François Noël : un festival nîmois pour mieux percevoir l'authenticité, la tradition, l'exigence et la pureté du flamenco
- Écrit par : Julie Cadilhac
Par Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ Du 15 au 23 janvier 2016 aura lieu la 26ème édition du Festival Flamenco de Nîmes. François Noël, directeur du théâtre de la ville, a programmé avec l'aide de Patrick Bellito, conseiller artistique pour le flamenco, une nouvelle saison enthousiasmante qui fera battre le coeur de la capitale gardoise des musiques et des danses du peuple andalou.
Au programme? Un ballet flamenco sous la direction de Rafaela Carrasco et sa prestigieuse compagnie andalouse, Gema Caballero et sa voix de Grenade accompagnée du guitariste Javier Patino, la danseuse Veronica Vallecillo qui dialoguera avec le violoncelliste Raphaël Perraud, le concert des trois fils de Manuel Soto, celui du soliste Miguel de Tena, les envolées chorégraphiques d'Andrés Marin, l'hommage au flamenco de Jerez de David Lagos, les élucubrations fantastiques des guitares de Canizares et de Juan Carlos Gomez, la superbe danseuse soliste Patricia Guerrero, le jeune gitan français Pepe Fernandez, le chanteur sévillan José Angel Carmona, le récital du barcelonais Miguel Poveda mais aussi des conférences sur le flamenco et une exposition au Carré d'Art des photographies de Stéphane Barbier. Claquements des mains, chants a cappella, claquettes, cajon, castagnettes, guitare flamenca, cantes jondos, chaussures à talons hauts, robes colorées, châles de soie, chignons tenus, pantalons noirs à taille montante, boléros, chapeaux cordouans...les images ne manquent pas lorsqu'on évoque ce genre musical et cette danse née au XVIIIème siècle et classée depuis 2010 au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO. Rencontre avec François Noël pour en savoir davantage sur la genèse de ce festival, ses enjeux et ses perspectives...
Le Festival Flamenco a 26 ans. Quelle en a été la genèse? Quelle était son ambition au départ?
A l’origine, le Festival Flamenco de Nîmes était un concours de guitare. C'était le premier et seul concours du genre organisé hors d'Espagne, prolongé par des spectacles de haut niveau et, d'emblée, le succès fut au rendez-vous. C'était à la fois une rampe de lancement inespérée pour les artistes régionaux et pour de nombreux espoirs venus d'Espagne.
Lorsque vous l'avez pris en charge, y avez-vous apporté une touche personnelle? Une dynamique, une visée différente?
A partir de janvier 2004, nous avons souhaité modifier le format et donner une nouvelle dynamique à cet événement. La Semaine Flamenco est devenue Festival Flamenco et s’étend sur deux semaines environ. En parallèle des spectacles, le Théâtre de Nîmes organise des actions afin de mieux comprendre le flamenco : cycles de conférences, projections photographiques sur la façade de la Maison Carrée, expositions diverses, masterclass de danse, de palmas…Afin de toucher un public plus diversifié, une ouverture vers le contemporain s’est imposée avec la venue d’Israël Galvan ou de Rocio Molina entre autres…
Si vous deviez citer votre meilleur souvenir lié au flamenco, lequel serait-ce?
Il s’est passé tellement de choses durant toutes ces éditions. Les souvenirs sont si nombreux et il m’est impossible de n’en citer qu’un. Par contre je peux vous raconter une anecdote qui a marqué l’ensemble de l’équipe du Théâtre. A l’occasion d’un spectacle de Rocio Molina, les décors, costumes et accessoires ne sont jamais arrivés. Nous avons dû fabriquer l’ensemble en une journée. Un véritable challenge pour l’équipe du Théâtre qui a su relever ce challenge avec succès.
Avant d'en devenir le programmateur, aviez-vous déjà des affinités particulières avec ce genre musical? Et si non, comment ou grâce à qui/quoi vous y êtes-vous familiarisé ?
Je suis originaire de la région et j’ai toujours été en contact avec ce milieu. J’ai débuté en tant que directeur technique à l’occasion du premier concours flamenco.
Si vous deviez définir en quelques mots à un néophyte l'essence du flamenco, qu'est-ce vous lui diriez?
Authenticité, tradition, pureté, émotion, passion, exigence, duende, fuego….
Quelles sont les grandes lignes du Festival 2016?
Le flamenco est décliné sous toutes ses formes : chant, danse, guitare, conférences, photographies, cinéma… Cette nouvelle édition propose de découvrir une douzaine de spectacles : artistes confirmés ou valeurs montantes, l’excellence artistique est le maître mot.
Combien de spectateurs attendez-vous? Combien en aviez-vous réuni en 2015?
En 2015, nous avons célébré les 25 ans du Festival et avions reçu 13000 spectateurs environ. Pour cette nouvelle édition qui dure moins, nous attendons entre 7000 et 8000 spectateurs environ.
Enfin, si vous deviez nous recommander deux évènements en particulier pour cette édition, lesquels serait-ce...et pourquoi?
Cañizares le 21 janvier au Théâtre Bernadette Lafont. Guitariste hors pair, virtuose dans divers genres musicaux, il a accompagné les plus grands tel Paco de Lucia. Il se produira avec un trio de luxe : danseuse, danseur et guitare. Une soirée complète à découvrir absolument. Et puis Andres Marin - Carta Blanca le 19 janvier au Théâtre Bernadette Lafont aussi. Il signe ici l'un de ses plus beaux spectacles, que j’ai eu la chance de découvrir en avant-première à Séville. Il sera pour l’occasion accompagné d’artistes prestigieux tels José Valencia et Segundo Falcon au chant.
Crédit-photo : portrait François Noël : S. Barbier
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