Les Enfants du Diable : une pièce poignante autour de l'histoire d'orphelins roumains victimes de la politique de Nicolas et Eléna Ceaucescu
- Écrit par : Delphine Caudal
Par Delphine Caudal - Lagrandeparade.com/ Le Théâtre, c’est aussi un moyen de rappeler, ou de faire découvrir des évènements qui jalonnent notre Histoire. Tant de drames et de morts durant un régime dictatorial, le plus souvent dans le silence le plus total.
Clémence Baron et Antoine Cafaro, deux artistes dont nous avons pu apprécier l’excellente prestation, plongent le public dans le récit d’orphelins roumains, victimes de la politique violente de Nicolas et Eléna Ceaucescu, une décennie avant la chute du mur de Berlin.
« Quand on tient son passé trop loin de soi, il disparaît ».
« Non […] Le passé est gravé dans la tête »
Niki, Veronica et Mirela constituent une fratrie qui se voit séparée dans la plus grande douleur. Envoyés dans des orphelinats suite au décès de leur mère en couches, il ne reste aujourd’hui que les deux aînés pour témoigner des indicibles souffrances infligées.
« Se balancer et rester en mouvement. […] Se balancer c’est vivre, et je veux vivre »
Comment ont-ils réussi à survivre ? Grâce à une promesse faite à leur mère, celle de vivre. Des trois enfants, Veronica eut le destin le moins tragique : elle fut adoptée par un couple de français à ses dix ans, et reçu les meilleurs soins. Niki, quant à lui, ne put se résoudre d’abandonner sa plus jeune sœur Mirela, autiste. Il resta en Roumanie et à ses dix-huit ans, il sauva sa cadette, considérée comme une « irrécupérable », des orphelinats-mouroirs. Des années plus tard, à la mort de cette dernière, les deux aînés se retrouvent et se déchirent. Une nuit pour se parler à cœur ouvert, pour faire rejaillir les rancœurs refoulées et peut-être, pour se pardonner.
« ça fait 20 ans que je me reproche d’être celle qui a survécu »
L’abandon, la violence vécue, la construction de soi après tant de souffrances, d’innombrables thèmes sont abordés dans ce spectacle d’une rare intensité. C’est poignant, et terriblement percutant. Les larmes de Clémence pincent le cœur, le regard d’Antoine Cafaro nous émeut profondément. A plusieurs reprises, le public respire à l’unisson, pendu aux lèvres des comédiens. Car le ton est juste, sans bavure, dans ce déferlement d’émotions. Le tout mis en relief par un texte travaillé, perspicace et déchirant. On ne peut que saluer cette pépite historique du festival d’Avignon, bravo !
Les Enfants du Diable
Avec Clémence Baro, Antoine Cafaro
Auteure : Clémence Baron
Mise en scène : Patrick Zard’ et Marie Nardon
Durée : 70 min
Dates et lieux des représentations:
- du 4 au 26 juillet relâche les 9, 16, 23 juillet à 14h25 - Théâtre de l’Oriflamme - FESTIVAL OFF AVIGNON 2025