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Frédérique Lazarini : Une très belle reprise d’une œuvre phare de Balzac

  • Écrit par : Guillaume Chérel

Père GoriotPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/  Anciennement appelé l’« Artistic Athévains », l'Artistic Théâtre, situé tout près de la Place Voltaire, dans le onzième arrondissement de Paris, présente une adaptation inédite du « Père Goriot », de Balzac, jusqu’au 29 mai 2016. Et c’est une bonne surprise ! Trois comédiens, et quelques masques (pour camper les personnages féminins) composent l'histoire tragique de ce père appauvri et délaissé par ses deux filles : une adaptation vraiment réussie. On ne voit pas passer l’heure et demie de spectacle.
C'est l'un des plus beaux et des plus tristes romans de Balzac. Pour rappel, « Le Père Goriot » (début de « La Comédie Humaine ») raconte l'histoire d'un père entièrement dévoué à ses deux filles volages. Celles-ci, attirées par l'argent, le succès et les jolis vêtements, n'hésitent pas à le dépouiller pour s'offrir les plus belles robes de bal. Ainsi, alors qu'elles sont toutes les deux comtesses grâce à leurs mariages réussis, lui n'est qu'un pauvre bougre enfermé dans une pension de misère. C'est là qu'il rencontre Rastignac, jeune étudiant affligé d'observer quel manège se trame autour du Père Goriot, solidaire de ses souffrances quoiqu'irrésistiblement attiré par l'une de ses filles.
De cette histoire bien connue, la metteuse en scène Frédérique Lazarini tire une farce aigre-douce : pour condenser le texte et éclairer son sens pathétique, elle a choisi le plus simple des décors, des fenêtres où apparaissent les différents personnages, joués par trois comédiens qui, pour interpréter les femmes, se parent de masques ridicules. L'idée rappelle les origines du théâtre élisabéthain et souligne que les acteurs, avant d'être homme ou femme, sont acteurs. Il est remarquable d'observer comment Marc-Henri Lamande, malgré son sexe et son âge, peut imiter une jeune fille prétentieuse en deux gestes maniérés et trois soupirs. Il y a donc de la malice et de bonnes idées dans cette mise en scène qui plaira aussi bien aux scolaires qu'aux spectateurs adultes. Difficile de ne pas s'émouvoir de la fin pathétique du Père Goriot. Une pièce d’une actualité certaine sur le pouvoir et les dégâts causés par l’argent. Sur ce point, la Comédie humaine n’a pas évolué d’un iota.

Notons que dans ce même théâtre est donnée une autre pièce moins réussie à nos yeux, mais qui porte aussi sur un sujet fort : l’analphabétisme. « Ana ou la jeune fille intelligente », de Catherine Benhamou, avec Catherine Benhamou, est bourrée de bonnes intentions mais ça ne décolle pas. Un peu trop basique pour un public adulte, surtout amateur de théâtre : lumière sombre, agitations de l’actrice, poupée flippante… Le résultat est tristounet alors qu’il y a de bonnes idées de mise en scène et un sujet touchant, répétons-le.

Le Père Goriot, d’après Honoré de Balzac
Adaptation Didier Lesour
Mise en scène : Frédérique Lazarini
Avec Thomas Ganidel, Marc-Henri Lamande et Didier Lesour, ou Jacques Bondoux en alternance.
Artistic Théâtre : 45, rue Richard-Lenoir – 75011 Paris - Jusqu'au 29 mai 2016
Résa : 01 43 56 38 32 / www.artistic-athevains.com

 


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