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La Compagnie El Ajouad : un monologue et un concert, aussi poétiques qu'engagés

  • Écrit par : Justina Zilyte

End/ignéEND/IGNÉ   Par Justina Zilyte - Lagrandeparade.fr/ Une phrase prononcée dans le clair obscur d'une salle d'autopsie fait éclater la chair, le silence puis l'émotion. Un homme crie  :  « j'ai allumé mon corps pour le regarder vivre ! ».

Cet « homme» ce n'est pas simplement Moussa, laveur de mort qui fait sa propre autopsie dans la pièce, ni son ami Aziz qui s'est transformé en « oiseau de feu »  pour crier sa rage à Balbala,  un quartier de la ville de Djibouti. L'« homme » qui parle n'est pas uniquement ce jeune arabe qui après s’être fait immolé et avoir survécu, explique son geste à  l'auteur de la pièce, Moustapha Benfodil. Cet « homme » , c'est  toute une génération d'indignés, qui après avoir enflammé les rues des pays arabes, se sont littéralement servis de leur corps pour en faire des flambeaux de la révolte. Plus généralement encore, c'est le « cri » de la jeunesse dans ce qu'elle a d'universel : sa détermination à dire NON, comme la mythique Antigone, à tout ce qui la brime et l 'étouffe. Il est vrai qu'en assistant au spectacle, il est difficile de ne pas être plongé dans l'actualité brûlante des « printemps arabes », ne serait-ce que par l'émotion palpable dans la salle ce jour-là mais ni l'auteur francophone, ni le metteur en scène Kheireddine Lardjam n'ont voulu tomber dans le pathos pas plus que dans le strict documentaire. C'est donc bien l'histoire de Moussa que vous allez voir,  de ses espoirs, de ses désillusions et de son délire poétique pour supporter la vie ainsi que la mort de son camarade Aziz. La mise en scène est sobre, statique et donne la place à la parole ainsi qu'au corps. Selon nous, la pièce acquiert plus de puissance dans sa deuxième partie, le jeu y est moins « théâtral » que dans la première, les mots s'y bousculent moins vite et la poésie de Moustafa Benfodil prend toute son ampleur. Elle  envahit le temps, l'espace et le comédien dans sa chair. Il faut dire qu'Azzedine Benamara fait une très belle performance dans ce monologue. Son énergie nous tient en haleine jusqu'au bout des mots. C'est donc avec ferveur que nous vous invitons à aller voir le spectacle de la compagnie El Ajouad  dont le nom prend tout son sens à la fin de la pièce. El Ajouad se traduit par "Les Généreux", titre d'un roman d'Abdelkader Alloula, premier artiste et dramaturge algérien assassiné par les islamistes en 1994.

END/IGNÉ
Création 2009
Compagnie El Ajouad

Auteur :Mustapha Benfodil
Metteur en scène  : Kheireddine Lardjam
Comédien : Azzedine Benamara
Scénographe : Estelle Gautier
Création sonore : Pascal Brenot
Création lumière : Manu Cottin
Durée : 1h10

Dates de représentation:

Le 7 avril 2016 au Théâtre Jean Vilar ( Montpellier - 34)

 

Le poète comme boxeurLE POÈTE COMME BOXEUR   La compagnie El Ajouad, propose avec ce spectacle un « concert dramatique », indocile et percutant où le récit autobiographique se mêle au débat politique et aux chants traditionnels d'une lointaine Algérie. En effet, Larbi Bestam (leader du groupe algérien El Ferda)  se fait écho musical du poète révolutionnaire Yacine Kateb interprété par Azeddine Benamara et dont l'histoire de vie rejoint la grande Histoire. De la colonisation à l'indépendance, d'une langue maternelle à celle des oppresseurs, le poète cherche sa place et ses mots sur la scène devenue ring. Ses adversaires ont des visages multiples : colonisateurs, bourgeois algériens, islamistes radicaux... tous se prennent des revers critiques, des droites renversantes  qui mettent chaos l'oppression et l'intolérance. Le spectateur lui-même sort sonné de ce match sous haute tension. La musique n'adoucit pas toujours les moeurs ! Ici, elle se fait le prolongement de la voix du poète et épouse le moindre de ses  états d'âme. Un beau duo, mis en scène avec délicatesse et humanité par Kheireddine Lardjam dont les adaptions ont toujours soin de matérialiser l'urgence des mots. A la sortie de théâtre nous ne pouvons nous empêcher de penser à cet autre « poète boxeur » que fut Aimé Césaire , notamment à une phrase  amputée au Cahier du retour au pays natal et qui résume, à notre avis, l'intention de cette pièce. Le poète antillais écrit «  ah oui, des mots ! mais des mots de sang frais, des mots qui sont des raz-de-marée et des érésipèles et des paludismes et des laves et des feux de brousse, et des flambées de chair, et des flambées de villes...»

LE POÈTE COMME BOXEUR
Compagnie El Ajouad
Théâtre/ Concert

Montage du texte et dramaturgie : Samuel Gallet
Metteur en scène  : Kheireddine Lardjam
Comédiens : Azzedine Benamara et Larbi Bestam
Musique et chant: Larbi Bestam
Durée : 1h10

Le site de la Cie

Dates de représentation:

- Le 3 avril 2016 au Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine

-Le 5 avril 2016 à C2, Centre Culturel de Torcy (71)

- Le 8 avril 2016 au Théâtre de l'Albarède à Ganges ( 34190)

- 12 avril 2016 à La Ferme de Bel Ebat - Théâtre de Guyancourt (78)
 

 


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