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Taïpi : une adaptation réussie de l'oeuvre de Melville

  • Écrit par : Guillaume Marcenac
Taipi

Par Guillaume Marcenac -  Lagrandeparade.fr/ "Taïpi : un paradis cannibale" est une adaptation en bande dessinée, par Stéphane Melchior et Benjamin Bachelier, du roman autobiographique de l'écrivain américain Herman Melville paru en 1846. Melville (nommé Tom dans le roman) y relate sa désertion, en compagnie d'un compagnon de galère (Toby), du baleinier - alors au mouillage dans les Marquises - sur lequel il était embarqué depuis six mois. Les deux évadés gagnent l'arrière-pays escarpé à la recherche d'une vallée paisible ; si possible éloignée de la tribu des Taïpis, réputée cannibale. Leur périple les épuise mais, malgré une blessure à la jambe de Tom, ils atteignent finalement une vallée peuplée d'habitants manifestement bienveillants.

Sans être vraiment convaincus qu'on ne les a pas capturés pour les tuer (et en faire le prochain festin de la tribu), les deux hommes se laissent conduire au village. Peu à peu, ils découvrent les traditions et le quotidien de leurs hôtes, rythmés par la proximité de la jungle, sa luxuriante végétation et sa faune légendaire. Cela ne suffit pas à les retenir plus de quelques jours, et ils se convainquent qu'ils doivent partir et envisager un retour à leur civilisation, chez eux, aux Etats-Unis. Toby part donc à la recherche d'un moyen de quitter l'île, tandis que Tom, trop affaibli par sa jambe (malgré les soins prometteurs du sorcier du village), reste seul avec la tribu. Ne voyant toujours pas Toby revenir après plusieurs jours d'absence, Tom se résigne. Il va vivre ici, dans cette jungle, avec sa nouvelle famille, et devenir l'un des leurs. Il fait alors preuve de beaucoup de curiosité vis à vis des us et coutumes, il se lie d'amitié avec certains, et s'imagine même probablement - furtivement - fonder une famille. Jusqu'à ce qu'il découvre la vraie nature de ses hôtes et le destin qui pourrait lui être réservé. Il décide de s'enfuir, et tombe - plus vite qu'il ne l'avait espéré - sur un baleinier envoyé par Toby. Il monte à bord et quitte définitivement l'île, ainsi que ceux qui avaient pour un temps été sa nouvelle famille.

Cette aventure a duré seulement 3 semaines, mais la densité et la quantité d'évènements qui la ponctuent lui donnent beaucoup de profondeur. Le dessin de Benjamin Bachelier est vivant et coloré, inspiré par la diversité des paysages insulaires et des personnages rencontrés. Il contraste avec la gravité de certains thèmes abordés (la survie, l'eloignement, le cannibalisme...), ce qui confère au tout une forme de fausse naïveté - et un côté très Joann Sfar (Le Chat du Rabbin). Naïveté qui contribue à merveille à l’ambiguïté des situations, et aussi à rendre perceptible le malaise des personnages principaux. Ils sont en effet souvent dépassés par des situations sur lesquelles ils n'ont pas de prise (la traversée de la jungle, l'arrivée au village, les cérémonies de la tribu...). Tout cela est servi par une mise en scène claire et dynamique, et une délicieuse débauche de couleurs et de contrastes (un ciel jaune, une mer rose, une montagne bleue...).

"Taïpi : un paradis cannibale" est une adaptation réussie - et relativement fidèle - de l'oeuvre de Melville. En effet, le format bande-dessinée se prête particulièrement bien à l'expression des situations et paysages traversés par Tom et Toby. Et l'album, bien que publié dans la collection Gallimard Jeunesse, s'adresse à un public plus large. Enfin, ajoutez à cela quelques rudiments de dialecte Taïpi proposés par les auteurs en dernière page, et vous l'avez trouvé : votre passeport pour le bout du monde et l'aventure.

Taïpi - Un paradis cannibale

Editions : Gallimard Bande-Dessinée
Scénario de Stéphane Melchior
Dessin de Benjamin Bachelier
D'après l'œuvre d'Herman Melville
Date de parution : 11 / 05 / 2016
104 pages
Prix : 20,9 €

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