C’est la rentrée avec …: Joseph Denize, Linda Lê, et Elif Shafak
- Écrit par : Serge Bressan
Voici la seconde sélection de cette rentrée de janvier 2020 par Serge Bressan - Lagrandeparade.com.
« Quand on parle du diable » de Joseph Denize
Un des meilleurs « premiers romans » de cette rentrée d’hiver 2020 : « Quand on parle du diable » de Joseph Denize.
On nous dit qu’il vit en Italie, qu’il est passionné de littérature anglaise et qu’actuellement, il partage son temps entre la conception- rédaction publicitaire et l’écriture de scénarios. Avec « Quand on parle du diable », on plonge dans le Paris de 1917, des sociétés secrètes se bagarrent pour récupérer un tableau- on assure qu’il a des pouvoirs terrifiants. Un jeune homme, Aimé Grandin, se retrouve dans l’histoire : avec ses seules ingéniosité et bravoure, il va tenter d’empêcher un déchaînement de forces maléfiques. En ces temps de Première Guerre mondiale, au fil des pages, on croise l’oncle d’Aimé, Géo peintre et faussaire de génie, une jeune infirmière qui va évoluer dans les hautes sphères diplomatiques ou encore un célèbre prestidigitateur au passé obscur. Joseph Denize jongle avec l’Histoire et la fantasmagorie. Un bonheur de lecture !
Quand on parle du diable
Auteur : Joseph Denize
Editions : Julliard
Parution : 2 janvier 2020
Prix : 20 €
« Je ne répondrai plus jamais de rien » de Linda Lê
Depuis bientôt trente ans, elle se glisse dans les rayons des librairies. En toute discrétion, sans le moindre tapage ni scandale. Donc, Linda Lê est à nouveau là, au rendez-vous avec un roman à la petite musique reconnaissable immédiatement parmi mille : « Je ne répondrai plus jamais de rien ». Beau titre pour un roman d’élégance avec quatre personnages. Un homme, une femme, une fille et son compagnon. La fille s’adresse à sa mère qui vient de mourir, cette mère qui répétait dans les derniers temps de sa vie : « Je ne répondrai plus jamais de rien ». Que cachaient ces mots, cette phrase ? Qu’étaient les rapports entre cette femme et sa fille, toutes deux abandonnées par l’homme qui a refusé d’être un « père », qui courait vers son amante, ajoutant ainsi le mensonge à l’esquive ? Dans ces pages de « Je ne répondrai plus jamais de rien », Linda Lê ausculte et décrypte le défi, la défaite, la mélancolie… et aussi la liberté ou encore la difficulté d’aimer.
Je ne répondrai plus jamais de rien
Autrice : Linda Lê
Editions : Stock
Parution : 2 janvier 2020
Prix : 17 €
Ian McEwan : Une machine comme moi
L’un des écrivains britanniques les plus doués de sa génération plonge dans la conscience humaine éternelle. Et c’est ainsi que Ian McEwan, 71 ans, signe un roman formidablement ambitieux, sous forme d’une uchronie parfaitement maîtrisée : « Une machine comme moi ». Pour décor : Londres en 1982. Quelques faits et gestes troublent : en effet, les Beatles sont toujours là au complet, les Anglais ont perdu la guerre des Malouines et le chercheur Alan Turing est toujours vivant… et c’est grâce à ce dernier que la technologie et la science en matière d’intelligence artificielle ont furieusement progressé. Donc, Charlie a acheté un androïde à l’intelligence artificielle exceptionnelle et nommé « Adam » qui ressemble à un humain. Il sait tout faire, parler, composer des poèmes et même faire des déclarations d’amour à Miranda, la compagne de Charlie. Le trio va vivre en bonne entente, même si Charlie éprouve quelque jalousie à l’encontre d’« Adam »… Y aurait-il du Jules et Jim dans l’air ?
Une machine comme moi
Auteur : Ian McEwan
Traduit par France Camus-Pichon
Editions : Gallimard
Parution : 3 janvier 2020
Prix : 22 €
« 10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange » d’Elif Shafak
Avec Orhan Pamuk (prix Nobel de littérature 2006), elle est une des figures essentielles de la littérature turque contemporaine. Auteure de dix romans traduits dans cinquante langues, Elif Shafak a signé, entre autres, « La Bâtarde d’Istanbul » et « Trois filles d’Eve »- on la retrouve avec « 10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange ». Un titre, un roman qui envisage que c’est là le temps que fonctionnerait encore l’esprit humain après la mort biologique. Et la romancière de raconter l’histoire de Leila, jeune prostituée assassinée à Istanbul. Les meurtriers ont jeté le corps dans une poubelle, mais durant ces 10 minutes et 38 secondes, Leila se remémore tous ces événements, toute cette vie qui l’ont menée d’Anatolie aux quartiers pourris de la ville. Leila, jeune fille de bonne famille dont le destin a basculé. Leila victime comme tant d’autres femmes dans la Turquie d’aujourd’hui. Un texte aussi fort que puissant, tout à la gloire de toutes ces femmes « indésirables »…
10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange
Autrice :Elif Shafak
Traduit par Dominique Guy-Blanquet
Editions : Flammarion
Parution : 3 janvier 2020
Prix : 22 €