Madame X : le grand carnaval artistique de Madonna
- Écrit par : Serge Bressan
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.com / Une attente de quatre années. Qu’était-il donc arrivé, la « Madone » avait-elle disparu? On savait que depuis deux ans, elle s’était installée au Portugal et que, nous disait-on, elle y travaillait sur un nouvel album qui viendrait après le très décevant et banal « Rebel Heart » sorti en 2015. Et là, en ce printemps traînant sur sa fin, Madonna est de retour. Un quatorzième album au titre aussi cinglant qu’énigmatique : « Madame X ». La chanteuse américaine, 60 ans depuis août 2018, confie : « Madame X, c’est une enfant, un professeur, une religieuse, une chanteuse, une sainte, une prostituée, une espionne dans la maison de l’amour… » Oui, cette Madame X ressemble tant et tant à Madonna, née Louise Ciccone le 16 août 1958 à Bay City, Michigan (Etats-Unis). A cette Madonna qui, depuis près de quarante ans, fait et défait les modes musicale, vestimentaire et sociétale…
A l’image d’un David Bowie au féminin, la « Madone » américaine aux origines italiennes n’a pas sa pareille pour respirer l’air du temps, pour anticiper les tendances… sans hésiter à jouer la provocation et choquer la bien-pensance et le puritanisme ambiants. Depuis « Madonna » paru en 1983, chacun de ses albums est attendu tant pour ses qualités (présumées) artistiques que pour les indicateurs de tendances qu’il contient. Alors, autant dire que, malgré une apparition calamiteuse le 18 mai dernier à Tel Aviv sur la scène du Concours de l’Eurovision (montant du cachet du jour pour trois chansons : 1,5 million d’euros !), la sortie de « Madame X » a fait l’objet de toutes les rumeurs, de toutes les supputations. Qu’allait nous proposer la « Madone », cette chanteuse aussi actrice, réalisatrice et productrice qui demeure la plus importante vendeuse d’albums (plus de 300 millions) de l’histoire de la musique ? Qu’allait nous sortir celle qu’aucune autre n’a pu faire tomber de son trône de « Queen of the Pop » ?
Oui, depuis près de quarante ans, c’est bien l’obsession artistique de la Reine de la pop dont tant de dauphines (parmi lesquelles Britney Spears et Beyoncé) voudraient faire tomber la tête dans le sable : être dans le coup et toujours y rester. Ainsi, avec « Madame X », elle apparait avec un œil recouvert d’un cache siglé X et propose une pochette avec un gros plan sur une poitrine féminine (la sienne ?) avec un sein dont le téton est percé par la tige d’une rose rouge. « « Madame X », c’est aussi, musicalement en treize chansons (quinze pour le CD édition DeLuxe), un ensemble hétéroclite. De la pop, de l’invitation au voyage avec un piano élégant (« Dark Ballet ») et de la plongée dans l’Histoire avec Jeanne d’Arc oui bien sûr, mais aussi du latino (« Medellin » avec la star reggaeton Maluma), une pointe de fado portugais (Lisbonne, ô Lisbonne) et de l’Afrique (hommage au Cap-Vert et à l’Angola) et avec de la sono brésilienne avec « Batuka », une chanson soutenue par des batucada, explosives percussions venues de Rio de Janeiro et Sao Paulo. Avec Madonna et « Madame X », c’est l’assurance d’un grand carnaval sous le haut patronage du Français technoïde Mirwais Ahmadzaï qui a déjà, dans le passé, produit la « Madone » (« Music »- 2000, « American Life »- 2003, et « Confessions on a Dance Floor »- 2005). Le grand carnaval artistique qu’elle est encore et toujours la seule à pouvoir proposer. A oser proposer. Evidemment, on ne résiste pas à sa proposition- qui n’a rien d’indécente !
