Les boxeurs finissent mal… en général : Lionel Froissart, douze rounds et des vies cassées…
- Écrit par : Serge Bressan
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Ce fut Yves Montand chantant « Battling Joe » : « Battling devint un grand champion / Jusqu'au triste soir où un gnon / Lui embrouilla soudain les yeux / L' manager dit: " C'est pas sérieux ! / Tu d' viens feignant, fait ton métier / Boxe rime pas avec pitié... » Puis Claude Nougaro et « Quatre boules de cuir » : « Quatre boules de cuir / Sur quatre pieds de guerre / Bombardent le plexus / Boxe, boxe / L'angle du maxillaire… » Plus que tout autre sport, la boxe a inspiré la chanson, le cinéma (« Raging Bull » de Martin Scorsese ou encore « Ali » avec Will Smith) et la littérature. Ernest Hemingway, Jack London, Norman Mailer ont raconté ce qu’on appelle « le noble art »- et l’Américaine Joyce Carol Oates a écrit un texte définitif sur le sujet : « De la boxe » (1987). Et voilà que revient en librairies un texte en douze rounds paru initialement en 2007 : « Les boxeurs finissent mal… en général » de Lionel Froissart. Un temps, il fut journaliste à « Libération », y rédigeant des papiers remarquables sur la Formule 1 et la boxe.
Quand le gong retentit pour lancer le premier round, nous voilà avec Harry à Broadway, New York. Boxe, boxe, ça sent la mort à plein nez… L’auteur nous a prévenus : ce livre « est une fiction qui prend appui sur des faits réels et met en scène des personnages qui apparaissent parfois sous leur vrai nom. Certains des événements rapportés sont imaginaires, d’autres sont fidèles à la réalité ». Cette réalité, cette vie qui, sur et en dehors du ring de cordes, ne prend pas de gants… Avec Froissart et sa plume swing, direct et uppercut, c’est la boxe d’hier, la boxe d’aujourd’hui. Oui, dans cette fiction, la réalité est là, et bien là- elle transpire, elle sent l’embrocation, elle cogne sur les sacs de sable dans les salles crasseuses et miteuses… C’est Marcel Cerdan lors de sa défaite face à Jack La Motta, la promesse d'une revanche et la fin prématurée dans un accident d’avion sur un pic des Açores en octobre 1949. C’est Laurent Dauthuille, celui qu’on surnommait le « Tarzan de Buzenval ». C’était écrit, c’était promis, il serait celui qui vengerait Marcel Cerdan en explosant le « Taureau du Bronx » (surnom de La Motta) mais en septembre 1950, alors qu’il mène largement aux points, il est mis K.O. C’était écrit, c’était promis, il devait être le nouvel enfant chéri du public français, il mourra en 1971 à 47 ans, dans l’oubli total…
C’est aussi Carlos Monzon, l’Argentin champion du monde des poids moyens de 1970 à 1977. Avec Muhammad Ali ou encore Ray Sugar Leonard, il fut le représentant ultime du « noble art », cette leçon de geste qu’est la boxe. Champion de l’élégance, retiré des rings, Monzon défenestre sa deuxième femme. Onze ans de prison… Le 8 janvier 1995, il meurt à 52 ans dans un accident de voiture en rentrant au pénitencier de Las Flores après avoir passé un week-end de permission auprès de ses enfants. Avec Lionel Froissart, on monte et on descend du ring avec aussi Sonny Liston, Anthony Fletcher ou encore Mike Tyson. Vies cassées. Un gars tombe, les larmes sont brûlantes ; tous, qu’ils soient lâches ou héros, ont peur même si on leur a toujours dit qu’il s’agissait là simplement d’un jeu sans importance…
Les boxeurs finissent mal… en général
Auteur : Lionel Froissart
Editions : Héloïse d’Ormesson
Parution : 7 juin 2018
Prix : 20 €