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Rouge impératrice : une utopie africaine de Léonora Miano

  • Écrit par : Serge Bressan

mianoPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / En ouverture, il y a les mots de Toni Morrison. Et aussi ceux de Kwame Nkrumah (1909- 1972), ancien président du Ghana : « Nous ne sommes pas face à l’Est ou à l’Ouest. Nous sommes devant »… Des mots pour lancer « Rouge impératrice », le nouveau roman de Léonora Miano. Un pavé de près de 600 pages, et surtout l’un des plus vertigineux, l’un des plus ambitieux textes de cette rentrée littéraire d’août- septembre 2019. Dans un entretien à l’hebdo « Les Inrockuptibles », l’auteure a évoqué le genèse de son nouveau roman qui « n'est pas né d'une colère. Il est né de l'envie d'écrire une histoire d'amour qui marche. Avec un type qui ne ment pas, qui est beau, qui fait ce qu'il dit. Un type que je n'ai encore jamais rencontré (rires). Après, les choses se sont compliquées parce qu'il a fallu situer cette histoire d'amour dans un environnement, et là, j'ai été rattrapée par tous mes vieux démons : la politique, la question identitaire et surtout l'une de mes passions du moment, le nouveau nationalisme français avec ses thèses sur le « remplacisme » et la colonisation migratoire ». Donc, voici un texte fleuve pour célébrer l’avènement d’un continent : l’Afrique. Une Afrique futuriste, au 22ème siècle- et l’occasion pour l’auteure de sonder la politique, les laissés-pour-compte, la féminité et l'amour. « L'aventure humaine était faite de disparitions, d'évolutions. Il en avait toujours été ainsi », lit-on. Direction le Katiopa, pays nouveau dans cette Afrique qui respire l’union et la prospérité et accueille les migrants européens- renversement de l’Histoire. Dans Rouge impératrice, il y a aussi une belle partie romanesque avec Illunga, ce chef d'Etat qui souhaite l'expulsion des « Sinistrés », ces descendants des Français, venus se réfugier en Afrique subsaharienne pour trouver le respect auquel ils estiment avoir droit et qui n’envisagent pas de s'intégrer. Il y a aussi sa rencontre avec Boya, femme au teint cuivré, qui penche pour tendre la main aux « Sinistrés ». La rouge impératrice fera-t-elle changer d’avis au chef d’Etat ? Avec Rouge impératrice, Léonora Miano signe là le grand roman d’une utopie africaine.

Rouge impératrice
Auteur : Léonora Miano
Editions : Grasset
Parution : 21 aout 2019
Prix : 24 €

[bt_quote style="default" width="0"]Debout à quelques mètres de la place Mmanthatisi, l’homme n’avait d’yeux que pour la femme. Celle qui se tenait au centre, tel un soleil couchant ayant déposé son rougeoiement sous la verrière. La veille, lors d’une de ces sorties officieuses dont il ne pouvait se passer, la marche du mokonzi l’avait mené à cette place. il y en avait un peu partout à travers Mbanza, en dehors de certains quartiers résidentiels. Leur concepteur avait observé les habitudes populaires dans cette partie du Continent, une propension à délaisser les espaces prévus aux fins de réunion ou de flânerie. Dans les métropoles d’autrefois, seuls quelques fantaisistes prenaient plaisir à arpenter les nzela nettes des parcs et jardins publics. Les autres, plus nombreux, s’attroupaient de préférence sur le côté, le long des murs, au bord des trottoirs… [/bt_quote]


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