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Dilili à Paris : Michel Ocelot réenchante la Ville Lumière de lignes courbes et de femmes brillantes

  • Écrit par : Julie Cadilhac

Dilili Par Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ Paris, Belle Epoque. Dans un parc municipal, une petite fille canaque soupire de lassitude dans son village reconstitué du Pacifique. Cette comédie de représentations des us et coutumes des bons sauvages que sont censés être ses congénères lui paraît bien stupide ! Heureusement débarque un visiteur inattendu qui, perché sur une branche, l’invite à une balade en triporteur.

Aussitôt formulé, aussitôt accepté! Voilà le début d’une belle complicité entre Dilili ( qui rappelle l’exquise Princesse Chamsou Sabah d’"Azur et Asmar"... du bruit de ses petits pas pressés à sa bouille souriante et espiègle, de sa personnalité aussi élégante qu’intelligente à sa voix vraisemblablement doublée par la même actrice) et Orel ( beau garçon à la voix d’Azur et à la délicatesse aussi enthousiasmante que son appétence pour l’art et la connaissance)…mais c'est aussi les prémices d’une aventure riche en péripéties ! En effet, de mystérieux enlèvements de petites filles émeuvent le tout Paris depuis peu. Les Mâles-Maitres, au nez percé d’un anneau et aux ambitions effrayantes pour la gente féminine, sont aux commandes et ils fomentent même le vol des bijoux de la célèbre comédienne Sarah Bernhardt!

L’occasion pour nos deux justiciers en herbe d'arpenter Paris d’un quartier à l’autre : du Moulin Rouge aux rues pavées de Montmartre, de l’Opéra de Paris à la maison du préfet de police qui fait face à un mur aveugle, des égouts jusqu’au sommet de la Tour Eiffel, en compagnie de personnalités toutes plus fascinantes les unes que les autres. Imaginez donc : Marie Curie, Pablo Picasso, Louis Pasteur, Claude Debussy, Colette, Toulouse-Lautrec, Erik Satie, Edgar Degas, Marcel Proust, Camille Claudel, Auguste Rodin, le futur Roi d’Angleterre Prince de Galles Edouard VIII, Gustave Eiffel, Louise Michel ou encore Paul Poiret !

DililiMichel Ocelot et toute son équipe d’animation et d’effets spéciaux nous embarquent dans une enquête ô combien excitante! Le propos d’abord est aussi intelligent que louable : ici les personnages féminins ont tout autant d’aura que les masculins et l’on invite implicitement les enfants à entendre la nécessité de ne jamais accepter qu’un sexe soit subordonné à un autre.

On vit cette histoire enthousiasmante en compagnie de personnages attachants, délicieusement croqués, pétillants à souhait ! Les dialogues usent tout à la fois d’humour et de vivacité et l’on apprécie les qualités « pédagogiques Â» du texte de Michel Ocelot qui nourrit l’enfant de références culturelles qu’il n’aura aucun mal à s’approprier tant elles sont habilement formulées et "vulgarisées" dans le sens noble du terme.

Citons ici Michel Ocelot, présent lors de l’avant-première montpelliéraine au cinéma Diagonal le mercredi 19 septembre 2018 : « Dans ce film, j’ai voulu célébrer l’Art Nouveau.. Â» une explication qui sera suivie peu après - à propos d’une demande sur une éventuelle suite qu’il n’envisage pas : « une suite aurait été possible dans Les Années Folles… Â». Et assurément, on sent dans ce travail cinématographique la volonté exigeante de transmettre à la jeune génération l’iconographie d’une époque (on découvre notamment de nombreuses affiches célèbres dans le film dont des représentations de La Goulue de Toulouse-Lautrec...).

[bt_quote style="default" width="0"]C’est une chanson à moi![/bt_quote]

Les mises en scène, époustouflantes de virtuosité et d’inventivité graphique, soutiennent la volonté de faire faire à l’enfant un voyage où la fiction flirte avec la poésie, l’engagement idéologique qui instruit avec le spectaculaire qui émerveille. Michel Ocelot a fait le choix, dans ce long métrage, d’insérer de vraies photographies des paysages urbains parisiens. L’effet est épatant : les personnages animés se promènent dans la capitale française réenchantée par ce choix visuel. Précisons ici qu’une grande partie du travail d’animation et d’effets spéciaux a été réalisée dans des studios montpelliérains et félicitons-les pour ce travail REMARQUABLE! Ajoutez-y une composition musicale originale de qualité auxquelles s’additionnent des reprises de mélodies d’antan à la nostalgie délicieuse comme celle du « chant des cerises Â», l’épisode au piano en compagnie d’Erik Satie ou encore les passages d’opéra de Pelléas et Mélissandre, de Carmen…et vous toucherez un peu à l'étourdissant plaisir de côtoyer Dilili ! 

