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« Mon cœur a déménagé » : vendetta, version Michel Bussi

  • Écrit par : Serge Bressan

bussiPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Ce soir-là, comme un cri de désespoir : « ‘’Mon mari va me tuer ! Vous entendez ce que je vous dis, monsieur Vidame ? Mon mari va me tuer !’’ Tu l’as répété au moins trois fois, maman (…) Vidame ne t’a pas répondu. Il s’est contenté de regarder sa montre, une grosse montre dorée… »

Quelques lignes plus bas, quelques dix secondes plus tard : « Je suis désolé, Maja, je suis travailleur social, pas policier. Le seul conseil que je peux vous donner, c’est d’aller porter plainte. C’est l’unique façon de vous protéger ». Une petite fille de 7 ans prénommée Ophélie a entendu tous ces mots. Le désespoir de sa mère, la légèreté du travailleur social… Dix ans plus tard, devenue jeune femme, Ophélie surnommée Folette par ses proches s’est promis de venger sa mère : alors qu’elle était poursuivie dans les rues de la ville par son mari, brutal et alcoolique, elle est passée par-dessus un pont, elle est morte. Un jour, la mère avait dit au travailleur social qui refusait de lui donner de l’argent : « Mais vous ne comprenez pas ? Si mon mari n’a rien à boire, il va devenir fou ! », réponse de Vidame : « Je vais être clair, Maja. Je ne vous donnerai pas d’argent. Je le fais pour votre bien. Et pour le sien. C’est mon travail. Vous protéger ». La protection n’était pas assez serrée, rapprochée, Maja est morte après être passée par-dessus un pont… L’horreur.
Un féminicide… Voilà donc le sujet principal de « Mon cœur a déménagé », le nouveau polar de Michel Bussi, un des poids lourds de l’édition francophone avec 12 millions d’exemplaires vendus dans le monde, à ce jour. Géographe universitaire de belle renommée, il est entré en littérature à 40 ans, en 2006 avec un premier roman, « Code Lupin ». Cinq ans plus tard, avec « Nymphéas noirs », c’est son premier grand succès. Depuis, il enchaîne livres à succès, dont les droits sont achetés dans trente-huit pays. Pour « Mon cœur a déménagé », il revient en sa région, la Normandie- il y vit, à une vingtaine de kilomètres de Rouen, ville traversée par la Seine et qu’il connaît jusque dans ses recoins. Où il fait courir l’intrigue de son polar, sur une dizaine d’années. Avec Ophélie, donc surnommée Folette- on pourrait aussi nommer « la vengeresse »… Depuis la mort de sa mère en avril 1983 à Rouen, la jeune femme est habitée par une obsession tenace : la venger. On pourrait penser que sa vengeance, elle la réserve à son père, qu’on peut tenir responsable numéro 1 du décès de Maja. On pourrait, mais pour Ophélie- Folette, le fautif dans cette affaire, plus que le père c’est Vidame, le travailleur social qui n’a pas écouté sa mère, son désespoir, ses appels à l’aide et au secours.
Prendre son temps pour la vengeance. Ainsi, Ophélie- Folette va même aller jusqu’à retenir l’attention du fils de Vidame pour mieux l’approcher. Deux mondes, alors, se frottent : les gens de peu, ceux de la rive gauche de la Seine à Rouen là jusqu’à la fin du XIXè siècle, il y avait des forêts, et les installés, ceux de la rive droite- au fil des années, Vidame est monté sur l’échelle sociale. Dès lors, la jeune femme enquête. Cherche des témoins, tente d’assembler les pièces du puzzle… Parviendra-t-elle jusqu’à la vérité, elle qui a été placé, enfant puis adolescente, en foyer, elle qui fut collégienne rebelle puis étudiante sous une fausse identité ? « Mon cœur a déménagé » (titre inspiré de « Si Maman si », chanson interprétée par France Gall en 1977), c’est le roman d’une quête aussi obsessionnelle que bouleversante. C’est aussi un roman et d’amitiés, un thriller et social et sociétal qui raconte les années 1990 en France… Récemment, Michel Bussi confiait que « la vengeance est un genre littéraire en soi ». Mais la sagesse populaire affirme que la vengeance rend aveugle. Et si Ophélie- Folette s’était trompée de cible ? Avec un Michel Bussi en grande forme et inspirée, le suspense demeure entier…

Mon cœur a déménagé
Auteur : Michel Bussi
Editions : Presses de la Cité
Parution : 11 janvier 2024
Prix : 22,90 €

Extrait

« Je me suis réveillée en sursaut.
Tu criais !
Mon livre Rouget et Or était toujours posé à côté de moi, exactement comme tu l’avais laissé, maman, après l’avoir lu « Poucette ». Je crois que je me suis endormie aussitôt, peut-être même avant la fin, au moment où Poucette reçoit deux aile sen cadeau pour son mariage et devient Maja, la reine des minuscules êtres vivants. Je connaissais l’histoire par cœur, c’était ma préférée.
Bolduc dormait. Seuls ses petites pattes s’agitaient. Il devait rêver à une histoire de chats, de souris, ou du fil argenté accroché au barreau de mon lit. Moi je ne rêvais pas. J’avais les yeux bien ouverts mais je restais sans bouger, pour ne pas le réveiller, et surtout pour faire croire à papa que je dormais, moi aussi ».

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