tous ceux qui traversent les enfers sur rien de plus qu’une plume » et rappelé les mots de Louise Bourgeois : « Racontez votre histoire et vous serez intéressant ». Avec « Ootlin », Jenni Fagan est bien plus qu’intéressante, rapportant cette histoire d’une enfance rythmée par les abandons, les adoptions, les errances, le refuse dans la délinquance et la drogue. Et ouvrant un avenir d’espoir après qu’elle a découvert l’art, la musique, les livres glissé une citation…
« Ootlin »
Auteure : Jenni Fagan
Editions : Métailié
ET AUSSI…
« Les Indignes » d’Agustina Bazterrica
On lit : « Quelqu’un crie dans l’obscurité. J’espère que c’est Lourdes. J’ai mis des cafards dans son oreiller et j’ai cousu la taie pour qu’ils aient du mal à en sortir (…). J’ai laissé de minuscules ouvertures pour qu’ils s’échappent progressivement ». Ouverture du deuxième roman de l’écrivaine argentine Agustina Bazterrica pour une plongée dystopique dans la Maison de la Sororité Sacrée, simplement titré « Les Indignes ». Après « Cadavre exquis » (2019) qui avait révélé l’auteure, voici donc un texte implacable sur le quotidien de ces « indignes ». Pour elles, tout y est réglé sous la haute surveillance de la redoutable Sœur Supérieure. Entre elles, aucun cadeau, surtout qu’il existe la possibilité de rejoindre les « Illuminées » comme l’espère l’une d’entre elles…
« Les Indignes »
Auteure : Agustina Bazterrica
Editions : Flammarion
« Chien des Ozarks » d’Eli Cranor
Dans le genre roman noir, existe une catégorie nommée « rural noir »- l’un des maîtres s’appelle Eli Cranor, et nous arrive en VF sa récente production acclamée par Ron Rash, David Joy ou encore Megan Abbott. C’est titré « Chien des Ozarks », c’est empli de bains et de dettes de sang. Au cœur de l’histoire : Jeremiah Fitzjurls, vétéran du Vietnam qui vit à Taggard (Arkansas), petite ville des monts Ozarks bouffée par le chômage et la récession, vit seul avec sa petite-fille Joanna qu’il élève au milieu de sa casse automobile. Pour assurer sa protection, il lui apprend le maniement des armes et l’autodéfense. Un jour, débarquent les Ledford, une famille de suprémacistes blancs qui dealent du meth et s’en prennent à la jeune fille. Dès lors, Jeremiah sait que rien n’arrêtera la violence…
« Chien des Ozarks »
Auteur : Eli Cranor
Editions : Sonatine
« Des loups ordinaires » de Seth Kantner
A peine paru en 2004 et aussitôt devenu culte… Deux décennies plus tard, arrive la VF du premier roman de l’Américain Seth Kantner : « Des loups solitaires ». Cutk Hawley, un jeune garçon blanc, est élevé dans le nord de l’Alaska en territoire inuit. Avec sa famille, il vit selon les règles traditionnelles. Il y a le froid extrême, le gamin apprend à chasser, à pêcher, il connait le chant du loup et aussi le prix de sa fourrure, il parle l’inupiak… N’empêche ! dans cet univers, Cutuk est un intrus, « l’Eskimo blanc ». Il quittera ce monde du grand blanc, direction la ville pour l’université. Dès son arrivée, le choc, la découverte d’un monde aussi, si ce n’est plus hostile que la nature sauvage. Avec une élégance rare, Kantner évoque un monde, une nature en voie de disparition.
