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The Square, miroir de notre époque : une prise de conscience tout en finesse

  • Écrit par : Guillaume Marcenac

squarePar Guillaume Marcenac - Lagrandeparade.fr/ The Square est un film suédois du réalisateur Ruben Östlund, Palme d'Or à Cannes en 2017. Diffusé en avant-première lors des soirées ciné plein air organisées par le Diagonal.

Christian est conservateur d'un musée d'art contemporain. Il est passionné par son métier, et incarne à merveille une certaine image de l'art aujourd'hui : du conceptuel parfois à l'excès, une cause vertueuse défendue dans chaque installation ou coup de pinceau... et beaucoup de business. Il offre à la traditionnelle bourgeoisie locale (qui le lui rend bien en contribuant au financement du musée) une caution artistique, culturelle, parfois même humaniste et nourrie de bons sentiments.
Étant convaincu du bien-fondé de ses propres actions, et de cette société bien-pensante, Christian vit dans un monde qui n'est en réalité pas celui de tous. Parmi les projets qu'il mène avec une certaine sincérité, Christian a programmé comme nouvelle exposition, The Square. Cette installation est censée questionner les visiteurs sur leur rapport aux autres. En mettant l'accent sur les valeurs de confiance et solidarité. Valeurs auxquelles Christian se trouve confronté à titre personnel, car il se fait voler, dans la rue, son téléphone et son portefeuille. Une histoire parallèle s'installe. Le Christian "hors musée" se révèle, loin des soirées de gala ou des vernissages.

Le film "The Square" est résolument actuel, par la nature et l'approche des sujets abordés. Notamment cette fameuse fracture sociale que nous ne voulons pas voir ou admettre. Christian, de classe moyenne à aisée, ne voulant jamais mal faire, et souvent empli de bons sentiments, est en décalage. En décalage avec la rue, en décalage avec les réalités de populations plus modestes. Il pense proposer une vision de l'Art qui va aider le monde à aller mieux, mais se rend à peine compte que sa tour de verre s'est élevée beaucoup trop haut. Heureusement, ses deux filles sont là (il est père célibataire) et le ramènent parfois aux réalités.
La force du film est que beaucoup de monde peut se reconnaître en Christian, un "bobo branché bien pensant" très actuel. Et c'est donc à nous que Ruben Östlund rappelle, au cas où nous l'aurions oublié, que ce n'est pas en roulant en voiture électrique, en donnant une pièce à une mendiante, ou en organisant une exposition sur l'altruisme, que l'on sauve le monde.
A une époque où le risque de toujours plus d'entre-soi est fort, la visibilité apportée à "The Square" grâce à la Palme d'Or est une très bonne chose. Le film remet en cause le superficiel et introduit en filigrane un "niveau 2" de la prise de conscience. Plus profonde, plus authentique, partagée, et qui ne se règle pas (qu')à grands renforts de chèques et de petits fours. Il appelle à une vision différente du partage et de l'engagement pour un monde meilleur.
Enfin, "The Square" est un film suédois : fin, subtil, et souvent drôle. La mise en scène et les images sont fascinantes, parfois haletantes. Bref, un vrai régal ; à voir plusieurs fois pour en saisir toute l'épaisseur.

The Square
Date de sortie : 18 octobre 2017 
Réalisateur : Ruben Östlund
Avec Claes Bang, Elisabeth Moss, Dominic West
Durée : 2h22min

Découvert en Avant-Première à HTH dans le cadre du DIAGO EN PLEIN AIR ( Montpellier,34)

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