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Moi Je : Dieu au bord de la crise de nerfs !

  • Écrit par : Romain Rougé

moi je Par Romain Rougé - Lagrandeparade.com/ Sébastien Miro nous propose une autobiographie Divine, humblement parue chez Skelet Editions, toute jeune maison piscénoise. Un conte absurde à l’humour tonitruant pour calmer les égos (trop nombreux) de ce monde, véritable éloge de l’autodérision.

Edmond Dieu prétend être le Créateur. Et il va mal. En psychanalyse chez le docteur Travers, il se lâche. Le moins que l’on puisse dire, c’est que sa progéniture, l’humain, en prend pour son grade. Si Dieu a lui-même un égo surdimensionné (comment pourrait-il en être autrement ?), ses enfants (ou ses congénères, selon si l’on croit qu’il est le Tout-Puissant ou pas) ne sont pas moins, tels qu’ils sont décrits, autocentrés et destructeurs. En haut de la pyramide, les « idioles », combinaison d’idiots et d’idoles, « artistes en manque de notoriété, puissants mafieux et libidineux d’un monde à l’agonie ». En bas les autres, pas mieux lotis…

[bt_quote style="default" width="0"]Peuchère vie humaine, si chère à porter et à consommer, consumée de la tête aux pieds par les prêts. Je prie mon banquier, me confesse sur hotline surtaxée et n’existe que dans l’ivresse d’un week-end grasse matinée à l’huile de palme.[/bt_quote]

Edmond Dieu se livre donc sans concession. Sa folie confessionnelle (et toujours piquante) est d’ailleurs plutôt contagieuse dans le sens où comme lui, on a bien du mal à trouver des excuses aux comportements de l’humanité dans son ensemble, engluée dans un cirque d’autosuffisance souvent consternant. Une ironie parfois ponctuée de quelques désirs de simple mortel résilient. « Je veux retrouver mon état de chimpanzé, voler de branche en branche, manger non transformé, fume de l’herbe douce, naturelle et non trafiquée, m’habiller en poil de yak, sentir le gorille, griller des morilles et caresser de mes yeux émerveillés la Grande Ourse de mon loup si mal léché. Un loup amouraché, un petit copain qui me mangera de baisers, le vice à mes pieds. Je vous préviens, seul le silence et le chant des pinsons auront mon attention. »

Dès lors, quand le Protagoniste choisit de devenir Président Directeur Général de « l’entreprise d’humilité modeste », c’est davantage par cynisme que par véritable envie d’aider son prochain ! Blasé vous dites ? Oui et non. Car au fil des pages et des mots, on finit par s’interroger : et si cette amertume était alimentée par une trop grande lucidité ? Quel est le sens de l’existence ? La vie ne vaut-elle le coup que si elle est partagée ? L’égocentrisme est-il simplement une bouée ?

Le pouvoir d’attention d’Edmond va néanmoins se retourner contre lui. Avec l’introspection apparaissent les fantômes, la solitude se révèle. Le dernier chapitre intitulé « Eden End » bascule (magnifiquement) dans la mélancolie et la poésie. Le tout agrémenté d’illustrations monstruo-célestes, exquis interludes, signées Noé Garcia.

« Moi Je » est une sacrée drôlerie auréolée de tendresse. Voilà une parfaite offrande pour s’’échapper d’une réalité trop apocalyptique.

Moi Je
Sébastien Miro
Skelet Editions
127 pages, 12 €
www.skelet-editions.com

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