« Flamme, volcan, tempête : un portrait de Christine Pawlowska » : l’écrivaine évaporée
- Écrit par : Guillaume Chérel
Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.com/ Créées en 2011 par Adrien Bosc, les éditions du Sous-sol se sont spécialisés dans la « narrative non-fiction », ce genre entre fiction et réalité.
Autrement dit, le « journalisme littéraire » (également connu sous le nom de « non-fiction littéraire »), une écriture qui utilise des styles et des techniques littéraires pour créer des récits factuellement précis. Parmi les « maîtres », citons Gay Talese (toujours de ce monde au moment où nous écrivons ces lignes), Truman Capote, Joan Didion, Hunter S.Thompson, Tom Wolfe et David Grann, qui a pris la relève. Avant eux, Mark Twain, reporter et père du (grand) roman américain, comme Jack London, Albert Londres et George Orwell ont également mouillé la chemise, in situ, un vivo, comme l’allemand Günter Wallraff, qui s’était mis dans la « peau » d’une turc, dans les années 80.
Cette précision faite, louons le travail réalisé dans « Flamme, volcan, tempête : portrait de Christine Pawlowska », par Pierre Boisson, qui raconte l’histoire de l’autrice d’un seul livre, publié en 1974, mais remarqué, au point qu’on a comparé son talent (précoce) à Radiguet et Sagan, voire Anne Frank. Rien que ça… Or donc, par une belle journée d’été, le dit Pierre Boisson, rédacteur en chef du magazine Society découvre, dans la modeste bibliothèque d’une maison de campagne, un roman oublié dans un coin, en deuxième rangée, presque invisible : « Écarlate », de Christine Pawlowska. Aujourd’hui réédité grâce à lui et aux fameuses éditions du Sous-sol.
Ce court récit, d’une centaine de pages, publié au Mercure de France, au milieu des années 70, hante, des années plus tard le journaliste, comme toutes celles et ceux qui l’ont lu. La plume incandescente de cette adolescente violente (elle frappe son petit frère en cachette pour pouvoir le consoler ensuite) l’assaille de questions. Qui est Christine Pawlowska ? Comment a-t‑elle vécu ? Qu’est-elle devenue ? A-t-elle continué d’écrire ? Tant de mystères qu’une brève recherche Internet ne permet pas d’élucider. Car Christine Pawlowska a littéralement disparu, non seulement du landernau littéraire, mais de la surface de terre.
Pierre Boisson mène l’enquête et découvre la vie triste mais hors norme de celle qui a partagé les pages du cahier d’été de « La Nouvelle Revue française », avec Annie Ernaux, et qui après avoir été fugueuse, est devenue « faiseuse d’ange » (avorteuse), kidnappeuse… et tenancière de bar. Sur deux photos d’elle, en noir et blanc, on découvre une jolie fille brune, aux cheveux courts, ou mi-long, visage androgyne, au regard mélancolique. Ailleurs. Celui d’une jeune femme qui boue d’impatience de vivre intensément, dans une petite ville de province, au sein d’une famille de prolo et employé de bureau. Modeste, simple, banale, sans ambition ni perspective d’amélioration. Elle survit dans « l’agonie des mots absents », selon l’un de ses poèmes aujourd’hui retrouvé.
« Flamme, volcan, tempête » est l’histoire d’une enquête sur une emblématique des années 70. Politisée, Christine Pawlowska aurait pu devenir féministe, ou membre d’Action Directe. Elle est devenue braqueuse littéraire. Pierre Boisson, et son éditeur, les Editions du Sous-sol, lui ont rendu non pas hommage, mais la parole. Ce qui s’appelle faire honneur au métier (de passeur culturel).
Flamme, volcan, tempête : un portrait de Christine Pawlowska
Editions du Sous-sol
Auteur : Pierre Boisson
217 pages
Prix : 19 €
Parution : 28 août 2025
Ecarlate
Autrice : Christine Pawlowska
109 pages
Prix : 13 €






