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Sous les paupières : un effeuillage de l'enfoui d'une grande intensité

  • Écrit par : Stéphanie de Montchalin

louPar Stéphanie de Montchalin - Lagrandeparade.com/ Seule en scène, Lou Chauvain incarne une jeune femme en éclosion, peut-être un peu d’elle-même transpire dans ce personnage bouillonnant, qui nous invite à entrer dans sa peau, à passer sous ses paupières pour entendre l’intime confession de son monde profond, enfoui et secret.

Elle livre sans pudeur des éclats de mémoire, tantôt avec humour, tantôt frôlant la tragédie racinienne. C’est une plongée immédiate et saisissante sans préliminaires dans une mémoire kaléidoscopique qui se livre en éclats de chair et de psyché. Elle creuse la tragédie de sa vie, s’accrochant à un fil d’Ariane pour sortir de cette vie labyrinthique faite de douleurs, de premières fois, de traumas bien lourds à porter. Tout bout en elle, prêt à exploser. Et ça explose en un flux incessant de paroles, logorrhée nécessaire pour panser les stigmates creusés sur trois générations de femmes qu’elle porte en elle (elle-même, sa mère et sa grand-mère). Un fil maternel peut-être brisé, mais qu’elle tente de reconstruire pour se retrouver et guérir des blessures héritées. Ça jaillit en chansons aussi comme un écho de son drame intérieur qui prolonge et scande cet effeuillage de l’enfoui.

Captivante, cette exploration de l’intime qui se donne en confession sans filtre ressemble parfois à un miroir tendu où se reflète une part de nous-même qui émeut et se confond avec celle de la jeune fille. On vibre, on ressent, on crie, on pleure, on chante comme elle dans une catharsis qui fonctionne à merveille à la manière des grandes tragédies classiques, tout en mêlant humour tragique et moments de légèreté. L’ombre d’Hermione, héroïne racinienne, se dévoile par intermittences, en filigrane.
De mue en mue, Lou grandit sortant de sa chrysalide, tentant de se libérer du poids du passé, de s’émanciper et tout simplement de vivre ou de renaître sur les cendres de son passé…
Dynamique, vivant, explosif, bouleversant, le jeu de l’actrice ne faiblit pas d’un bout à l’autre de la représentation qu’elle porte magistralement à bout de bras et de voix. Son corps vibre, sa voix tremble, chante et crie. Elle exprime une peur viscérale du silence et de la mort, cherchant à rester vivante par le verbe, dans un tourbillon de paroles qui tourne au vertige. L’immersion profonde dans le corps et l’âme du personnage est réussie. Saura-t-elle trouver dans cette déambulation psychique, presque universelle, la guérison ou la renaissance ?

C’est un spectacle vibrant et poignant qui gratte, gratte … là où ça fait mal mais aussi là où ça fait du bien.

Sous Les paupières
Texte, mise en scène et interprétation : Lou Chauvain
Musique : Pascal Sangla
Collaboration artistique : Joséphine De Meaux
Dramaturgie : Mériam Korichi
Lumières : Laurent Bénard
Son : Pierre Routin et Sebastien Villeroy
Costumes : Camille Ait Allouache
Espace : François Gauthier-Lafaye
© Antoine Vincens de Tapol

Dates et lieux des représentations: 

- Les 3 et 4 juin 2025 au  Hangar Théâtre – Studio 1 ( 3 rue Nozeran 34090 Montpellier) dans le cadre du Festival du Printemps des Comédiens ( 34)

-  Du 5 au 24 juillet 2025 ( Relâches les 11 et 18 juillet)  au Théâtre du Train Bleu - Festival Avignon Off

 

 


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