Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Il y a le père, Mathieu, il est comédien hier (re)connu au ciné et à la télé, aujourd’hui sa carrière fait du surplace. Il y a le fils, Antoine, il est musicien et fait des prodiges comme guitariste et compositeur. Le père nourrit des regrets : « Si encore je t’avais abandonné pour parcourir le monde ou pour plonger dans l’ivresse d’une trépidante vie d’artiste, peut-être aurais-tu pu me fantasmer en père aventurier… Â» Mais non, le père a « toujours été là, à quelques encablures de ta chambre d’enfant Â». Toujours là mais tellement éloigné… Quand sa femme l’avait quitté, Mathieu avait promis qu’il s’occuperait d’Antoine. Il avait promis- finalement, il lui a légué sa platine et sa collection de disques- rien que des vinyles, les Beatles, les Rolling Stones, David Bowie, Neil Young, Prince... Il est victime d’une crise cardiaque, réalise tout ce qu’il a manqué, raté, délaissé. Il voudrait renouer avec son fils. Problème : l’hier ne s’efface pas, seul le demain est à inventer avec ce gamin devenu jeune homme et surtout musicien, chanteur et guitariste d’un groupe à la belle réputation sur la scène parisienne- un soir, « au moment de plaquer le premier accord, il s'est permis une furtive suspension, le temps d'embrasser d'un coup d'Å“il panoramique la pénombre de la salle bondée du Casino de Paris Â». Et dans toutes les pages, dans les mots de ce Sergent Papa cinquantenaire, ça transpire de sentiments forts, de non-dits… Au nom du père, voilà, c’est « Sergent Papa Â», le bel et premier roman de Marc Citti, homme de cinéma et de théâtre, auteur d’un texte remarqué (« Les enfants de Chéreau Â»). Avec en fond musical l’éternel « Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band Â» des Beatles, on a là un magnifique texte, tout en émotion tendre et violente, sur l’absence, sur la paternité, la transmission et encore les relations père-fils.

Sergent Papa
Auteur : Marc Citti
Editions : Calmann-Lévy
Parution : 16 août 2018
Prix : 16 €