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Rentrée littéraire d’hiver : une troisième sélection de romans et récits…

  • Écrit par : Serge Bressan

Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / C’est la rentrée ! Au programme et sur les rayons des librairies, d’ici la fin février, pas moins de 482 romans et récits. Dans une troisième et dernière sélection, en toute subjectivité, lagrandeparade.com en a retenu sept aussi sensationnels qu’indispensables… Bonne lecture à toutes et tous !

L’ÉVÉNEMENT

« Identité nomade » de J.-M.G. Le Clézio

Des ancêtres bretons arrivés sur l’île Maurice, dans l’ouest de l’océan Indien. Un père britannique. Une deuxième enfance au Nigeria. Adulte, il a vécu en France, au Mexique, aux Etats-Unis, a donné des cours en Chine… ce qui fait une « Identité nomade », beau titre pour le nouveau texte de J.-M.G. Le Clézio, 83 ans, premier roman (« Le Procès-verbal ») en 1963 et prix Nobel de littérature en 2008. Cultivant la discrétion et la modestie bien qu’il soit un des personnages les plus importants de la littérature francophone des XXè et XXIè siècles, il ne s’était encore jamais raconté. L’autobiographie, ce n’est pas le genre de la maison. Octogénaire et juré du prix Renaudot, il a décidé de se raconter. Sa vie, son œuvre, son parcours d’écrivain, ce qui le pousse à écrire… Dans ce livre court (à peine 140 pages), il déroule par chapitres brefs : une enfance dans la guerre, l’Africain, le témoin de la colonisation, les cheveux longs, le goût de l’aventure, le Maroc, le besoin de consolation, le vivre ensemble, les sauvages, le monde des indésirables… et aussi, une réflexion sur « ce que peut la littérature » qu’il sert depuis maintenant plus de soixante ans. Cette littérature qui fait écrire à Le Clézio : « Mon identité est là : c’est une identité nomade. Il faut bouger pour apprendre. Je ne voyage pas pour écrire ce que j’écris, mais j’écris pour voyager ». Parce que, selon l’auteur de « Terra Amata », « Désert » ou encore « Onitsha », il n’existe pas meilleure compagnie que celle des mots…

« Identité nomade »
Auteur : J.-M.G. Le Clézio
Editions : Robert Laffont

Du même auteur: 

« Avers » de J.M.G. Le Clézio : hommage aux invisibles…

Chanson bretonne : J.M.G. Le Clézio évoque ses souvenirs intimes

Quinze causeries en Chine : J.-M.G. Le Clézio au temps de l’« interculturel »

Alma : J.M.G. Le Clézio, revoir Maurice…

ET AUSSI

« Birnam Wood » d’Eleanor Catton

Le maître Stephen King est catégorique : ce livre « est excellent. Un thriller aux strates multiples… quel régal ! » Bel hommage pour « Birnam Wood », le troisième roman de la Néo-Zélandaise Eleanor Catton, sommité de la chose écrite dans son pays et plus jeune récipiendaire du Man Booker Prize en 2015 pour « Les Luminaires ». Cette fois, en trois chapitres qui courent sur plus de 550 pages, nous voilà en Nouvelle-Zélande ces temps-ci autour d’une immense propriété terrienne. Mina Bunting, une jeune activiste, a fondé Birnam Wood- un collectif de guérilla verte. Son but : cultiver les terres non utilisées. Va surgir un homme qui a fait fortune dans l’extermination des lapins, un journaliste qui, craignant l’apocalypse, veut construire un bunker souterrain… Un thriller du plus bel effet !

« Birnam Wood »
Auteure : Eleanor Catton
Editions : Buchet-Chastel

« La vie de ma mère ! » de Magyd Cherfi

« C’est une mère que j’ai romancée, qui ressemble à ma mère, aux belles -sœurs de la mère », confie Magyd Cherfi en évoquant son cinquième roman, « La vie de ma mère ! » Chanteur (hier du groupe toulousain Zebda, aujourd’hui en solo), auteur et romancier, il signe là sa version de « la gloire de ma mère ». C’est délicieusement émouvant, délicatement tendre. Ainsi, Slimane Kaoui qui avait monté une petite affaire de foodtruck avec un ami boude sa mère depuis huit mois. Lors de l’enterrement du père de l’ami, il décide de renouer avec sa mère, femme aux « féroces et multilatérales exigences ». Et devient, auprès de sa mère, autant l’infirmier que l’aide-ménagère. Dans toutes ces pages, transpire l’amour- maternel et filial. Magyd Cherfi signe, là, un grand texte. Indispensable et universel.

