Luis de Rocha : le dernier Pape et...la dernière journaliste
- Écrit par : Catherine Verne
Par Catherine Verne - Lagrandeparade.fr/ Ceci est une lettre de démission. On ne prévient jamais assez les journalistes du danger qu'il y a à exercer leur métier. Et puis, patatra, soudain c'est trop tard pour reculer, on regrette, on n'a que les yeux pour pleurer. En plus on a perdu l'adresse de ce petit gîte en Ardèche où on aurait coulé des jours paisibles à garder des moutons si on avait écouté maman, et le numéro de ce beau milanais qui ne demandait qu'à nous idolâtrer, en icône vivante de sa piscine à débordement pour le restant de notre vie. Bref, on est là , à la rédaction d'un journal, rivé à son ordi en train de suer sang et encre pour défendre le talent d'écrivains et d'éditeurs, qui en valent certes la peine, mais quand même... qu'apprend-on?! Qu'à ce jeu-là on risque sa vie?!
Prenez cette petite Sarah Monteiro, l'héroïne du présent thriller, mine de rien: la voilà charmante, tranquille, pas le genre à taquiner le diable, plutôt à qui on donnerait le bon Dieu sans confession, jolie et bien élevée qui plus est s'avère une journaliste consciencieuse revenant de congé. Et bien elle vous dégoûterait du métier à devoir éviter les balles toutes les six pages! Alors maintenant si, quand on écrit pour un journal, il faut se retrouver avec la CIA et la Garde du Vatican aux trousses et traquée par des mercenaires mafieux, non, non! on dit "non" à la Grandeparade: on se rebiffe, on lance une grève de la faim et on descend dans la rue faire circuler des pétitions. Quoi?! Se retrouver impliquée rien moins que dans la disparition du "dernier pape", donc quasi responsable de l'extinction du troisième grand monothéisme de l'histoire, bousculée et séquestrée, assaillie de messages maçonniques codés alors qu'on n'a même pas son brevet de scout en poche et qu'on n'a rien retenu de "Da vinci code", mais bien sûr! Et puis alors un père comme celui de Sarah Monteiro, qui figure sur des listes top secret en douce, histoire de vous mettre la planète à dos pour plusieurs générations, merci bien! A un moment donné, il faut être raisonnable, on n'a qu'une vie. A ce propos, pas sûre finalement pour "la grève de la faim". On raye l'option et puis tiens, on va tous rester fidèles au poste, solidaires de notre rédactrice en chef. Il y a quand même pire que journaliste d'ailleurs, c'est "héroïne de Luis Miguel Rocha", un vrai sacerdoce. La manie de ces très bons écrivains, aussi, de faire d'une quidam qui ne demandait rien, mais alors rien, le centre d'un complot et un sauveur de l'humanité devant courir pour survivre elle-même, tremblant et transpirant tout au long d'un roman mené tambour battant! Quel traitement pour cette petite Sarah, missionnée par monts et par vaux, du Portugal à l'Angleterre en passant par l'Amérique - par ces chaleurs...- et même pas syndiquée. Nous au moins, à Lagrandeparade, on a la clim.
Le dernier pape
Auteur: Luis de Rocha
Editeur: Folio
Traducteur: Vincent Gorce
Parution: 9 juin 2016
Prix: 8,70 euros