"Dilili à Paris" est une petite merveille à voir et à revoir tant y fourmille une multitude de détails que l’oeil ne peut embrasser en une seule fois ! La petite fille, dans un carnet, compile les noms des êtres qu’elle salue et l’on partage son émerveillement à croiser toutes ces personnalités fortes de la Belle Epoque, à voir les visages des peintres se fondre dans leur tableau, à observer les lumières des réverbères se refléter sur les pavés mouillés, à vivre toutes ces minutes graphiques inoubliables où le temps semble se figer comme sur une toile, à faire une révérence au clown Chocolat ou encore à entendre Degas formuler un compliment…A dos de cygne à moteur digne d’un roman de Jules Verne, au fil d’une corde à sauter acrobatique et d’une petite moue de "comtesse" calédonienne, le temps d’une après-midi chez les impressionnistes - « Monet ne pense qu’aux couleurs tandis que Renoir ne pense qu’au bonheur! Â» à une soirée french cancan, du moulin du diable à la Porte de l’Enfer, dans les jardins luxurieux de Sarah Bernhardt au guépard câlin et à la coiffe digne d’Aphrodite ou au sein d’un ballon dirigeable qui sourit à la lune, en compagnie d’une petite fille à l’impertinence délicieuse et au verbe enchanteur, d’un esthète aux yeux fondants, d’une chanteuse lyrique aux tenues de scène magnifiques et d’un chauffeur Leboeuf tête de cochon qui a tout de même bon fond, c’est parti pour contrer l’abomination de la secte des Mâles-maitres ! Fini les quatre-pattes, fini Paris Pourri, fini les soumissions et les inégalités…car dans les rêves des enfants, les trajectoires des astres finissent toujours par se croiser, les toits de Paris s’illuminent pour les causes désespérées, le courage et la détermination donnent aux enfants des airs de Peter Pan…et le soleil et la pluie composent des refrains charmants!

Dilili à Paris? un hommage poétique à la Ville Lumière, à l’Art nouveau et aux artistes de la Belle Epoque, un manifeste au féminisme salvateur, un épouvantail au pessimisme et à la résignation, une invitation au rêve et à la curiosité, une ode à la jeunesse qui a l’avenir devant elle. Dilili le dit : Paris n’est pas fini; il y a nous!. La jeunesse est là pour construire un « monde complet Â» où filles et garçons feront de la vie une immense fête où les tables seront toujours rondes, les mots célestes et la magie ne sera autre qu'une façon de regarder et d'agir...

[bt_quote style="default" width="0"]La justice me révolte; la justice m’intéresse.[/bt_quote]

Dilili à Paris
De Michel Ocelot
Date de sortie : 10 octobre 2018
Durée : 1h 35min

Découvert en avant-première le mercredi 19 septembre 2018 dans le cadre du Festival Arabesques au Cinéma Diagonal - Montpellier 

Dilili A l’occasion de la sortie du film de Michel Ocelot, les éditions Casterman publient l’album ( une version petite et une version grande ) dans lequel les enfants prendront plaisir à (re)lire cette histoire merveilleuse...mais également la version roman dans laquelle ont été ajoutées des scènes inédites. Enfin, pour les petits curieux, tous ceux qui voudraient approfondir l’étude de cette fiction passionnante, existe un livre documentaire qui reprend, par chapitre, des thèmes essentiels du film : Vivre en France à la Belle Epoque, La France Empire colonial, Le goût des expositions, L’art nouveau, La mode en 1900, L’Opéra et ses secrets, Paris ville spectacle…

Des idées de lectures pertinentes pour avoir le plaisir de goûter, en prenant son temps, aux mots choisis de Michel Ocelot!

Dilili à Paris
Le petit album du film
Editions: Casterman
Auteur : Michel Ocelot
De 6 à 8 ans
Prix : 7,90 €


Dilili à Paris
Le grand album du film
Editions : Casterman
Auteur : Michel Ocelot
De 6 à 8 ans
Prix : 14,90 €

Dilili à Paris
Le roman illustré du film
Editions: Casterman
Auteur : Michel Ocelot
De 6 à 8 ans
Prix : 9,90 €


Dilili à Paris
Le documentaire
Editions : Casterman
Auteur : Michel Ocelot
De 6 à 10 ans
Prix : 14,90 €

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