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Karin Viard : Gloire et décadence de Vera

  • Écrit par : Julie Cadilhac

VéraPar Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ Vera est directrice de casting. Elle gère des artistes excentriques et shootés au Prozac toute la journée. Séances de photos en studios, castings, tournages, avant-premières, Vera assure, Vera écrase tout sur son passage et l'humain n'est pour elle qu'une matière de plus à formater au mieux pour gagner davantage d'argent encore. Tout est monétisé. Alors Vera est ravie car elle fusionne avec une prestigieuse agence londonienne. Sa réussite est exponentielle. Elle agit avec sa famille avec les mêmes détachement et cynisme qu'au boulot ; et même lorsque tout s'effondre, elle continue à se battre envers et malgré tout. Vera, c'est le portrait glaçant d'un monde broyé dans la mécanique bien huilée et séduisante de l'ultra-libéralisme. Vera, c'est le portrait au vitriol du microcosme de la société du divertissement et de la publicité. Vera, c'est le mauvais côté de la médaille d'une femme désabusée.

Les premières minutes sont, commençons par l'avouer, inquiétantes. Le texte y est insipide et plat, les intermèdes musicaux pathétiques - qu'on y entende un second degré ou pas -, les clichés s'accumulent jusqu'à l'écœurement, résonnent des faux accents anglais à vous flanquer un indéfrisable...Bref, on s'accroche alors à l'esthétique de la scénographie, aux jeux de lumière, à l'utilisation de gros plans projetés pertinente et au jeu zélé de Karin Viard. Puis...tout se bonifie. Les dialogues prennent de la consistance ( même si ça n'est pas du Brecht...) et la chute de Vera s'avère plus accrocheuse que ses heures de gloire. Vera n'a pas ménagé le monde, le monde le lui rend bien. Karin Viard est la raison suffisante pour voir cette comédie sociale hygiénique. Elle fait montre d'une énergie foudroyante et dans cette vie entre deux ascenseurs, son personnage use d'une palette d'émotions accrocheuse. Helena Noguerra est très inégale, sans doute est-ce du à la multiplication des rôles joués. Pierre Maillet, que l'on a vu sublime dans d'autres mises en scène ( "Mes jambes si vous saviez quelle fumée!"!), déçoit dans les rôles sans éclat qu'il assume cependant courageusement. On félicitera la qualité des costumes, des coiffures et des perruques..artifices choisis avec pertinence. L'ajout de documents photographiques authentiques tirés de l'enfance de Karin Viard n'apporte à notre sens pas grand chose et sont un peu redondants avec le cheminement que peut faire toute seule la pensée du spectateur. On a bien compris que la fraîche et candide enfant avait été pervertie par le système ; on trouve ça un peu facile tout de même...

De la gloire à la "merde" la plus totale, de la soupe médiatique au geste artistique spontané, Vera s'accroche bon gré mal gré, apprend - un peu- de ses erreurs et repart comme en quarante. Une pièce qui est loin d'être incontournable mais...intéressante!

[bt_quote style="default" width="0"]Dans ce métier, le cancer est une occasion rêvée pour aller plus loin.[/bt_quote]

Vera

De Petr Zelenka
Mise en scène : Élise Vigier et Marcial Di Fonzo Bo
 - Assistés d’Alexis Lameda-Waksmann

Traduction : Alena Sluneckova

Version pour la scène de Pierre Notte
Avec Karin Viard, Helena Noguerra, Lou Valentini, Rodolfo De Souza, Marcial di Fonzo Bo et Pierre Maillet
Scénographie : Marc Lainé et Stephan Zimmerli

Lumières Bruno Marsol

Son : Manu Léonard

Costumes: Anne Schotte

Perruques : Cécile Kretschmar

Vidéo : Romain Tanguy et Quentin Vigier

Films réalisés par Nicolas Mesdom

Décor construit par les Ateliers de la Comédie de Caen
Chanson de Vera, paroles et musique : Pierre Notte
Arrangements : Étienne Bonhomme

Petr Zelenka est représenté par Aura-Pont S.R.O. Prague, Czech Republic
Durée 2h

Dates des représentations:

- Les 7, 8 et 9 Décembre 2016 au 
Théâtre Bernadette Lafont au Théâtre de Nîmes

- Le 13 décembre 2016 à la Scène nationale d’Albi


- Du jeu. 23 mars au sam. 08 avril 2017 à Paris - Théâtre de la Ville - Tel. +33 (0)1 42 74 22 77



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