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Des hommes sans femmes : Haruki Murakami, le maître d’écriture

  • Écrit par : Serge Bressan

JaponPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr/ Neuf ans après… et le maître d’écriture japonais est revenu à la nouvelle. C’est « Des hommes sans femmes », un recueil intelligent et honnête de fantaisies amoureuses. Ce fou de jazz et de marathon qu’est, encore et toujours à 68 ans, Haruki Murakami, demeure certainement l’écrivain contemporain le plus en vue dans son pays natal, le Japon. Chaque année, comme celui des Américains JHoyce Carol Oates et Philip Roth, son nom est cité pour le prix Nobel de littérature - sera-ce en 2017 ou plus tard ? Bon, aussi fitzgeraldien que solitaire, aussi surréaliste qu’homme à chats, il est au dessus de ces contingences de la vanité littéraire. Haruki Murakami écrit. Tantôt des romans (titré « Le meurtre du commandant de la chevalerie », son récent a déclenché, lors de sa sortie le mois dernier, de véritables émeutes dans les librairies japonaises et paraîtra l’an prochain en version française). Tantôt des recueils de nouvelles- comme ce tout nouveau, « Des hommes sans femmes ».
Donc, sept nouvelles, de « Drive my car » (et ce visage du comédien Kafuku semblable à « la surface d'un lac une fois que les ondulations se sont effacées et que le calme est revenu ») à « Samsa amoureuse », en passant par « Yesterday » ou encore celle qui clôt le recueil auquel elle donne son titre (inspiré d’un livre d’Ernest Hemingway). Sept nouvelles qui illustrent la thèse « murakamienne » : la pratique « joyeuse » de la nouvelle sert de laboratoire à l’art « éprouvant » du roman. Sept nouvelles- une forme littéraire que, depuis neuf ans et  « Saules aveugles, femme endormie », il n’avait plus pratiquée. Mais avec « Des hommes sans femmes », l’écrivain japonais satisfait l’attente des lecteurs, de fantaisies amoureuses en clins d’œil à Hemingway, un de ses auteurs-fétiche. Au fil des pages et des nouvelles, résonne un air de famille avec François Truffaut, Woody Allen et les Beatles- de la belle compagnie ! Comme personne, Murakami sait raconter l’acteur de théâtre Kafuku, l’étudiant Kitaru, le docteur Tokai, le patron de bar Kino- leur point commun : ils ont été quittés ou vont l’être par une femme- épouse, maîtresse ou petite amie… Il y a la mélancolie, la déprime, la dépression…  Alors, au hasard, on prend des mots : « À ce que je sais, votre épouse était vraiment une femme merveilleuse (…) vous devez vous sentir reconnaissant d'avoir vécu presque vingt ans auprès d'une femme comme elle », ou encore : « En fin de compte, notre seule prérogative est d'arriver à nous mettre d'accord avec nous-même, honnêtement, intelligemment. Si nous voulons vraiment voir l'autre, nous n'avons d'autre moyen que de plonger en nous-même ».
    Avec ces sept nouvelles brutales et anesthésiantes, on ressent le goût de l’inachevé amer, on se laisse bercer par la mélancolie, le rêve et la solitude, on se prend d’empathie pour ces hommes qui cherchent des femmes qui, inévitablement, les abandonneront ou s’apprêtent à le faire. Dans tous les mots, toujours chez Haruki Murakami, il y a l’intelligence et l’honnêteté. Le calme et le fracas, la quiétude et le chaos aussi….

Des hommes sans femmes
Auteur : Haruki Murakami
Editions : Belfond
Parution : 2 mars 2017
Prix : 21 euros

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