« Des loups ordinaires »
Auteur : Seth Kantner
Editions : Buchet-Chastel
« Carcoma » de Layla Martinez
En Castille, aux abords d’un village. Là, dans une maison modeste, vivent deux femmes : la grand-mère et sa petite-fille. « Quand j’ai franchi le seuil, la maison s’est jetée sur moi. C’est toujours pareil avec ce tas de briques et de crasse. Il se rue sur tous ceux qui passent la porte… » C’est là, décor de « Carcoma », le premier roman de Layla Martinez, que la grand-mère parle avec les saints et voit les morts tandis que sa petite-fille ne lui montre aucun signe de tendresse. Il se dit que la maison réagit au moindre mouvement de l’une ou l’autre femme… Une ambiance étrange pour un texte aussi réaliste que déroutant, avec des mystères qui surgissent, l’air de rien au fil des pages : un homme emmuré, une jeune mère disparue, un enfant jamais retrouvé…
« Carcoma »
Auteure : Layla Martinez
Editions : Seuil
« Une femme sur le fil » d’Olivia Rosenthal
Dramaturge et performeuse, Olivia Rosenthal est aussi écrivaine- de belle réputation. A preuve, son nouveau livre, « Une femme sur le fil », texte qui flotte entre récit, essai et aussi making of avec une enfant, Zoé, et un oncle pour le moins insistant. La gamine va imaginer divers stratagèmes pour éviter, fuir l’oncle, ayant compris qu’il n’y a qu’une solution : ne pas marcher droit, contrairement aux funambules sur leur fil. Alors, Olivia Rosenthal déroule un texte parfaitement maîtrisé avec le récit de Zoé et des paroles de funambules évoquant leur métier. Mieux : l’auteure, elle aussi, avance dans son récit sur un fil- risquant à tout moment de tomber dans le vide… Aller jusqu’au bout du fil, du câble, marcher droit pour se défaire de l’emprise, quelle qu’elle soit…
« Une femme sur le fil »
Auteure : Olivia Rosenthal
Editions : Verticales
« Mauvais élève » de Philippe Vilain
Un des livres qui, dans cette rentrée d’hiver 2025, fait matière à discussions dans le monde littéraire francophone. Signé Philippe Vilain- auteur hautement fréquentable et enseignant à l’université Federico II de Naples, « Mauvais élève » évoque différents épisodes d’une vie (celle de l’auteur) d’un transfuge de classe. Jeunesse en milieu défavorisé, échec scolaire, passage du lycée technique à l’université, de l’horreur de la lecture à la passion pour la littérature… et puis un épisode de vie intime avec, jeune homme dans la vingtaine, sa relation avec une femme d’une trentaine d’années plus âgée que lui. Cette femme, c’est la romancière Annie Ernaux nobélisée de littérature en 2022. Et Vilain raconte une écrivaine toute en contradictions, en paradoxes, voire même en mépris et dédain.
« Mauvais élève »
Auteur : Philippe Vilain
Editions : Robert Laffont
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / C’est la rentrée ! Au programme et sur les rayons des librairies, d’ici la fin février, pas moins de 507 romans et récits. Dans une troisième et nouvelle sélection, en toute subjectivité, lagrandeparade.com en a retenu sept aussi sensationnels qu’indispensables… Bonne lecture à toutes et tous !
