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« Christian Louboutin. L’Exhibition(niste) » : une exposition pour une ode à l’escarpin

  • Écrit par : Serge Bressan

louboutinPar Serge Bressan - Lagrandeparade.com / Une porte de Paris, à l’est. Pas loin il y a le bois de Vincennes. Et là, il y a ce bâtiment imposant, beige avec ses colonnes grises. On le dit et nomme Palais de la Porte-Dorée, dans le 12ème arrondissement parisien. Là, il y a en cet hiver- printemps une exposition parmi les plus étonnantes et importantes du moment : « Christian Louboutin. L’Exhibition(niste) Â». Oui, une expo toute consacrée à un créateur de chaussures, un homme aux semelles de vent- surtout, cet artiste qui pose sa signature sous les pieds des dames avec une semelle rouge. La fameuse signature Louboutin !

Quelques-uns s’étonnent que le créateur, à 55 ans, a droit à une expo dans un musée. Et dans le Palais de la Porte- Dorée. Alors, il (se) raconte. Enfant de Paris avec un père ébéniste et une mère au foyer, il a grandi dans ce 12ème arrondissement. Passait souvent, en sortant de l’école puis du collège et lycée, devant ce Palais qui l’impressionnait tant. Un jour, avec ses sÅ“urs, il y entre, le visite. Et voit une pancarte sur pied sur laquelle est dessinée une chaussure à talon aiguille barrée parce qu’il est interdit de porter des talons aiguilles sur les sols précieux des espaces de l’ancien Musée des Arts d’Afrique et d’Océanie. Le gamin a 11 ans ; retour à la maison, il dessine et redessine cette chaussure barrée- c’est l’origine de la vocation. Louboutin se souvient : « C’est aussi ici que j’ai vu pour la première fois un dessin représentant un soulier. Je me suis imprégné de tous ces motifs- abstraits ou figuratifs- qui sont venus constituer un répertoire inconscient de formes, de couleurs, de textures qui n’a cessé d’influencer mon imaginaire Â».
Ensuite, dans la décennie 1980, il y aura les années Palace- la boîte de toutes les folies, de toutes les excentricités, de tous les excès. De toutes les couleurs qui vont habiter, nourrir le jeune homme. Son truc à lui, c’est dessiner des chaussures- il rencontre une directrice artistique chez Dior qui le dirige vers le chausseur Charles Jourdan. Le jeune homme quitte Paris, se retrouve à Romans dans les ateliers du célèbre chausseur. Années d’apprentissage- avec son lot de désillusions, comme ce jour où il découvre que nombre de ses dessins de modèles ont été brûlés par des « collègues Â» jaloux… Fin 1991, à 27 ans, il fonde avec deux amis d’enfance la marque qui porte son nom et qui, aujourd’hui presque trente ans plus tard, compte une centaine de points de vente dans le monde. Mieux, ami de stars de la culture, de la mode, de la musique ou encore des médias, il est internationalement connu- les mesquins disent « surtout pour ses chaussures à la semelle rouge Â», ce qui bien sûr n’est pas vrai…
Et voilà donc Christian Louboutin au musée. Une exposition joliment titrée « L’Exhibition(niste ) Â». Explication du chausseur sachant chausser : « Ce titre m’est venu assez rapidement. C’est un jeu de mots entre exhibition en anglais qui signifie exposition et le fait de révéler une partie de soi aux autres. S’exhiber c’est se mettre à nu. Une exposition, c’est s’exposer. Les deux sont donc assez proches mais il y a une notion plus subversive dans le fait de s’exhiber qui me plaît car, en montrant, mon travail je m’expose de manière plus intime Â». Une exposition qui, en rien, n’est une rétrospective de près de trente ans de créations mais plus sûrement le voyage ponctué par un grand nombre de souliers (dont certains inédits) et le parcours d’un créateur qui avoue être depuis longtemps, si longtemps par l’art et les couleurs. Ainsi, on admire l’une de ses premières créations- le fameux soulier Maquereau en cuir métallisé inspiré par l’opalescence des poissons de l’Aquarium tropical du Musée où le petit Louboutin venait flâner, ou encore la série Nude ou la paire Love…
Dans un décor étourdissant où se mêlent des vitraux, un palanquin réalisé par la Orfebrería Villarreal de Séville, encore un cabaret sculpté au Bhoutan et aussi le réalisateur et photographe David Lynch, l'artiste multimédia néo-zélandaise Lisa Reihana, le duo de designers anglais Whitaker Malem, la chorégraphe espagnole Blanca Li ou encore le plasticien pakistanais Imran Qureshi, c’est en ce Palais de la Porte-Dorée une ode permanente à l'escarpin- « l’essence de la chaussure Â», selon le créateur. Cet escarpin dont la réalisation ultime serait le modèle Pigalle, talon de 12 cm, chaussant noir, semelle rouge : « Le soulier Pigalle est assez intemporel, il n’est pas saisonnier, commente Christian Louboutin. C’est un modèle qui dure toute une vie Â». Aujourd’hui, la société Christian Louboutin emploie 2 000 personnes et compte 155 boutiques dans le monde. Avec 850 millions d’euros en 2019 (estimation du magazine « Challenges Â»), le chausseur qui a mis le monde à ses pieds figure à la 109ème place dans le classement des fortunes françaises…

A voir : Christian Louboutin. L’Exhibition(niste) au Palais de la Porte Dorée. 293 avenue Daumesnil. Paris (12ème).
Du mardi au vendredi, 10h- 17h30. Samedi et dimanche, 10h- 19h. fermé le lundi et le 1er mai. Jusqu’au 26 juillet 2020.
00 33 1 53 59 58 60
HYPERLINK "https://lexposition.christianlouboutin.com" https://lexposition.christianlouboutin.com

Christian Louboutin. L’Exhibition(niste)
Jusqu’au 26 juillet 2020
Palais de la Porte-Dorée
293 avenue Daumesnil
75 012 Paris
Tél. : 01 53 59 58 60
http://www.palais-portedoree.fr
Du mardi au vendredi, de 10 h à 17 h 30. Samedi et dimanche, de 10 h à 19 h. fermé le lundi.
Tarifs : 12 € (réduit : 9 €).


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