Isao Takahata – pionnier du dessin animé contemporain, de l’après-guerre au Studio Ghibli : une exposition pédagogique et passionnante sur l’œuvre d’un maître de l’animation, à découvrir !
- Écrit par : Sylvie Gagnère
Par Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ La Maison de la culture du Japon à Paris rend hommage à l’un des plus grands maîtres du cinéma d’animation, Isao Takahata. Si son nom est un peu moins connu en France que celui d’Hayao Miyasaki, il fut pourtant l’auteur d’une œuvre remarquable et radicalement novatrice. Cofondateur du studio Ghibli, on lui doit quelques chefs-d’œuvre, dont l’extraordinaire Tombeau des lucioles.
L’exposition se découpe en quatre sections, en montrant des carnets, storyboards, dessins originaux, celluloïds et extraits de films. Takahata était un francophile convaincu, que la vision de La Bergère et le Ramoneur de Grimaud a profondément marqué, au point de faire naître sa vocation.
La première partie présente ses débuts, chez Toei Doga, sur le long métrage La Grande aventure de Hols, prince du Soleil (distribué en France sous le titre Horus, prince du Soleil en 1968). Elle met en lumière les méthodes de travail collectives qu’il a instaurées, au service d’une réalisation ambitieuse, destinée aussi aux adultes. Il s’est appliqué à définir un fonctionnement qui permet à tous d’œuvrer sur un pied d’égalité, profitant ainsi des talents de tous.
Dans la seconde partie, Takahata, qui a quitté Toei (avec Miyasaki) explore de nouveaux horizons en travaillant sur des séries, Heidi (1974), puis Marco (1976) et Anne...la maison aux pignons verts (1979). Malgré les contraintes imposées par la réalisation d’un épisode hebdomadaire, Takahata y développe son goût pour la description de la vie quotidienne, de la nature, des gestes simples et des émotions profondes.
À partir des années 80, il se tourne vers des œuvres se déroulant au Japon. En 1985, il créé (avec Miayasaki) le studio Ghibli, qui produira ses films suivants, qui offrent une réflexion sur l’histoire contemporaine – Le Tombeau des lucioles, Souvenirs goutte à goutte ou Pompoko.
Enfin, dans les années 90, Takahata choisit d’explorer de nouvelles formes d’animation, avec Mes voisins les Yamada et Le conte de la Princesse Kaguya, qui témoignent d’une recherche visuelle audacieuse.
À chaque étape, l’exposition explicite les méthodes employées par Takahata et ses compagnons, en les illustrant grâce aux nombreux et précieux documents présentés. Nous y apprenons également la technique du layout, qui permet à toute une équipe de travailler sur le même projet, tout en conservant une unité et sans gaspiller le temps et le talent des dessinateurs. Nous découvrons, avec une pointe de regret, qu’il a réfléchi à une adaptation de Fifi Brindacier, mais que l’auteur, méfiant vis-à-vis d’un jeune artiste inconnu, refusa de vendre les droits.
Pour compléter cette visite, qui ravira les fans de l’artiste, une rétrospective de ses films est proposée, du 21 au 31 octobre, pour les chanceux qui passeront sur Paris. Toute la programmation se trouve en cliquant là!
Isao Takahata – pionnier du dessin animé contemporain, de l’après-guerre au Studio Ghibli
Du 15 octobre 2025 au 24 janvier 2026, à la Maison de la culture du Japon – Paris 75015
Commissariat : Kazuyoshi Tanaka (Studio Ghibli)
Conseil scientifique : Ilan Nguyên (MEMA)