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« Le Crépuscule et l’Aube » de Ken Follett : une épopée taille XXL

  • Écrit par : Serge Bressan

folettPar Serge Bressan - Lagrandeparade.com / D’abord, il y a l’objet. En main, c’est du lourd : près de 900 pages et quasiment un kilo ! Ensuite, l’info diffusée par l’éditeur : ce livre qu’on a en main a bénéficié, ce 17 septembre 2020, d’une sortie mondiale quasi-simultanée. C’est bien le moins quand parait le nouveau roman du romancier gallois Ken Follett, 71 ans, 36 romans au compteur traduits en 33 langues, 173 millions d’exemplaires vendus dans le monde ! Et c’est l’un des événements de cette fin d’été littéraire- au joli titre, « Le Crépuscule et l’Aube ». Une fois encore, Ken Follett a appliqué son credo qu’au hasard de ses rencontres avec les journalistes, il résume ainsi : « Je n’écris que pour le lecteur, en pensant à ce qui lui fera tourner la page ». Voilà qui est dit, si loin de ces écrivains « goncourables » pour un « roman » insupportablement nombriliste…

Avec Ken Follett, un auteur qui n’envisage pas la retraite (« Parce que je n’aime pas le golf ! »), c’est l’épopée format XXL. Aventures, amour, haine, alliances et trahisons à tous les étages… Il a connu le succès avec la sortie du premier volume d’une trilogie, « Les Piliers de la Terre »- c’était en 1989 (l’année suivante pour la VF), et 27 millions d’exemplaires vendus dans le monde à ce jour. Le romancier gallois est un auteur tout-terrain, il est venu dans le monde des lettres avec des romans policiers puis a écrit des romans historiques. « Les Piliers de la Terre », puis « Un monde sans fin » (2008) et « Une colonne de feu » (2017), les trois tomes couvrant une période allant de 1123 à 1620. Avec le nouvel et très attendu « Crépuscule et l’Aube » (trois ans de travail entre la recherche et l’récriture), il reste dans le même domaine, propose un « prequel » (autrement appelé antépisode) qui, lui, couvre la période 997- 1007. Et précise la genèse de ce « Crépuscule… » : « Mes romans tirent souvent leur origine d’une question. Dans ce cas-ci, je me demandais comment Kingsbridge, une ville sur laquelle j’avais écrit trois longs romans, avait commencé, comment elle était passée d’un hameau à une ville. Ça m’a mené à une période de l’histoire anglaise, autour de l’an 1000, où les Anglos-Saxons régnaient malgré des conquêtes par les Vikings, alors que les Normands attendaient leur tour. J’ai pensé que la juxtaposition de ces deux idées, la naissance de Kingsbridge et la rivalité entre trois groupes puissants, serait intéressante ».
En avant-propos, le romancier gallois écrit : « Avec le déclin de l’Empire romain, la Grande-Bretagne régressa. Tandis que les villas romaines s’effondraient, les Anglais construisaient des habitations de bois d’une seule pièce, sans cheminée. La technologie de la céramique romaine- essentielle pour la conservation des aliments- sombra presque intégralement dans l’oubli. L’analphabétisme regagna du terrain. Certains qualifient cette période du haut Moyen Âge d’âge des Ténèbres ; pendant cinq cents ans, les progrès furent terriblement lents. Et puis, enfin, les choses commencèrent à changer… » Ainsi, donc, en 997, les Anglais doivent lutter contre des Vikings qui menacent d’envahir leur pays. Pas d’État de droit, c’est le règne du chaos… C’est le crépuscule, il y aura l’aube dans une période de tumultes où le destin de trois personnages va s’entremêler. Ainsi, le jeune Edgar construit des bateaux, sa maison va être détruite lors d’un raid viking. Ragna est une jeune noble normande ; insoumise, elle se marie par amour avec l’Anglais Wilwulf, mais les coutumes de son pays d’adoption diffèrent scandaleusement des siennes. Quant à Aldred, moine idéaliste, il rêve de transformer sa modeste abbaye en un centre d’érudition de renommée mondiale. Chacun d’eux s’opposera au péril de sa vie à l’évêque Wynstan, prêt à tout pour accroître sa richesse et renforcer sa domination.
« Le Crépuscule et l’Aube », c’est la grande épopée d’avant les cathédrales. Tout y est avec Ken Follett, présenté par son éditeur français comme « l’un des plus importants romanciers de notre temps » : la vie, la mort, l’amour, l’ambition, l’héroïsme, la trahison… Il y a l’Angleterre et la Normandie, là où avec la célèbre tapisserie de Bayeux il aurait eu l’inspiration pour ce roman. Il y a, bien sûr, les Vikings qui, selon Follett, n’étaient pas que de braves et costauds gaillards blonds. Et aussi dans ces pages virevoltantes, ce sont aussi les balbutiements du système judiciaire ou encore l’acquisition du savoir dans les abbayes. Ultime confidence de Ken Follett : « Avec ce livre, je souhaitais confronter les choses épouvantables. Pondre des romans historiques qui enjolivent le passé ne m’intéresse guère. Si le passé était brutal, nous devons le dire… »

Le Crépuscule et l’Aube
Auteur : Ken Follett
Traduction : Cécile Arnaud, Jean-Daniel Brèque, Odile Demange, Nathalie Gouyé-Guilbert, Dominique Haas
Editions : Robert Laffont
Parution : 17 septembre 2020
Prix : 24,50 €

Extrait:

« Jeudi 17 juin 997. Il n’était pas facile de rester éveillé toute la nuit, constata Edgar, même si c’était la plus importante de votre vie.
Il avait étalé sa cape sur les roseaux qui jonchaient le sol et s’était allongé dessus, vêtu d’une tunique de laine brune qui lui descendait aux genoux. C’était le seul vêtement qu’il portait en été, de jour comme de nuit. En hiver, il s’enveloppait dans sa cape et se couchait près du feu. Mais là, il faisait chaud : le solstice d’été était dans une semaine.
Edgar connaissait bien les dates. La plupart des gens devaient s’informer auprès des prêtres, qui tenaient des calendriers. Le frère aîné d’Edgar, Erman, lui avait demandé un jour : « Comment peux-tu savoir quel jour tombe Pâques ? », et il lui avait répondu : « C’est le premier dimanche qui suit la pleine lune après le vingt et unième jour de mars. Ça va de soi ». Il n’aurait pas dû ajouter « Ça va de soi », car Erman n’avait pas apprécié la pique et lui avait flanqué » un coup de poing dans le ventre. Cela remontait à plusieurs années, au temps où Edgar était petit. Il était grand maintenant. Il aurait dix-huit ans trois jours après le solstice. Ses frères ne le frappaient plus »


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