Par Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ Mangaka reconnu par la critique et le public, une exposition aussi passionnante que pédagogique du travail de Naoki Urasawa est présentée à Angoulême puis le sera à la mairie de Paris dès février.

Auteur des séries 20th Century Boys, Monster, Pluto, Master Keaton ou encore Billy Bat, ce qui marque d’emblée dans l’oeuvre de Naoki Urasawa, c’est sa mise en scène au souffle épique, ses intrigues complexes et la galerie impressionnante de personnages aux physiques atypiques qui peuplent ses histoires. Sous l’influence du maître Osamu Tezuka - auquel le FIBD 2018 offre également cette année une exposition passionnante au Musée d’Angoulême, Naoki Urasawa lui rend souvent hommage par de nombreux clins d’œil ; Pluto est ainsi un prolongement de l’histoire d’Astro Boy en huit tomes. Il s’avère aussi l’un des premiers auteurs japonais à revendiquer l’influence de la bande dessinée franco-belge. Il a reçu le Prix de la Meilleure série en 2004 pour 20th Century Boys et le Prix Intergénérations en 2011 pour Pluto à Angoulême.

Cette exposition rétrospective propose de nombreux originaux qui permettent aux lecteurs d’appréhender la précision et le génie du trait de l’auteur ; dans un reportage-vidéo diffusé au sein d'une scénographie attrayante, l’auteur explique que son ambition pour cette exposition était de faire découvrir « les originaux dans leur format original, le B4 que les lecteurs ne verront jamais. » Il ajoute que pour des « raisons liées au papier », on passe souvent à côté du caractère extraordinaire du manga que l’on considère d'abord comme un genre qui se lit vite. Ici les lecteurs vont pouvoir apprécier le « trait de plume » et la « minutie des corrections ». Ici les curieux vont pouvoir « ressentir le manga de la même façon que l’auteur. » Cet auteur qui « investit chaque trait de son âme ». Avec une véritable volonté pédagogique, l'auteur affirme que « les enfants auront compris comment travaillent les auteurs » et que le visiteur de l’exposition pourra « essayer d’imaginer le cheminement de la création » et percevoir « quels tâtonnements » sont nécessaires. L’exposition montre ainsi des recherches de personnages, des story-boards initiaux, des indications pour les animateurs de dessins animés, une série d’encres acryliques/encre de chine - superbe!!!- où l’on est autant happé par le réalisme du trait que la beauté des couleurs.
L’exposition revient en outre sur les motifs de l’œuvre : la présence d’un mal sans visage et sans nom, le discours sur l’art vu comme forme supérieure d’aspiration humaine, le dialogue entre l’Orient et l’Occident, la peur d’un retour des dictatures sanguinaires, le véritable labyrinthe intertextuel qui court en filigrane ( cinéma d’Alfred Hitchcock, série « Le Fugitif »…), la figure omniprésente du sauveur, l’ambiguité des héros, la représentation d’une enfance « coloriste »…

Une exposition brillamment mise en scène et riche de documents aussi variés que pertinents…qui donne envie de (re)découvrir l’oeuvre du mangaka. Attardez-vous sur les portraits saisissants d’émotion, l’eau qui ruisselle sur les visages, les ronds dans l’eau dans les flaques de pluie, le « vieux Paris » dans lequel l’on se promène à plaisir, le suspense qui s’accroche aux planches, les vignettes sportives…et jouissez de la chance qui vous est offerte de rencontrer en taille originale un géant du manga!

L'ART DE NAOKI URASAWA
Production : 9e Art+ / FIBD et Yomiuri Shimbun
Scénographie : Yomiuri Shimbun
Commissariat : Stéphane Beaujean 

Les lieux d’exposition:
- Du 25 au 28 janvier 2018 à l’Espace Franquin dans le cadre du FIBD 2018 - Angoulême
Master Class : Samedi 27 janvier à 11h au théatre d’Angoulême

Rencontre Internationale : Dimanche 28 janvier à 14h à l’espace Franquin

- Du 13 février au 31 mars 2018 à l’Hôtel de ville de Paris - Espace Paris Rendez-Vous ( Paris Rendez-vous - Hôtel de Ville- 29, rue de Rivoli 75004 Paris  -Ouvert du lundi au samedi de 10h à 19h)

Crédit-photo : Exposition L'Art de Naoki Urasawa'. Naoki Urasawa visite son exposition. Espace Franquin. © 9eArt+, photo Jorge Fidel Alvarez