La boîte à joujoux : Debussy superbement interprété par l'Orchestre National de Montpellier
- Écrit par : Bruno Paternot
Par Bruno Paternot - Lagrandeparade.fr/ Composé en 1913 par Claude Debussy, La Boite à Joujoux est un ballet pour sa fille en six parties. Du Soldat Rose à Toy Story, elles sont nombreuses les histoires pour enfants qui prennent les jouets comme héros de bois, de plomb ou de peluche. Cette fois-ci, les difficultés budgétaires imposent aux directions de mutualiser les projets. La musique sera donc portée par l’Orchestre Opéra National de Montpellier qui confie la gestion musicale du projet à David Niemann quand la partie scénique sera offerte au chorégraphe hip-hop Hamid el Kabouss par Montpellier Danse.
Dans la version imaginée par Hamid el Kabouss, on ne sort pas de la narration. Les cinq danseurs jouent aux pantins de plomb, à la poupée et autres jouets. On va nous raconter l’histoire de leur évasion. Si la scénographie de Vincent Fortemps est à la fois belle et inventive, ouvrant vers l’imaginaire parce que sobre et impressionniste, il n’en est pas de même de la chorégraphie. Le jeu est dramatiquement théâtral, tellement illustratif qu'il en devient débilitant : au XXIe siècle, on ose encore mettre les poings sur les hanches pour montrer qu'on est mécontent...
Le mode de danse change, on est passé du classique au hiphop, mais la volonté de séduction et de performativité reste bien là. Il y a une recherche, non pas d'esthétique personnelle, mais d'esthétisme, de faire beau plutôt que d'être là, avec sincérité. C'est d'autant plus étonnant ici que les danseurs ne sont pas au plus fort de leur discipline. Si la danse est fluide, elle manque de puissance et cruellement de précision. Les passages de groupes ne sont pas ensemble, les enroulés-rédoulés sont sans grâce etc. On pourrait mettre cela sur le compte de l'heure (la première représentation scolaire est à 9h30), mais ce n'est pas une excuse (ou alors il faut refuser de jouer). Le caractère répétitif de la chorégraphie fait perdre de la superbe aux mouvements (on l’a déjà vu, c'est moins impressionnant) et montre que l'étendue de proposition des danseurs est limitée.
La musique superbe, d'une actualité sans nom, est interprétée avec majesté par l'Orchestre National de Montpellier, notamment la petite harmonie qui s'en donne à cœur joie. Les hanches doubles jouissent ici d'une partition/palette qui leur permet toutes les nuances. Il y a la sécheresse de l'ami Satie, la brillance de Ravel, le joyeux désespoir de Poulenc. Et ça coule, de jeux d'eaux en jaillissements. On se permettra donc de fermer les yeux de temps en temps pour écouter cette musique simple et fluide, qui avance par touches, par impressions, par coups de barre.
La Boîte à Joujoux
Conception, chorégraphie : Hamid El Kabouss
Musique : Claude Debussy La Boîte à joujoux
Direction musicale : David Niemann - Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon
Plasticien performeur : Vincent Fortemps
Regard extérieur: Jean-Marie Lejude
Interprètes : Hamid El Kabouss, Valentin Féjoz, Florent Molle, Andréa Mondolini, Yannick Mondolini et Emmanuel De Almeida
Production : Opéra Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon
Dates des représentations:
- Le 16 janvier 2016 à 11h et 17h // Les 14 et 15 janvier à 9h30, 10h30 et 14h30 (scolaires) à l’Opéra Comédie - Montpellier/ Montpellier Danse
- Le 20 Janvier 2016 à 19H au Cratère, Scène Nationale d’Alès