LE COUP DE COEUR
« Mère à l’horizon » de Jacques Gamblin
Il est né à Granville, en bord de Manche. On le connaît acteur au cinéma et au théâtre, avec un Ours d’argent à Berlin et deux Molière à Paris. Jacques Gamblin est aussi réputé lecteur magnifique au service de grands textes. Il a également écrit quelques livres fameux, dont le formidable « Toucher de la hanche » (1997). A 67 ans, il nous revient en primo-romancier avec l’impeccable « Mère à l’horizon ». L’auteur arrive par le train de 16h37, envoie un SMS, demande si elle sera « à la gare malgré tout pour m’accueillir ? » Deux pages plus loin : « Je ne sais rien de ma mère, de son enfance, quelques photos jaunies, avec sa bouée sur la plage… » Au fil des pages, Gamblin pratique l’alternance- le passé recomposé de sa mère qui, ayant perdu l’audition et la mémoire, est « tombée dans le silence », et des réflexions de sa vie artistique à lui. Avec une élégance rare, il déroule une « lettre à mère » qui prend, de temps à autre, des touches de lettre amère… De toutes ces pages, transpire une immense tendresse, un bel amour. Jamais de condescendance du fils face à cette mère grandement diminuée. Granville- Paris et retour, « le bocage défile. La pluie commence à tomber, tranquillement, sans excès, normal quoi », constate le fils-narrateur. Il y a dans ce texte aussi délicieux qu’émouvant l’odeur de la mer, la rumeur d’un théâtre vide, l’enfance et la poésie… et aussi ces corps vulnérables, cette légèreté des êtres- cette légèreté qui nous fait promettre : « l’année prochaine sur la grève »…
« Mère à l’horizon »
Auteur : Jacques Gamblin
Editions : Robert Laffont
A lire aussi:
Jacques Gamblin : la fraternité des vagues en partage
ET AUSSI…
« Le vent passe et la nuit aussi » de Milena Agus
Comme un mot d’ordre : « Littératurez votre existence ! » Parce que rêver est un droit, comme le suggère l’écrivaine italienne (plus précisément, sarde) Milena Agus dans son nouveau roman au titre superbe : « Le vent passe et la nuit aussi ». Soit Cosima, une jeune fille qiu vit la semaine à Cagliari et rejoint en fin de semaine le village où vit sa grand-mère. En chemin, elle croise Constantino Sole, son voisin berger. Lui invente une vie comme Heathcliff, le héros des « Hauts de Hurlevent ». L’imagine montant à cheval dans un roman où elle vibre de passion pour lui… Dans « Le vent passe… », grandement inspirée, Milena Agus ne manque pas de rendre également hommage à Grazia Deledda, prix Nobel de littérature 1926… Résultat : un roman entre rêve et poésie.
« Le vent passe et la nuit aussi »
Auteure : Milena Agus
Editions : Liana Levi
« Nation cannibale » d’In Koli Jean Bofane
Il y a un scandale- conséquence : en mal d’inspiration, le romancier médiocre congolais Faust Losikiya doit fuir la France. Il file vers Haïti, arrive à l’aéroport de Port-au-Prince, ne comprend pas qu’il n’y a pas le soleil comme en son Congo. Début du formidable « Nation cannibale », quatrième roman d’In Koli Jean Bofane, né en République démocratique du Congo et vivant en Belgique. Le romancier médiocre s’est mis en tête de comprendre comment au XIXe siècle, le soulèvement de captifs déportés d’Afrique a installé une république démocratique. Dans sa quête, il va retrouver de vieux amis. De sacrés personnages- un écrivain-journaliste, un sculpteur… Il va aussi croiser un prêtre vodou, une climatologue inquiète, un ancien combattant congolais de 140 ans…
« Nation cannibale »
Auteur : In Koli Jean Bofane
Editions : Denoël
« La loi du moins fort » de David Ducreux Sincey
Ce pourrait être le roman de l’emprise. Ou celui de la mère à mort. Ce pourrait, et c’est aussi le grand roman d’une liberté. Très certainement un des meilleurs premiers romans de cette rentrée d’hiver 2025, « La loi du moins fort » est signé David Ducreux Sincey, longtemps attaché de presse littéraire à Paris. Le narrateur se rappelle, il devait « avoir 6 ou 7 ans à ce moment-là et mon ambition n’était pas de me faire des copains ou de m’amuser ». Il cherchait avant tout celui qui aurait le courage du « seul dénouement possible : la mise à mort de ma mère ». Il le trouve en la personne de Romain Poisson qui lui enseigne tant et tant de la vie. Dans des pages épicées à l’humour, transpire une écriture âpre et amorale. C’est follement vertigineux et monstrueux !
