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Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon : révolte et fraternité selon Jean-Paul Dubois

  • Écrit par : Serge Bressan

duboisPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Un auteur de belle réputation- Jean-Paul Dubois. On l’avait quitté avec « La succession Â» (2016), on le retrouve avec un vingt-deuxième roman. Un roman au titre à rallonge- « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon Â». Et la rumeur qui enfle : on aurait là un des grands favoris pour le prochain prix Goncourt… Dans l’immédiat, après La succession- un texte sombre avec le suicide en toile de fond, Dubois propose cette fois un voyage en prison. Longtemps dénué de toute ambition, ne se laissant pas aller à la rêverie, tenu pour placide par son entourage, un Toulousain quinquagénaire nommé Paul Hansen commence à travailler comme super-concierge à la résidence l'Excelsior- il est celui qui répare, qui aide, qui écoute, toujours là pour aider les habitants mais un nouveau gérant lui rend la vie impossible, insupportable. Il est en prison à Montréal- on croit comprendre qu’il y est enfermé pour meurtre mais on n’en est pas vraiment certain. Pour compagnon de cellule, il a un biker Hell’s Angel- Horton, aussi massif que charismatique, qui n’a qu’une crainte : qu’on lui coupe ses cheveux. Au fil des pages, Hansen se souvient. Il raconte. Son enfance à Toulouse, son père pasteur d’origine danoise un peu fou, torturé par sa foi et sa mère gérante d’un cinéma d’art et d’essai, sa bellissime compagne Winona qui lui faisait faire des tours d’aéroplane au dessus des nuages, sa chienne qui lui manque, ses voyages, les « cost killers Â» ou encore l’absurdité de la vie des hommes… Ecrivain de belle élégance, avec « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon Â», Jean-Paul Dubois a écrit le (grand) roman de la fraternité et de la révolte.

Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon
Auteur : Jean-Paul Dubois
Editions : L’Olivier
Parution : 14 août 2019
Prix : 19 €

[bt_quote style="default" width="0"] Il neige depuis une semaine. Près de la fenêtre je regarde la nuit et j'écoute le froid. Ici il fait du bruit. Un bruit particulier, déplaisant, donnant à croire que le bâtiment, pris dans un étau de glace, émet une plainte angoissante comme s'il souffrait et craquait sous l'effet de la rétractation. A cette heure, la prison est endormie. Au bout d'un certain temps, quand on s'est accoutumé à son métabolisme, on peut l'entendre respirer dans le noir comme un gros animal, tousser parfois, et même déglutir. La prison nous avale, nous digère et, recroquevillés dans son ventre, tapis dans les plis numérotés de ses boyaux, entre deux spasmes gastriques, nous dormons et vivons comme nous le pouvons.[/bt_quote]


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