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Résilience : un thriller futuriste et écolo à dévorer !

  • Écrit par : Catherine Verne

ResiliencePar Catherine Verne - Lagrandeparade.fr/ Il y a des fictions d'anticipation fantasques, aux noeuds inimaginables et aux issues loufoques. On les lit, le sourire aux lèvres quand ce n'est pas avec une poignée de pop-corn, en mode "même pas peur" sur le canapé. Or voici un thriller futuriste pas banal, qui annihile toute fonction de déglutition et rive mains et yeux aux pages qui vous y enfoncent inexorablement. Haletant, on n'a de cesse de savoir comment tout cela finit. Et ce n'est pas peu dire: ce qu'on nous raconte ici n'est rien moins que la fin de notre espèce. On aimerait se dire que tout ça c'est des bobards. Mais Yannick Monget, prospectiviste, a abondamment et scrupuleusement documenté son roman sur l'extinction de toute vie sur Terre. Si bien qu'on croirait lire une description rigoureuse de faits réellement survenus. Le romancier inaugure un genre terrifiant: le reportage d'anticipation. Le récit démarre avec une immersion brutale dans l'action, de quoi être propulsé dans l'illusion d'assister au sauvetage de Fukushima, alors qu'en fait l'explosion nucléaire en question et l'évacuation de population concernent... Paris! D'ailleurs la France est au long du récit dans le collimateur du prospectiviste. Et même notre petit coin de garrigue à nous, languedociens, se trouve particulièrement visé par la plume catastrophiste du romancier, en mode un tantinet persécuteur. De quoi sérieusement flipper quand même! Trouver le viaduc de Millau au beau milieu d'un roman d'anticipation, c'est du jamais vu jusque là, avouez. C'est que la menace est grave, aucun doute. En tout cas elle se rapproche dangereusement. Lecteurs palavasiens et montpelliérains, vous voici donc avertis: pour une fois l'apocalypse ne se déroule pas à huis clos entre la 5th Avenue et la Maison Blanche dans un périmètre couvert par Will Smith. C'est toute la planète qui prend feu. Toute? Non, une petite parcelle sous un glacier résiste et abrite des survivants. Bien sûr, vous avez cru que la Gaule allait s'en sortir comme dans les bonnes vieilles BDs. Mais non, on y passe comme les autres. Et nous, on n'a même pas Will Smith. On a... qui déjà? Une ministre de l'écologie. Certes, ça calme tout de suite. Alors mission accomplie pour Yannick: le nucléaire, après cette lecture, on n'en veut plus, dans la foulée on fourgue ses aérosols sur Ebay, on se met aux toilette sèches illico, on revend la Cayenne et on roule en VTT. D'ailleurs on déménage pour une yourte loin des villes au vert. Non, pas à Lodève, elle est épinglée sur la carte des sinistres dans le livre de Yannick, suis un peu, chéri(e). Plus loin, franchement, genre le Pôle au moins, on ne s'arrête pas avant. L'occasion de découvrir les us et coutumes Inuit. La vie est courte, tu veux mourir inculte? Il paraît qu'ils sont très gentils. Et puis c'est mignon les phoques. En un mot, après cette lecture, on a changé. Enfin si on la termine, la lecture, parce qu'à la page 28 déjà on a renversé de frayeur ses pop-corns sur le canapé, on sent que la gorge nous gratte et on est pris d'une quinte de toux comme les premiers Chinois que le virus noir condamne; on fixe avec terreur sa live-box des fois qu'elle émette des signaux de faiblesse, se maudissant d'avoir choisi d'habiter au quarante-sixième étage en cas de panne mondiale d'électricité -mais où avait-on la tête? On se jette sur la télécommande de la télé pour savoir si le cataclysme nucléaire annoncé a commencé à être retransmis en live sur le câble. Bref, on y croit, on est dedans, on tremble pour ses enfants, oui qu'on n'a pas encore et alors? c'est pas grave, tous les enfants sont nos enfants, on est à fond concerné, on est ... on est TOM -le héros-! Le fait est que l'auteur a mis le paquet pour qu'on s'identifie aux personnages de son roman. Tout ce qui y est relaté peut se produire: pandémie, catastrophes en chaîne nucléaires, terrorisme, bouleversements climatiques, manipulation médiatique de l'opinion publique etc. Espérons également que les hypothèses positives, de la résilience aux comportements héroïques, sont fondées, surtout celle de personnalités au pouvoir conséquent et au talent assez visionnaire pour échafauder en amont des méga parades à la cata. Parce que c'est pas avec notre équipe de rongeurs de pop-corn avachis dans les canapés de la Grande Parade qu'on va sauver la planète. En plus ça graisse les pages. Je te jure, on respecte rien dans ce monde. Tiens j'arrête de lire puisque c'est comme ça. Pollueurs, saccageurs de forêts, les éditeurs, eux aussi...! On lit, on en redemande et après on se retrouve avec des désastres écologiques...! Si si ça commence comme ça! Il faut une vigilance de chacun et de chaque instant! Eteinds-moi cet ordi déjà, et rends-moi le paquet de pop-corn. Quoi, tu l'as fini? Bravo la solidarité! Pas gagné encore tout ça, moi je te le dis, quand il n'y aura plus que des miettes de graines -crues- à se partager! Tu sais ce que c'est l'éternité radioactive... sans liseuse et ... sans maïs transgénique? Ben, habitue-toi, c'est pour demain. A moins qu'on se bouge. On se bouge alors?  Rendez-vous sur www.symbiom.org C'est le site de Yannick Monget, car le romancier ne fait pas que dans la fiction, il agit aussi. Après ce moment stupéfiant de lecture, on ferait bien d'en prendre de la graine. Oui, elle est facile, celle-là, tu te crois drôle? En ces temps graves, vraiment tu trouves ça élégant? Et l'autre là qui parle de Résilience justement, Boris Cyrulnik, tu crois qu'il pensait à des gars comme nous? On est tous égaux devant ce don-là, vraiment? Parce que ça laisse des doutes pour un pollueur fini comme toi mangeur de popcorn. Au caramel en plus. Sérieux: au caramel!...  Ah elle est belle la résilience!

Résilience
Auteur: Yannick Monget
Editeur: La Martinière
Parution: 18 février 2016
Prix: 22,90 euros


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