« La loi du moins fort »
Auteur : David Ducreux Sincey
Editons : Gallimard
« Ravagés de splendeur » de Guillaume Lebrun
Après une version queer et hallucinée de l’histoire de Jeanne d’Arc dans « Fantaisies guérillères » (2022), Guillaume Lebrun est de retour. Lui qui élève des insectes dans le sud de la France revient avec un nouveau texte aussi audacieux que transgressif : « Ravagés de splendeur ». Soit Héliogable, empereur roman au début du IIIe siècle. Son règne, court, va déborder de rage et de fureur. Il fait entrer les femmes au Sénat, épouse la grande Vestale Aquila et tombe amoureux un ancien esclave grec- avec les deux, il forme un trouple. Il demande également qu’on l’appelle non pas Empereur mais Impératrice. Et jusqu’à sa mort, il instaure la liberté totale : sexuelle, de culte et d’être. Allègrement déjanté, « Ravagés de splendeur » réussit le grand mix entre « Astérix » et Madonna.
« Ravagés de splendeur »
Auteur : Guillaume Lebrun
Editions : Christian Bourgois
« Les Grands Bruits » de Marente de Moor
Tenue pour l’une des plus remarquables écrivains contemporains des Pays-Bas, après « La Vierge néerlandaise » (2023), Marente de Moor revient en VF avec un deuxième roman, « Les Grands Bruits ». Direction l’ouest de la Russie, dans un village abandonné. Là, la nature envahit de plus en plus l’espace ; là, vivent Nadia et Lev- entre eux, c’est tendu. Depuis quelque temps, d’étranges bruits dans le ciel et la forêt, « comme si Dieu poussait les meubles » tandis que Nadia raconte son histoire, surgit de l’Ouest une femme, Esther, qu’elle voudrait tant oublier. D’une écriture aussi mystérieuse que sauvage, Marente de Moor (traduite en seize langues) esquisse le portrait d’une femme face à différents choix, d’une conscience féminine en colère.
« Les Grands Bruits »
Auteure : Marente de Moor
Editions : Les Argonautes
« J’emporterai le feu » de Leïla Slimani
Le voici donc enfin le tant attendu troisième volume de la trilogie à succès, « Le pays des autres ». En cette rentrée d’hiver, Leïla Slimani (prix Goncourt 2016 pour « Chanson douce ») met donc un terme à sa saga avec « J’emporterai le feu. » Dans cet ultime volet, en personnages principaux, Mia et Inès, enfants de la troisième génération de la famille Belhaj, nées dans les années 1980. A l’exemple de leur grand-mère Mathilde, de leur mère Aïcha ou de leur tante Selma, pour la liberté, elles sont prêtes à la solitude ou à l’exil- ainsi, Mia, étudiante à Paris, va son homosexualité sans se cacher… Une liberté qui, toutefois, a un prix : il faut apprendre les codes, passer outre les préjugés, combattre parfois le racisme… Confidence de l’auteure : « raconter l’histoire récente de mon pays, mais pas d’un seul point de vue ».
« J’emporterai le feu »
Auteure : Leïla Slimani
Editions : Gallimard
De la même auteure:
Le parfum des fleurs la nuit : Leïla Slimani à l’isolement au musée…
« Le Pays des autres » de Leïla Slimani : amour et guerre…
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / C’est la rentrée ! Au programme et sur les rayons des librairies, d’ici la fin février, pas moins de 507 romans et récits. Dans une deuxième sélection, en toute subjectivité, lagrandeparade.com en a retenu sept aussi sensationnels qu’indispensables… Bonne lecture à toutes et tous !
