Par Sylvie Lefrère - Lagrandeparade.com/ Ce soir à la Bulle Bleue, la salle est comble malgré le froid. Le public est venu découvrir "À ciel ouvert" mis en scène par Julien Guill de la Compagnie Provisoire. Le texte de David Léon est une commande sur le thème de la protection de l'enfance. David, auteur prolifique ( 13 livres aux Éditions 34), comédien, psychologue, et Julien, dont la compagnie a effectué des résidences, entre autres, dans des centres d'enfants en précarité socio-éducative. Ils ont travaillé plus de trois ans sur ce sujet et le rendu présenté ce soir a sidéré le public.

De la violence du système, ils nous offrent leurs regards éclairés. Les enfants sont au cœur de leurs préoccupations et ils positionnent en satellite les professionnels encadrants habillés par leurs limites.
Nous assistons à une pièce dont la forme est singulière. Elle se décompose en poème dansé ponctuellement par les quatre comédiennes et comédiens ( Fanny Rudelle éclatante de liberté d'être, Dominique Léandri dans une retenue puissante, Sebastien Portier aussi fluide dans son corps que dans l'expression de son langage). La chorégraphie est pertinente. C'est le fruit du chorégraphe Jean Sébastien Rampazzi. Entre des silences, ils sont enveloppés par les ondes d'Olivier Privat, guitariste en live, qui se joue d'une voix narratrice rassurante.
Leur ballet apporte de la légèreté au sujet et nous transporte dans leur univers tout en intégrant la gravité des situations. Nous sommes le jour, la nuit. Au fur et à mesure nous devenons plus clairvoyants.
Les acteurs sont tour à tour représentants hiérarchiques de l'institution, ou enfants multiples nommés Jenna. Il n'y a pas de genre et de rôle précis. Cela donne une vision globale des complexités du monde de la protection de l'enfant.
Une radiographie qui s'organise en étoile, d'une façon ciselée, lumineuse et efficace.
Le texte permet de mieux comprendre le poids des situations et les limites du système.
La nuit nous offre à voir ce Ciel ouvert à coeurs perdus. Entre cauchemars et hallucinations, nous naviguons dans un espace stellaire bien réel et vivant. Immergés dans cette actualité relayée régulièrement par les médias, David et la compagnie Provisoire nous présentent ce réquisitoire et stimulent notre prise de conscience de la nécessité de créer des moyens pour améliorer la société de demain.
L'enfant a besoin de protection. Les droits de l'enfant nous le rappellent. L'état semble impuissant depuis toutes ces années, malgré des choix politiques qui s'engagent pour soutenir tout ce travail. Chaque situation de protection de l'enfance pourrait être représentée dans ce ciel comme une étoile. Elles sont filantes, brûlantes, fragiles. Leur nombre banalise leurs existence. Nous sommes face à un fléau sociétal devant lequel l'immobilisme des institutions avance comme des brumes persistantes.
Ce soir, la compagnie de Julien Guill, les comédiens, le chorégraphe et le musicien, accompagnés par le texte de David Léon, ont tendu leur doigt vers ce ciel ouvert. Ils nous ont sensibilisés, bousculés. Nous réalisons l'importance de continuer cet engagement vers le respect des droits de l'enfant , et de tenter de chercher à vivre dans un monde meilleur.

A ciel ouvert ( Compagnie Provisoire) 

Auteur:  David Léon
Mise en scène : Julien Guill
Chorégraphie : Jean-Sébastien Rampazzi
Création sonore en live : Olivier Privat
Distribution : Dominique Léandri, Sébastien Portier & Fanny Rudelle

Dates et lieux des représentations : 

- Le 4 décembre 2025 à La Bulle Bleue ( 285 rue du Mas de Prunet, 34070 Montpellier) - 04 67 42 18 61

- Le jeudi 5 février | Théâtre Jacques Cœur (Lattes – 34)