« La vie de ma mère ! »
Auteur : Magyd Cherfi
Editions : Actes Sud

« Il était une fois en Amérique » de Harry Grey

En 1984, le réalisateur italien Sergio Leone présentait son nouveau film, « Il était une fois en Amérique ». Il s’était alors grandement inspiré d’un roman paru en 1952, titré originellement « The Hoods » et signé par Harry Grey, pseudo de Herschel Goldberg né à Odessa en 1901, émigré quatre ans plus tard aux Etats-Unis. Il aura fallu pas moins de soixante-douze ans pour qu’enfin nous arrive la VF du premier roman de Grey, sous le titre « Il était une fois en Amérique ». Ecrit en grande partie en prison, ce livre a pour décor le New York des années 1920. Noodies traîne avec sa bande : Patsy, Cockeys, Max et Dominick. Gamins des rues, ils gravissent les échelons d’une mafia qui s’organise en Syndicat du crime. L’auteur propose une plongée dans les bas-quartiers de la ville. C’est passionnant, flamboyant.

« Il était une fois en Amérique »
Auteur : Harry Grey
Editions : Sonatine

« Le degré de séparation » de Pablo Mehler

Une précision portée par Pablo Mehler, évoquant son premier roman- « Un degré de séparation » : « Ce n’est pas une autofiction mais une histoire que je pourrais qualifier de personnelle ». Voilà qui est dit- né en Argentine, grandi aux Etats-Unis et en France, Mehler est producteur de films et a décidé de se consacrer à l’écriture romanesque. C’est une bonne idée, la preuve avec ce « Degré de séparation ». Un écrivain américain, Frederic Altman, a connu la gloire, le succès et les têtes de gondole. A présent, il est en panne créative. Quelques années plus tard, il découvre une vieille photo dans les affaires de sa mère récemment décédée. Surgissent alors toutes ces questions posées sur sa filiation. Les secrets d’une mère, une quête des origines. Obtiendra- t-il les réponses ?

« Le degré de séparation »
Auteur : Pablo Mehler
Editions : Liana Levi

« La vie privée d’oubli » de Gisèle Pineau

En Guadeloupe, depuis l’école maternelle, elles sont amies-sœurs. Margy et Yaëlle ont tout partagé, des premières fois avec les garçons au bac raté en passant par les sorties en boîte, les rêves de vie d’artiste, la violence masculine, l’espoir d’une vie meilleure. Auteure remarquée dès son premier roman (« La grande drive des esprits », 1993), Gisèle Pineau est de retour avec « La vie privée d’oubli ». Un jour, l’une de deux héroïnes, Margy, accepte la demande d’un petit ami : elle va faire la mule, avale une trentaine de boulettes de cocaïne, direction la métropole. Job facile, se dit-elle, pourquoi ne pas en faire profiter Yaëlle. Laquelle va un voyage, mais pendant le vol, les boulettes craquent dans son estomac… Avant elles, d’autres femmes ont cru en cette vie meilleure, faites de mirages…

« La vie privée d’oubli »
Auteure : Gisèle Pineau
Editions : Philippe Rey

« Le convoi » de Beata Umubyeyi Mairesse

D’emblée, le lecteur est prévenu : « J’ai eu la vie sauve. Le 18 juin 1994, quelques semaines avant la fin du génocide contre les Tutsi, j’ai pu fuir mon pays grâce à un convoi de l’organisation humanitaire suisse Terre des hommes, j’avais alors 15 ans ». Ecrivaine née à Butare (Rwanda) en 1979, Beata Umubyeyi Mairesse vit aujourd’hui en France. Avec sa mère, via le Burundi, elle a pu fuir le Rwanda en guerre et le génocide des Tutsi par les Hutu… Dans « Le convoi », un texte d’une puissance vertigineuse, forte de quatre photos récupérées auprès de la BBC, elle se lance, quinze ans plus tard, dans une (en)quête pour tenter de comprendre son exfiltration. « Le convoi » résonne avec la Shoah, Beata Umubyeyi Mairesse en appelle à Primo Levi. Hier, aujourd’hui, l’indispensable devoir de mémoire pour demain…

« Le convoi »
Auteure : Beata Umubyeyi Mairesse
Editions : Flammarion

 


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