Madonna : « Madame X »
Label : UniversalMusic
Parution : 14 juin 2019
La tracklist (éditions standard et DeLuxe)
1/ « Medellin » (feat. Maluma)
2/ « Dark Ballet »
3/ « God Control »
4/ « Future » (feat. Quavo)
5/ « Batuka »
6/ « Killers Who Are Partying »
7/ « Crave » (feat. Swae Lee)
8/ « Crazy »
9/ « Come Alive »
10/ « Extreme Occident » (*)
11/ « Faz Gostoso » (feat. Anitta)
12/ « Bitch I’m Loca » (feat. Maluma)
13/ « I Don’t Search I Find »
14/ « Looking for Mercy » (*)
15/ « I Rise »
(*) Chansons dans la version DeLuxe.
Dates et lieux des concerts
-Londres. The London Palladium : 26, 27, 29 et 30 janvier 2020. 1er, 2, 4, 5, 6, 8, 9, 11, 12, 13, 15 février 2020.
-Paris. Le Grand Rex : 18, 19, 20, 22, 23, 25, 26, 27, 29 février 2020. 1er mars 2020.
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Best of…
« Madonna » (27 juillet 1983)
Premier album studio. Après quelques années à Paris où elle fut, entre autres, danseuse pour Patrick « Born To Be Alive » Hernandez, elle revient à New York et signe un contrat avec le label Sire Records. Tenu dès sa sortie comme l’un des meilleurs premiers albums de l’histoire de la pop music, « Madonna » est influencé par la dance pop, le post disco et le pop rock. Pour le site AllMusic, on a là « un album dissonant qui se présente sous forme de disco synthétique rythmé en utilisant quelques nouvelles technologies de l'époque, comme le LinnDrum, le Moog Taurus ou le synthétiseur OB-X ». Selon Madonna, « les chansons étaient assez légères ».
« Like A Prayer » (21 mars 1989)
Quatrième album studio. A la production : Stephen Bray et Patrick Leonard. Dès la sortie, la critique est unanime : c’est « l’album de la maturité ». Au menu, onze chansons pour un album dédié « à ma mère qui m’a appris à prier ». La chanteuse a voulu mettre en évidence les influences du catholicisme sur sa vie et évoque le rituel religieux, l'art déployé dans les églises et le côté mystérieux qui l'entoure. Mégastar des adolescents alors, Madonna fait scandale avec le clip de « Like A Prayer » : elle y embrasse un Jésus noir… A la trentaine resplendissante, dans cet album, elle tente de régler ses comptes avec son ego et sa famille.
« Ray of Light » (22 février 1998)
Septième album studio. Vendu à ce jour à plus de 20 millions d’exemplaires. Parmi les producteurs, William Orbit spécialisé dans la musique électronique. Quatorze chansons que Madonna a voulues basées sur ses expériences personnelles et des questions fondamentales de la vie (mort, peur, amour,…). Elle y évoque également la célébrité (« Drowned World / Substitute For Love »), la maternité (« Nothing Really Matters », « Little Star »), la spiritualité (« Shanti /Ashtangi », « Frozen »)… et aussi, dans « Mer Girl », la mort de sa mère. A nouvel album, nouveau look avec un style naturel- cheveux bruns et tenues beaucoup moins provocantes qu’auparavant…
« Confessions on a Dance Floor » (9 novembre 2005)
Dixième album studio. A ce jour, plus de 12 millions d’exemplaires vendus dans le monde. Grammy Award 2006 dans la catégorie « Best Electronic / Dance Album ». Après le critiqué « American Life » (2003), la chanteuse décide de prendre une autre direction et confie : « Maintenant, j'ai envie de m'amuser, de danser et faire danser les gens. Le monde va mal, et je veux rendre les gens heureux ». Enregistré dans l’appartement du producteur Stuart Price et fortement influencé par Giorgio Moroder et les Bee Gees, « Confessions on a Dance Floor » est un hommage au disco des années 1970 et à l’electropop des années 1980. Comme la playlist d’un DJ, les douze chansons s’enchaînent les unes aux autres.