Deerhunter en concert à la Paloma nîmoise : métamorphoses du cerf et assaisonnement...
- Écrit par : Virginie Gossart
Par Virginie Gossart - Lagrandeparade.fr/ Dans le cadre de la soirée "This is not a love night" (sorte d'avant-goût du festival de musique indé "This is not a love song", que la belle Paloma nîmoise a le bon goût d'organiser depuis trois ans en étroite collaboration avec l'asso Come on people), nous avons la chance de voir jouer les Américains de Deerhunter, groupe aussi lumineux qu'imprévisible. Et nous comprenons d'emblée qu'avec Bradford Cox, leader charismatique et despotique, au vécu et au physique hors norme, assez brillant pour composer le superbe album Fading Frontier (qu'on écoute en boucle depuis une semaine comme tout chroniqueur qui se respecte), mais assez déjanté et povocateur pour faire foirer toutes les interviews qu'il donne, rien n'est gagné d'avance. Nous nous souvenons de l'entretien désastreux que Bradford Cox a eu avec un journaliste des Inrocks quelques mois plus tôt (et du joli surnom de "tête de lard" dont le journaliste excédé l'a alors affublé) et nous sentons confusément que ce soir, nous pouvons avoir droit au meilleur comme au pire. Et bien, pour être honnête... nous avons eu les deux.
Tout d'abord, une première partie où Cox, seul sur scène, se livre à de curieuses expérimentations sonores en tant qu'Atlas Sound (son projet solo) : un ensemble très inégal de morceaux, ou plutôt une longue suite plus ou moins mélodique, qui parfois vous emporte très loin, dans des délires post-rock et une ambiance lynchienne à souhait, parfois sent le bidouillage pas toujours complètement maîtrisé. Regard vide et inexpressif, sans un mot pour le public, le chanteur aux allures de géant émacié, coiffé d'une casquette saharienne, semble absorbé par ses créations sonores. Chasseur de sons plus que chasseur de cerf...Mais il faut avouer qu'il réussit plusieurs fois à nous faire oublier le lieu et le moment...
Lorsque Cox quitte la scène, toujours aussi mutique, tout le monde file au patio boire une bière, histoire de détendre un peu l'atmosphère. C'est là que nous croisons Pipo et Fifo, deux nîmois de souche peu convaincus par cette première partie. Après un débat animé, ils nous proposent leur assistance pour l'écriture de notre article sur le concert. Dans l'idée que cette soirée est celle de tous les possibles, nous acceptons. Début de la deuxième partie : le groupe Deerhunter arrive sur scène, avec un Bradford Cox métamorphosé, plus enjoué, souriant même, et coiffé cette fois d'un chapeau de cow-boy et d'une veste trop large. Yihaaaa !... Début de concert prometteur, ça bouge dans le public, les musiciens sont performants et très à l'écoute de leur chanteur. Nous entendons Pipo – ou peut-être était-ce Fifo – prononcer ces paroles sibyllines : "Y'a pas à dire, c'est le bassiste qui tient la maison". C'est vrai qu'il assure le bassiste... Le concert se poursuit, beaucoup d'excellents morceaux du dernier album. Le chanteur fait quelques blagues sur scène, il va même jusqu'à confier sa guitare à un ado du premier rang... Du jamais vu ni entendu... Une très belle fin de set avec le titre Ad Astra, puis les morceaux Cover me, et Agoraphobia, pépites du plus ancien mais non moins sublime album Microcastle. De retour au bar, nous croisons les fringants Fifo et Pipo qui, fidèles à la parole donnée, nous ont griffonné un texte sur de vieux tickets de conso. Le voici : "Après avoir passé une quasi première partie dans le patio à faire nos civilités... Deerhunter enfin sur scène. On notera une superbe mustang bass et le bon goût de son propriétaire. Pour résumer, un groupe somme toute homogène qui ne convainc pas, malheureusement, par ses longueurs d'arpèges. Était-ce la sonorisation du lieu ou, comme en cuisine, l'assaisonnement ? Nous sommes restés sur notre faim. Un gig prometteur entâché, nous le pensons, d'un manque d'envie ce soir-là. Nous n'en tenons pas grief à ce groupe confirmé et lui assurons tout notre soutien". Preuve que le spectacle ce soir-là n'était pas seulement sur la scène de Paloma, mais aussi dans la salle. Un grand merci à Pipo et Fifo, grands mélomanes et amateurs de rock, de nous avoir permis d'écrire cette chronique à six mains et de montrer que la vérité est toujours cachée dans la diversité des points de vue.
Deerhunter
Fading Frontier, nouvel album: Sortie le 16 octobre 2015.
- Le 11 novembre 2015 à la Paloma, Scène de Musiques Actuelles de Nîmes Métropole ( 250, chemin de l’aérodrome , 30000 Nîmes)
- Le 22 Novembre 2015 - Ekko Le Guess Who Festival, Urecht
- Le 4 Décembre 2015 - Orange Peel, Asheville
- Le 5 Décembre 2015 - 9:30 Club, Washington DC
- Le 6 Décember 2015 - Philadelphia PA Union Transfer , Philadelphia
- Le 8 Décembre 2015 - Irving Plaza, New York
- Le 9 Décembre 2015 - Warsaw, Brooklyn
- Le 10 Décembre 2015 - Royale Boston, Boston
- Le 12 Décembre 2015 - The Majestic, Detroit
- Le 13 Décembre 2015 - Thalia Hall, Chicago
- Le 14 Décembre 2015 - First Avenue, Minneapolis
- Le 15 Décembre 2015 - Majestic Theatre, Madison
- Le 17 Décembre 2015 - Skully's, Columbus
- Le 8 Janvier 2016 - Variety Playhouse, Atlanta
Le 9 Janvier 2016 - Georgia Theater, Athens GA
Crédit-photo: DR
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