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Léonie est en avance : l'adaptation délirante et drôle d'Antonin Chalon

  • Écrit par : Guillaume Chérel

Léonie est en avancePar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/  Encore un bon Feydeau au Lucernaire ! On finirait presque par s’habituer, à défaut de se lasser… Ne boudons pas notre plaisir, surtout lorsqu’il s’agit de découvrir une pièce en un acte qu’on ne connaissait pas : « Léonie est en avance », jouée et mise en scène par une joyeuse bande de jeunes acteurs, et actrices, bourrés d’énergie créatrice.

La bourgeoise Léonie ne devait accoucher que dans un mois. Au gré de ses poussées hormonales, elle passe son temps à râler, geindre, se plaindre, voire hurler après son mari, le pauvre Julien Toudoux, qui subit ce chaos avec autant de philosophie que possible... D’autant que les parents de la jeune femme, la soubrette, et même la sage-femme vont encore en rajouter, précipitant la situation dans le surréalisme et l’absurde.
Petit bijou d’humour caustique, le Collectif de la Cantine (le nom de la Compagnie en dit déjà beaucoup) nous livre un excellent vaudeville qu’on ne pourra pas taxer de « théâtre de Boulevard »… puisqu’il se joue au Lucernaire, au bord de la mer ! Explications : Antonin Chalon, le metteur en scène (c’est sa première) a su intégrer des images de plage qui illustrent les rêves de deux des personnages, Julien Toudoux (joué par Augustin Bouchacourt) et Mr de Champrinet (Charly Fournier) : le premier, nu, s’imagine tartiner sa femme et sa belle-mère de fromage avant de faire l’amour à trois… Le seconde, en tenue d’Adam également, se verrait bien faire des câlins à son gendre.
Le metteur en scène a imaginé cette (potentielle) future naissance comme un film d’horreur, voire de guerre et d’enquête. D’où l’idée de cette sage-femme saugrenue, aux faux airs de Sherlock Homes en jupons, avec sa malle à ustensiles aussi bizarroïdes que son comportement érotomane. Il faut savoir, à ce stade de l’histoire, qu’ils sont tous plus barges les uns que les autres. Avec une mention spéciale pour Florence Fauquet qui campe une sage-femme (Mme Virtuel) complètement dingo, à mi-chemin entre Louis De Funes dans « Oscar » et les dessins animés de Tex Avery. Comme disait Georges Feydeau lui-même, « prenez la situation la plus tragique qui soit, une situation à faire frémir un gardien de morgue, et vous essayez d’en dégager le côté burlesque » : vous avez une bonne pièce comique.
La jeune troupe sait nous faire partager le cauchemar de ce couple, notamment celui de la femme « censée » être enceinte, Léonie Toudoux, campée par une Manon Rey, parfaite en baleine qui se traîne comme un veau, passant d’un extrême (tendresse cu-cul la praline) à l’autre (agressivité dictatoriale). Sa mère (Mme de Champrinet jouée par Mathilde Charbonneaux) et la bonne Clémence (Victoire Goupil ou Claire Bouanich) sont également excellentes dans leurs rôles respectifs de belle-mère insupportable et de boniche traîne-savate. Bref, le public passe un bon moment de rigolade et n’en revient pas que cela soit déjà fini lorsque le pot de chambre annonce la fin du spectacle. Bon, évidemment, c’est un rien misogyne mais il faut remettre ça dans le contexte de l’époque et nous en connaissons qui se reconnaîtront.

Léonie est en avance de Georges Feydeau (1 h 05).
Mise en scène : Antonin Chalon
Collectif La cantine
Avec Augustin Bouchacourt (Julien Toudoux), Mathilde Charbonneaux (Mme de Champrinet), Florence Fauquet (Mme Virtuel), Charly Fournier (M. de Champrinet), Victoire Goupil ou Claire Bouanich (Clémence), Manon Rey (Léonie Toudoux).
Vidéo : Victor Hanna
Lumières : Geoffrey Kuzman
Costumes / coiffure / scénographie : Hugo Bardin   

- Du 11 mai au 18 juin 2016 au Lucernaire / théâtre rouge, 53, rue Notre-Dame-Des-Champs – 75006 Paris / Tel : 01 45 44 57 34


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