L’ÈVÈNEMENT
« La Cité aux murs incertains » de Haruki Murakami
Au tout commencement, il y a une nouvelle écrite en 1980- jusqu’alors, jamais publiée parce qu’elle ne satisfaisait pas son auteur, le grand écrivain japonais Haruki Murakami. Un bon quart de siècle plus tard, il la reprend- elle était « comme une petite arête coincée dans la gorge ». Résultat : « La Cité aux murs incertains », un livre en trois parties pour 560 pages. Le nouveau Murakami, dont le nom revient chaque année pour le prix Nobel de littérature. Aussi, l’événement de cette rentrée littéraire d’hiver 2025. En ouverture, on lit : « C’est toi qui m’as parlé de la Cité. Ce soir d’été, respirant les effluves de l’herbe tendre, nous avons marché vers l’amont de la rivière. Nous avons traversé une succession de gradins formant de petites cascades, et nous nous sommes arrêtés de temps en temps pour observer des poissons argentés… » Le garçon a 17 ans, la jeune fille 16, ils sont amoureux. Ensemble, ils se réfugient, en imaginaire, dans une cité entourée de hauts murs. Elle disparaît, il devient alors incapable d’aimer. Plus tard, dans cette même Cité, il y a aussi le narrateur, un homme d’une quarantaine d’années dont la profession est « liseur de rêves » et qui, de temps à autre, visite son ombre confiée à un gardien peu avenant. Il a cherché la jeune fille évaporée, en vain… Dans toutes ces pages, on est plongé dans l’univers unique de Haruki Murakami, avec rêves, dédoublement des personnages, mystères et métaphores. Du grand art, encore et toujours !
« La Cité aux murs incertains »
Auteur : Haruki Murakami
Editions : Belfond
ET AUSSI…
« Dans le jardin de l’hôtel Dean’s » de Céline Debayle
Le livre est présenté comme roman. Son auteure précise également : « En Asie dans les années 1970, Charles Sobhraj droguait, volait et tuait des jeunes voyageurs étrangers. J’ai eu la malchance de le croiser et de le subir. Ce livre est une histoire vraie, inspirée de cette rencontre ». Avec son compagnon photographe, Céline Debayle filaient vers l’Orient. Direction le mystérieux Bhoutan. Ils font escale à Peshawar au Pakistan, et vont donc y rencontrer Charles Sobhraj, surnommé le Serpent. Ils se retrouvent dans le jardin de l’hôtel, sympathisent- c’est le cœur du roman « Dans le jardin de l’hôtel Dean’s ». Sobhraj propose son aide au couple qui veut continuer son périple. En fait, à la psychologie diabolique, l’homme drogue, vole et même tue les jeunes voyageurs…
« Dans le jardin de l’hôtel Dean’s »
Auteure : Céline Debayle
Editions : Arléa
« Les terres indomptées » de Lauren Groff
On la tient pour l’une des écrivains états-uniens les plus doués du moment. A 46 ans, Lauren Groff est de retour avec « Les terres indomptées », deuxième volet d’un triptyque initié en 2023 avec « Matrix », dont l’héroïne était « la bâtarde au sang royal » Marie de France poussée à l'exil par Aliénor d'Aquitaine. Dans ce nouveau roman daté au XVIIe siècle, l’auteure revient en un pays qui deviendra les Etats-Unis. Une fois encore, le texte est habité par une jeune héroïne. Elle s’échappe, court, se perd dans une forêt obscure. Elle fut servante et brimée, à présent il lui faut survivre. La faim, le froid, la terreur conséquente à cette « chasse à la femme » lancée par les hommes… La traversée de l’océan. La vie sauvage que l’héroïne préfère à la société dévastée par la maladie et la violence.
« Les terres indomptées »
Auteure : Lauren Groff
Editions : L’Olivier
« Fracassé » de Hanif Kureishi
Très certainement le texte le plus bouleversant de cette rentrée littéraire de cet hiver 2025. Scénariste (entre autres, « My Beautiful Laundrette »), dramaturge et écrivain britannique, après une perte de connaissance et une chute le 26 décembre 2022 à Rome, Hanif Kureishi est définitivement, irrémédiablement paralysé. Entre autres conséquences, il ne peut plus écrire. Retour à Londres, l’évidfence s’impose : il est dépendant. Il lui faut trouver des sources de motivation. Ainsi, il décide non pas d’écrire mais de dicter à sa femme et ses proches son quotidien de tétraplégique. C’est l’écriture en temps réel. Le livre qui en résulte, « Fracassé », raconte son état de santé, et aussi la parentalité, l’amour, l’amitié avec Rushdie, l’immigration, le sexe, l’écriture.
