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Tristan : Légende médiévale, héros contemporain sous la houlette d’Éric Vigner

  • Écrit par : Philippe Delhumeau

YazikPar Philippe Delhumeau - Lagrandeparade.fr/ Tristan, personnage né de l’imagination de poètes celtiques, anima les contes de Bretagne, de Cornouailles et d’Irlande au XIIème siècle. Enfant, sa mère meurt des suites de couche, son père se fait surprendre peu de temps avant sa naissance et se fait tuer par son ennemi de toujours, le redoutable Morgan. Rohalt s’occupe de Tristan ses premières années et le roi de Cornouailles, Marc’h, prend la relève. Les légendes fleurissent terres et mers bretonnes. Dès lors, le monde s’ouvre au jeune garçon, un monde peuplé de personnages singuliers, de barbarie et d’amour.
La mécanique scénique d’Éric Vigner se met en marche dans une scénographie composée de grands panneaux métalliques descendant des cieux et d’une lumière projetant des éclairs zébrés de violence. Les personnages rentrent avec force et détermination dans l’histoire. Les visages sont sombres, la fermeté des mots ne laisse pas de place à l’empathie, les gestes sont mesurés, les déplacements le sont aussi. Tristan, sujet de toutes les conversations, est balloté entre méfiance et haine jusqu’à ce que la mort le sépare des vivants. L’enfant sans père luttera sa jeune vie durant contre les injustices, les ignominies. Son chemin de croix, un long parcours qui le conduira là où les hommes font subir leur loi aux innocents. Tristan se montre en Irak, en Afghanistan, en Afrique pour combattre les belligérants et venir en aide aux victimes, en France où ivre de tout son saoul, il régurgite les colères et les violences du monde. L’image d’Iseut se noie dans la profondeur de ses yeux bleus. Les sentiments, il en fait fi, malgré un amour brulant comme les flammes qui crépitent dans son cœur. Tristan, c’est l’interprétation des possibles et de leurs inverses, la symbiose des légendes bretonnes et des faits d’actualité contemporains, l’amour et la mort, la tragédie et la poésie.
Éric  Vigner le littéralise avec des fragments d’histoire d’hier à aujourd’hui, le construit sur le verbe vivant des légendes dont il fut, l’élève en héros révolté, le stratifie en amant fatal et passionné, l’associe au folklore et au numérique. Le décor évolue au gré des mises en situation, la scène se réduit sous la descente des panneaux, mue en un champ de découverte et de ressources libérés de ceux-ci.
La jeunesse des comédiens impulse une synergie collective intéressante et chavirante à la narration, crée un élan de désir et de rupture, de passion et de cruauté. L’imaginaire flirte avec les tumultes d’aujourd’hui, l’universalité des rapports humains et amoureux est traduite dans la langue des hommes. Tristan accoste sur un rivage pour y mourir en paix avec l’ombre d’un amour inachevé qui permet à la légende de perdurer.

Tristan d’Éric Vigner
Texte, mise en scène, décor et costumes : Éric Vigner
Avec Bénédicte Cerutti, Matthias Hejnar, Mathurin Voltz, Alexandre Ruby, Jules Sagot, Zoé Schellenberg, Isaïe Sultan  
Collaboration artistique : Olivier Dhénin, Jutta Johanna Weiss
Lumières : Kelig Le Bars
Son : John Kaced
Atelier costumes : Anne-Céline Hardouin assistée de Emmanuelle Dessoude, Laëtitia Guinchard, Carole Martinière
Accessoires costumes : Robin Husband
Maquillage et coiffure : Anne Binois
Assistant à la mise en scène : Olivier Dhénin
Assistant au décor, accessoiriste : Vivien Simon  
Production CDDB – Théâtre de Lorient, CDN ; Théâtre National de Bretagne Avec la participation du Jeune Théâtre National Remerciements à l’Opéra de Rennes, au Théâtre National de la Colline et au Centquatre, établissement artistique de la Ville de Paris  
(Création au Théâtre de Lorient du 4 au 8 novembre 2014, dans le cadre du Festival Mettre en scène) 

Durée : 1h30  Le texte Tristan de Éric Vigner est publié aux éditions Les Solitaires intempestifs.

© Jean-Louis Fernandez

Lieux et dates des représentations:

- Du 21 au 26 février 2017 au Théâtre de Gennevilliers ( 
41 avenue des Grésillons - 92230 Gennevilliers )

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