Douleur et Gloire : un bel hymne à la vie de Pedro Almodóvar
- Écrit par : Serge Bressan
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / A bientôt 70 ans (le 25 septembre prochain), Pedro Almodóvar est un habitué du Festival de Cannes. Une fois, il a été membre du jury ; une autre, il en a été le président… et cette année, pour la sixième fois, il fait le voyage cannois pour présenter son vingt-deuxième film, « Douleur et Gloire). Bien sûr, le réalisateur espagnol a dit et répété qu’il n’est pas nécessaire de recevoir une Palme d’or à Cannes pour faire du cinéma mais c’est bien là une des rares récompenses qui manquent sur son CV…
De cette 72ème édition cannoise 2019, « Douleur et Gloire » est cité parmi les grandissimes favoris- et, sauf surprise colossale, voilà un film qui devrait figurer au palmarès annoncé le 25 mai prochain. Sorti en Espagne fin mars dernier, le nouveau Almodóvar a été diversement accueilli du côté de Madrid et Barcelone. Pourtant, on a là le film le plus introspectif du réalisateur de « Attache-moi ! », « Volver » ou encore « Tout sur ma mère ». Avec « Douleur et Gloire », c’est tout sur Pedro A. ! En préambule de la bande-annonce de ce nouveau film, le réalisateur espagnol confiait : « Douleur et Gloire est-il un film basé sur ma vie ? Non, et oui, absolument ». Donc, ce long-métrage n’est pas un biopic, pas plus qu’une autobiographie cinématographique- n’empêche ! comment ne pas voir en Salvador Malo, le personnage principal, le double fantasmé de Pedro Almodóvar ?
Dans « Douleur et Gloire », encore plus que dans « La Mauvaise Education » (2004), il y a tout Almodóvar. L’enfance au temps de la dictature franquiste. Une mère aimante. L’homosexualité. La peur de la maladie. Les regrets. Oui, et il ne s’en cache pas vraiment, de son histoire personnelle, le cinéaste s’est inspiré. Librement, très librement. Dernier volet d’une trilogie (après « La Loi du désir » en 1986 et « La Mauvaise Education »), « Douleur et Gloire » reprend pour personnage principal un réalisateur et porte là encore sur le désir et la fiction cinématographique- précision de Pedro Almodóvar : « Dans cette trilogie, la façon dont la fiction s’entremêle avec la réalité diffère d’un film à l’autre. Fiction et vraie vie sont les deux faces d’une même pièce de monnaie et dans la vraie vie, il y a toujours de la douleur et du désir ». Avec ce nouveau film, entre douleur(s) et gloire, c’est une série de retrouvailles après plusieurs dizaines d’années, certaines en chair et en os, d’autres par le souvenir, dans la vie d’un réalisateur en souffrance. Il y a les premières amours, les suivantes, la mère, la mort, des acteurs avec qui il a travaillé, les années 1960, 1980 et l’aujourd’hui. Il y a aussi l’impossibilité de séparer création et vie privée. Et ce vide immense face à l’incapacité de continuer à tourner. Des thèmes récurrents dans l’œuvre du cinéaste espagnol.
Porté par un impeccable Antonio Banderas (qui tourne pour la huitième fois avec le réalisateur de « Parle avec elle »), sublimé par une incandescente Penélope Cruz, « Douleur et Gloire » est bien plus qu’une autobiographie camouflée, c’est un hymne à la vie. Une vie de douleur et de gloire. Une vie à la Almodóvar !
Douleur et Gloire (Dolor y Gloria)
17 mai 2019
Durée : 1 h 53 min
Réalisateur : Pedro Almodóvar
Scénario : Pedro Almodóvar
Avec Antonio Banderas, Penélope Cruz, Asier Etxeandia, Cecilia Roth, Julieta Serrano...
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