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Boxe Boxe Brasil : l’autopsie chorégraphiée de l’estomac d’un boxeur

  • Écrit par : Julie Cadilhac

BoxePar Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ En étroite complicité avec le Quatuor Debussy, Mourad Merzouki a inventé avec ses talentueux danseurs un ballet d’une esthétique irréprochable où la violence intrinsèque du sport de combat se marie avec virtuosité à la douceur de la musique classique, où les caractéristiques de la danse et de la boxe fusionnent pour offrir des minutes de grâce et d’émotion mémorables.

Corps-à-corps, uppercuts, pieds-poings, esquives, sautillements…tous les gestes spécifiques de la boxe ici deviennent mouvements chorégraphiés ; le temps se mesure en rounds, l’espace se délimite en ring ( trouvons là l'occasion de féliciter l'inventivité et la beauté de la scénographie, des constructions et des peintures), l’arbitre bedonnant ( drôle à souhait!) garde un oeil vigilant et les adversaires transcendent l’agressivité intrinsèque du pugilat en combats aux enjeux émotionnels et métaphysiques patent. Derrière chaque coup de poing, le boxeur fait exulter une part de lui-même ; le ring devient exutoire, moyen d’évacuer ses peurs, de redevenir soi, d’appréhender l’autre. Dans l’attaque ou sur la défensive, la boxe devient ici une métaphore visuelle prégnante de la vie. Vers quoi, en effet, tend-on le poing? Où nous amène-t-il?

Dans chaque séquence imaginée s’invitent avec évidence des imageries de combattants mythiques; les protections sur la tête ont des airs de casques corinthiens et l’âge d’or brille sur les torses fiers, les peignoirs enfilés après le combat, par des jeux de lumière en clair-obscur superbes, donnent aux performers des silhouettes de spectres-ninjas; ailleurs on croit voir des indigènes en découdre pour s’imposer dans leur tribu et à la fin, c’est presque un haka de boxeurs qui s’impose, à moins que ce soient des gladiateurs prêts à bondir dans l’arêne…et la musique, teintée de nostalgie mélodique -où l'Italie frissonne souvent, accompagne avec pertinence ces iliades.
Dans cette pièce dansée, tout est en effet à applaudir ; les musiciens en queue de pie, totalement intégrés au spectacle, offrent d'exquises minutes d’évasion musicale ; évoluant tantôt sur des fauteuils aux circonvolutions magnifiques, intégrant le ring ou s’improvisant public des luttes qui se jouent sans cesse sur le plateau…

On se rappelle après d’un ballet de gants joueurs, d’un groupe de danseurs qui apparait et fait corps progressivement dans un ring étroit, d’une scène remarquable où hip-hop et punching-ball-métronome riment au diapason, de corps-toupies, d'un tableau où les instruments accompagnent les coups et le rythme s’imprime dans les mouvements autant que dans les notes ou encore d’effets de transparence et d’ombres itératifs d’une belle gravité narrative.
Qu’y-a-t-il derrière chaque coup? Jusqu’où nous portent nos poings? La boxe autant que la danse nécessitent une maîtrise du corps et convient au dépassement...Derrière les grilles, un dernier regard à la tension dramatique sublime, la musique est devant, précède le combat qu'il faut continuer à mener...

incontournable! 

Boxe Boxe Brasil - Re-création 2017

Centre Chorégraphique National de Créteil et du Val-de-Marne / Compagnie Käfig – Direction Mourad Merzouki
Direction artistique et chorégraphie : Mourad Merzouki
Conception musicale : Quatuor Debussy et AS’N
Interprétation chorégraphique : Diego Alves Dos Santos dit Dieguinho, Cleiton Luiz Caetano De Oliveira, Aguinaldo De Oliveira Lopes dit Anjo, Helio Robson Dos Anjos Cavalcanti, Geovane Fidelis Da Conceição, Diego Gonçalves Do Nascimento Leitão dit White, Wanderlino Martins Neves dit Sorriso, Jose Amilton Rodrigues Junior dit Ze, Alexsandro Soares Campanha Da Silva dit Pitt

Interprétation musicale Quatuor Debussy - Christophe Collette, Marc Vieillefon, Vincent Deprecq et Cédric Conchon 
Sur des musiques de Antonio Pinto et Jaques Morelenbaum : A Carta de Dora- Giuseppe Verdi/Emanuele Muzio : Luisa Miller - Marc Mellits : Prometheus, quatuor n°4, extraits des 5ème, 6ème et 7ème mouvements - Heitor Villa-Lobos : 1er quatuor, 2ème mouvement, Brincadeira - Antonio Carlos Jobim-Luiz Bonfa : Manha de Carnaval - Rolfe Kent : Dexter theme - Leo Brouwer : un dia de noviembre - Astor Piazzolla : Escualo - Joseph Haydn : quatuor op. 33 n°5, largo e cantabile - AS'N : création d'après un thème d'Astor Piazzolla - Astor Piazzolla : Chador - AS'N : création originale - AS'N-Dorian Lamotte-Seok Woo Yoon : Flamenco - Anton Dvorak : quatuor op. 96 "américain", lento
Arrangements : Matteo Del Soldà, Thibault Lepri, Robin Melchior, Nicolas Worms

Lumières : Yoann Tivoli, assisté de Nicolas Faucheux et Julie-Lola Lanteri-Cravet
Réadaptées par Cécile Robin
Scénographie : Benjamin Lebreton avec la collaboration de Mourad Merzouki
Costumes : Emilie Carpentier, assistée de Pierre-Yves Loup Forest
Construction : Patrick Lerat
Peintures : Camille Courier de Mèré et Benjamin Lebreton

Production : Centre Chorégraphique National de Créteil et du Val-de-Marne / Compagnie Käfig 
Avec le soutien du Quatuor Debussy

Dates et lieux de représentations:
- Les 19 et 20 décembre 2017 au Corum de Montpellier - Saison de Montpellier Danse
- LE SAMEDI 20/01/2018 À 20H30  -  CARRE SAINTE-MAXIME  -  STE MAXIME
- Du 25 au 27/01/2018 20h30 - Wolubilis, Bruxelles Woluwe-Saint-Lambert (Belgique)
- Le 31/01/2018 20h30 - Teatro Ariosto, Reggio Emilia (Italie)
- Le Mardi 6 février - 20h30 - Centre culturel Aragon, Oyonnax (01)
- Le jeudi 8 février - Le Grand Angle - Voiron (38)
LE JEUDI 15/02/2018 À 20H30  -  THEATRE JEAN-ARP  - CLAMART ( 92)

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