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Le jour qui vient : sept personnages en quête d'amour

  • Écrit par : Xavier Paquet

le jour qui vientPar Xavier Paquet - Lagrandeparade.com/ Un tableau noir en fond de scène. A la craie blanche, ce poème d’Aragon : « On veille on pense à tout à rien, on écrit des vers de la prose, on doit trafiquer quelque chose en attendant â€¦ Â»  Ne reste plus qu’à en écrire la fin : « le jour qui vient Â». 

Un décor de salle de classe. Mais l’école est finie : nous sommes le 24 Août. L’âme d’enfant est plutôt présente avec la maniement de marionnettes par les comédiens qui racontent leur début d’histoire. Racontent ou vivent ? Elles suggèrent, expriment avec malice les situations et ressentiments : elles donnent surtout le ton du fil conducteur. L’histoire est elle réelle ou le reflet d’un désir plus enfoui qu’ils manipulent ? Â« On doit trafiquer quelque chose Â» : les personnages trafiqueront-ils leur vie pour ne pas s’avouer à eux-mêmes leurs envies les plus profondes ?

Ils sont six jeunes, la vingtaine, à déambuler par cette nuit à la recherche d’un idéal. Melik rend visite à son meilleur ami Roman pour lui avouer qu’il l’aime, mais celui-ci n’a d’yeux que pour Marlène, qu’il espère séduire et attirer dans son lit avec son amie Claire. Pendant ce temps Marie fugue à vélo jusqu’à rencontrer Adamé, prétendu migrant. L’amour est le fil qui tisse la pelote qui les relie. Muriel, la cinquantaine, mère de Roman, et attirée par Melik, en est l’épingle qui va (dé)tricoter l’ensemble. En crise existentielle, elle se raccroche à la jeunesse qui s’offre en spectacle devant elle, au propre comme au figuré. Ils sont tous en quête d’amour, une recherche viscérale que ce soit pour une relation sentimentale, une amourette estivale, ou le déchirement d’un amour impossible. Chacun espère une rencontre et voit en l’aube du jour qui vient, l’espoir qui renait.

La scénographie est simple avec des cubes qui servent de sièges aux comédiens sur les côtés, et qui symbolisent d’autres situations (un restaurant, une tombe). Elle est ingénieuse avec l’utilisation du tableau et de la craie pour exprimer des lieux, ou découvrir sur son envers un miroir grossissant donnant un autre regard à la scène. Les jeux de lumière donnent une ambiance épurée pour mieux mettre en valeur le texte et le jeu avec tous les changements à vue. Ecrite en 3 semaines par Giudicelli, la pièce fine et poétique par moments, reflète le temps d’une pause. Le temps d’un été.

L’été est la saison des rêves et des espoirs : y croient-ils ou jouent -ils avec eux-mêmes ? A la recherche de LA rencontre, ils font une rencontre avec eux-mêmes : leur espoir, leur désillusion, leur désir.
Le jeu est tantôt sobre et quotidien, tantôt plus instinctif et viscéral. Les corps sont en mouvement : ils se rapprochent, se frôlent, se touchent, s’évitent comme l’amour qu’ils ont entre eux et qu’ils ont pour eux. Il met en valeur une belle analyse du sentiment amoureux actuel.
Leur soif de liberté est une soif de libération d’eux-mêmes comme le soleil se libère de la nuit pour annoncer...le jour qui vient.

Le jour qui vient
Texte: Christian Giudicelli
Mise en scène: Jacques Nerson
Comédien(s): Léa Dauvergne, Mélik Dridi, Marlène Génissel, Muriel Gaudin, Marie Negre, Angelo Pattacini, Roman Touminet
Lumières: Stéphane Deschamps
Décors: Claire Belloc
Assistant mise en scène: Eric De Sarria
Costumes : Claire Belloc
Durée : 1h20
Crédit-photos: Christophe Raynaud de Lage

Dates et lieux des représentations:
- du 4 juin 2019 au 29 juin 2019 ( Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi) à 19h30 au Les Déchargeurs / Le Pôle (3, rue des Déchargeurs - RDC Fond Cour - 75001 Paris)

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