« Fracassé »
Auteur : Hanif Kureishi
Editions : Christian Bourgois
« L’ours ! L’ours ! » de Julia Phillips
A l’approche de la trentaine, Sam et Elena- deux sœurs, vivent petitement depuis toujours sur une île dans l’Etat de Washington. La première travaille à bord du ferry qui transportent les riches du continent vers leurs résidences secondaires, la seconde au bar du club de golf. Il faut payer les frais médicaux de leur mère gravement malade. Les deux sœurs se font une promesse : un jour, quitter l’île ensemble. Sauf que, un soir, un ours apparaît dans les eaux du chenal, puis réapparaît près de leur maison. Sam veut partir, Elena est envoûtée par l’ours. Leur projet commun est en suspens, l’animal crée une fracture entre les deux sœurs. Deuxième roman de l’auteure américaine Julia Phillips, « L’ours ! L’ours ! » est un texte envoûtant, une fable magnétique.
« L’ours ! L’ours ! »
Auteure : Julia Phillips
Editions : Autrement
« Le testament de Sully » de Richard Russo
Il s’appelait Donald Sullivan, on le surnommait « Sully ». Dix ans après sa mort, son souvenir planait sur la petite ville de North Bath, annexée depuis peu par la voisine Schuyler Springs. Il fréquentait le bar du Horse, y avait son tabouret à présent réservé à son fils Peter, professeur d’université, qui voit son fils Thomas ressurgir après des années de séparation. Au Horse, il y a aussi l’ancien chef de la police Doug Raymer et celle qui lui a succédé Charice Bond, et quelques autres personnages dont une ancienne liaison de Sully. Dans « Le testament de Sully », troisième et dernier volet de la trilogie du romancier américain Richard Russo, va apparaître un cadavre en décomposition dans la salle de bal de l’hôtel Sans Souci. Tous se demandent qui était le mort du Sans Souci…
« Le testament de Sully »
Auteur : Richard Russo
Editions : Quai Voltaire
« Cet étrange dérangement » de François Vallejo
Soit Blaise Astor. Son quotidien, c’est chauffeur de VTC. Un matin qu’il est appelé à Paris pour une course, il voit une femme nue marchant sur un toit. Elle s’appelle Iris Bila- chanteuse lyrique sans contrat, elle fait la standardiste dans un hôpital. Blaise tend sa veste matelassée pour la réceptionner, la scène est fixée par de nombreux vidéastes présents. Avec « Cet étrange dérangement », une nouvelle fois, François Vallejo- écrivain de belle réputation, raconte la vie de deux personnages gentiment désaxés qui refusent l’ordinaire. Ainsi, héros magnifiques, ils partent ensemble dans un road trip, direction la Normandie malgré les tentatives de leurs familles pour un retour au quotidien de la vie qui va. C’est follement tendre, tendrement fou, doucement émouvant…
« Cet étrange dérangement »
Auteur : François Vallejo
Editions : Viviane Hamy
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / C’est la rentrée ! Au programme et sur les rayons des librairies, d’ici la fin février, pas moins de 507 romans et récits. Dans une première sélection, en toute subjectivité, lagrandeparade.com en a retenu sept aussi sensationnels qu’indispensables… Bonne lecture à toutes et tous !
