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Un rossignol chantait : le plein des sens

  • Écrit par : Christophe Martin

pie menteurPar Christophe Martin - Lagrandeparade.com/ Quelle mouche a piqué cette compagnie de ressortir "Un rossignol chantait" ? Cette pièce de Robert Lamoureux (1920-2011), un des papes du boulevard des trente glorieuses (également scénariste et réalisateur de la trilogie comique et militaire, la septième compagnie), mise en scène par Jean Marais au théâtre des Variétés en 1959, n’avait jamais été reprise. On le comprend d’autant plus aujourd’hui. À l’heure des Smartphones et des GPS, elle n’aurait pas lieu d’exister.

Une jeune femme, Isabelle, son mari et un ami médecin tombent en panne d’essence au beau milieu d’une forêt de bouleaux. Seule solution, à la fin des années 50, prendre son jerrican et faire les 10 kilomètres à pied pour chercher de l’essence. Le mari ne tient pas à y aller seul et surtout à laisser sa femme en compagnie du médecin quelque peu pressant. Ils partent donc tous les trois mais la jeune femme rebrousse vite chemin, prétextant des chaussures à talons et des chevilles fragiles. Elle ne va pas rester seule bien longtemps, un vagabond et un rossignol vont faire irruption et bousculer son attente et une situation déjà embarrassante.

La jeune femme découvre un autre mode de vie, plus proche de la nature, personnifiée par le vagabond. On pense à Partie de campagne, de Renoir, où lors d’une journée à la campagne avec sa famille et son futur mari, une fille de commerçants parisiens éveille ses sens, frémit aux opportunités qui s’ouvrent à elle puis se rend compte du désastre de sa vie et de ce qu’elle va louper. Le vagabond, pour Isabelle, est l’ouverture à un monde nouveau qu’elle rejette d’abord, mais qui l’attire, notamment par opposition à son mari entrepreneur dans les tuyaux et au médecin. Lors de cette journée, elle entrevoit tout ce qu’elle pourrait vivre (un sens à sa vie) et qu’elle ne vivra jamais avec son mari ou son éventuel amant médecin.

En dépit d’une distribution inégale, les jeunes acteurs nous embarquent dans cette histoire. On la déguste comme un petit bonbon acidulé, on suit avec plaisir cette historiette parce qu’elle nous divertit, nous détourne de notre quotidien digitalisé, nous distrait, et c’est très agréable. Sans prétention, mignon, drôle, suranné, divertissant, frais, doux mélange entre vaudeville, Rohmer et Renoir, le spectacle de cette journée au milieu d’une nature déroutante, troublante (hélas matérialisée par un décor illustratif un peu « cheap », là où la suggestion eut été plus appropriée) remplit parfaitement son office.
On sait gré à cette jeune compagnie d’avoir déniché ce texte et de l’offrir à un public qui en oubliera sa vie connectée, son Smartphone et qu’on peut s’en sortir sans, même en panne d’essence.

Un rossignol chantait de Robert Lamoureux
Mise en scène : Loïs Argillet
Avec Marceau Gavrel, Margaux Goyot, Victor Lelong, Blaise Le Boulanger, Maxime Monniot

Dates et lieux des représentations: 

- Jusqu’au 27 octobre 2019, du mercredi au samedi à 19h ou 21h, les dimanches à 15h45 au Théâtre le Funambule ( 53 rue des Saules, 75018 Paris) - Réservations au 01 42 23 88 83


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