LE COUP DE COEUR
« Quand la terre était plate » de Jean-Claude Grumberg
Dans une récente interview, il confiait : « Ma mère, elle, n’a jamais rien réclamé. Alors, j’ai voulu lui rendre hommage ». Ainsi, conteur, auteur dramatique et scénariste, rassemblant les rares souvenirs de sa mère, les siens d’enfant et les récits de son frère, Jean-Claude Grumberg a écrit « Quand la terre était plate », un texte magnifique consacré à Suzanne, femme forte et libre. Certes, tant et tant de livres ont été écrits sur la mère, mais là, on est avec Grumberg et ça change tout. Une autre confidence de l’auteur : « Je m’aperçois à quel point il est difficile de raconter une histoire vraie, surtout quand on ne la connaît pas ». Ce que connaît Grumberg de sa mère : elle est née à Paris en 1907 de parents originaires de Galicie (aujourd’hui Ukraine). Mariée à Zacharie qui ne reviendra jamais d’« on ne sait où », elle a élevé seule ses deux fils, Maxime l’aîné et Jean-Claude, travaillé, appris à lire. Dans cet hommage aussi à son frère Maxime, Grumberg raconte deux guerres mondiales, le temps des soupçons et de l’horreur, l’exil forcé de sa famille juive originaire d’Europe de l’Est, les pogroms, la Shoah… Un aveu signé Jean-Claude Grumberg : « Dans le conte, on invente pour dire la vérité » qui écrit aussi : « Quand tu ne sais pas commencer, commence par le commencement ». Et c’est ainsi que « Quand la terre était plate », titre faisant référence à des mots de Yahweh à Moïse, est le coup de cœur de cette rentrée littéraire d’hiver 2025 !
« Quand la terre était plate »
Auteur : Jean-Claude Grumberg
Editions : La Librairie du XXIe siècle / Seuil
Du même auteur:
« De Pitchik à Pitchouk » : Jean-Claude Grumberg, maître-conteur…
ET AUSSI
« Vivre tout bas » de Jeanne Benameur
En bord de mer, apparaît une femme, Marie. Son fils, parti à jamais après la traversée de « la grande souffrance », l’a confiée à son ami fidèle Jean. Celui-ci l’accompagne, toujours à distance respectueuse, au village. Elle y rencontre un enfant- ce qui se révélera rencontre cruciale et fait tout le charme et la magie de « Vivre tout bas », le nouveau roman de Jeanne Benameur. Dans ces pages toutes en sensibilité, il y a la tragédie, l’amour, la transmission avec cette fillette muette. Le roman de toutes ces vies sans bruit, de Marie, cette femme « mère et sainte » qui va à la rencontre d’une autre version d’elle-même, pour une liturgie qui ne restera que dans la mémoire des autres. Un texte bouleversant d’émotion(s) et d’élégance.
« Vivre tout bas »
Auteure : Jeanne Benameur
Editions : Actes Sud
« Pas d’ici » d’Espérance Garçonnat
On lit : « J’ai longtemps porté un nom dont je n’ai plus le souvenir ». Ou encore : « Je suis tombé de ma vie comme d’autres tombent en se tordant la cheville. Je ne saurais dire ce qui m’a mené si loin de tout ». L’homme qui dit ces mots s’est choisi l’exil à Fermagina, un village reculé sur une île italienne. Il ne veut plus être qu’une présence. Héros et narrateur de « Pas d’ici », le premier roman d’Espérance Garçonnat, 26 ans et née à Nancy- elle y rapporte le quotidien de cet homme qui s’est en marge, ne souhaitant que l’oubli et la fuite. Dans cette ode à la joie, la question est posée : comment survivre à soi sans pouvoir devenir un autre ? L’éditeur de Pas d’ici est catégorique : « Pas d’ici », c’est le nouveau « Bonjour tristesse »…
« Pas d’ici »
Auteure : Espérance Garçonnat
Editions : Rivages
« L‘Amour des hommes singuliers » de Victor Heringer
La belle et grande découverte de cette rentrée littéraire d’hiver 2025. Un roman, le deuxième, de l’écrivain, poète et photographe brésilien Victor Heringer joliment titré « L’Amour des hommes singuliers ». Né en 1988 et célébré au Brésil pour son travail, il a mis fin à ses jours en 2018. Dans son roman, il met en scène Camilo, un gamin de 13 ans qui vit à Rio. Blanc et fils de médecin, il est du bon côté de la barrière- sauf qu’il souffre d’une infirmité à la jambe et a des difficultés à communiquer avec ses parents. Un jour, sans donner la moindre explication, le père ramène à la maison un « enfant des rues »- Cosme, beau, pauvre et costaud… S’ensuit entre les deux gamins un amour-haine. Un texte flottant entre Cortazar et Nabokov.
« L’Amour des hommes singuliers »
Auteur : Victor Heringer
Editons : Denoël
« Ta promesse » de Camille Laurens
Elle lui a demandé : « Je voudrais que tu me promettes de ne pas me trahir ». Il lui fait promettre de ne jamais écrire sur lui. Elle dit : « A mes yeux, c’était facile de tenir cette promesse, très facile. (…) Pourquoi ? Parce que les gens heureux n’ont pas d’histoire ». Claire Lancel est romancière, Gilles Fabian est spécialiste des marionnettes- elle est plus connue que lui, qu’importe, ensemble, ils vivent d’amour et de bonheur. Il est jaloux, elle sort sans lui… Elle est assise dans son jardin à Hyères quand les gendarmes viennent la chercher, elle est en sang- le sang de Gilles. « Ta promesse », le nouveau roman de Camille Laurens, a les belles allures d’un thriller- et plus que cela : la romancière nous offre un texte implacable sur l’emprise, cette nouvelle forme de la domination…
« Ta promesse »
Auteure : Camille Laurens
Editions : Gallimard
De la même autrice :
« Fille » de Camille Laurens : la cause des femmes
« Trésor caché » de Pascal Quignard
Un des grands bonheurs de cette rentrée littéraire d’hiver 2025. Un nouveau roman du toujours étourdissant Pascal Quignard. Le titre tout simple : « Trésor caché ». Ce pourrait être banal, c’est délicatement enthousiasmant. Une femme enterre son chat dans son jardin, elle y trouve un trésor. Elle va voyager. En Italie, elle rencontre un homme. En un an, sa vie est transformée de fond en comble. Ce pourrait être banal, un roman d’ouvrier spécialisé de la chose écrite. Mais là, on est en compagnie de Pascal Quignard. C’est éblouissement garanti à toutes les pages, à tous les étages ! Et ce « trésor caché », qu’est-ce ? Allez savoir, peut-être un jardin des merveilles, une rivière des beautés… ou encore la vieillesse et ses douceurs. Peut-être même, l’amour.
« Trésor caché »
Auteur : Pascal Quignard
Editions : Albin Michel
Du même auteur:
« Les heures heureuses » de Pascal Quignard : à la poursuite du bonheur…
L’enfant d’Ingolstadt : Pascal Quignard, dernier royaume, acte 10
Dans ce jardin qu’on aimait : Pascal Quignard, la musique et l’amour…
« Un perdant magnifique » de Florence Seyvos
Les années 1980 au Havre, à Abidjan, à Rome. C’est un temps où les filles buvaient du gin en regardant le film « Rocky ». C’est un temps aussi où l’on croisait Jacques. Il a longtemps été absent, il est de retour, très malade- ce qui ne l’empêche de monter des plans de vie et autres projets. Il en parle à sa belle-fille. Jacques est, comme on dit, un « personnage », un « original ». Dans « Un perdant magnifique »- le nouveau texte de la romancière et scénariste Florence Seyvos, il fait quelques affaires et surtout de sa vie, il invente un spectacle permanent. Un soir de Noël, il débarque au Havre, impose çà la famille d’Anna, sa belle-fille, ses règles de vie. Est-il un gentleman ? un clochard ? Et s’il n’était qu’un illusionniste qui court inexorablement à la faillite ?
« Un perdant magnifique »
Auteure : Florence Seyvos
Editions : L’Olivier
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