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Guillaume Rihs : « Mon plaisir ? Offrir… »

  • Écrit par : Serge Bressan

Guillaume RihsPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr/ Professeur d’histoire et d’anglais au collège Sismondi à Genève (Suisse), il est couvé par son éditeur parisien. A 33 ans, modeste, Guillaume Rihs aime dire et répéter qu’il est heureux de ce qui lui arrive. Après un premier roman (« Aujourd’hui dans le désordre ») paru l’an passé, il revient en librairies en ce printemps avec « Un exemple à suivre ». Un deuxième roman réussi sur le thème des commémorations, anniversaires et autres célébrations.

Des hommages qui, parfois, sombrent dans le ridicule parce que consacrés à tout et n’importe quoi. Ainsi, à Genève, on est en pleine préparation de la célébration du quart de siècle de la disparition de Géronimo Jules, personnalité politique qui, entre autres, avait mis les pauvres et autres sans-abri dans les sous-sols de la ville. Avec un humour débridé et une plume vive, Guillaume Rihs dessine alors une galerie de délicieux personnages, parmi lesquels deux bombes spécialistes de la communication événementielle venues de Venise, la petite-cousine un peu coincée de Géronimo Jules, trois post-ados membres du collectif Not a Revolt, le narrateur à la cool ou encore le catho homo libertaire Georges de Gy. Avec tout cela et ceux-là, Guillaume Rihs s’amuse de l’époque, cette époque en quête de repères, en crise de conscience et vouée au marketing.

grihsUn matin en vous rasant, vous vous êtes dit : « Tiens ! je vais écrire un roman sur les commémorations » et c’est ainsi que vous est venu « Un exemple à suivre » ?
A vrai dire, je pense tout le temps à des sujets de roman, à l’écriture. Et je ne voulais pas traîner entre mon premier roman, « Aujourd’hui dans le désordre », et le deuxième… J’avais une idée, elle m’a plu et j’ai bien aimé l’histoire qu’elle a déclenchée en moi. Tout ça m’est venu quand j’ai reçu le Prix des Ecrivains Suisses. L’écriture, j’y ai pris sacrément goût…
Le Prix des Ecrivains Suisses est décerné sur manuscrit anonyme et exige de l’auteur récompensé qu’il se fasse, dans les meilleurs délais, éditer…
Dans la foulée du Prix, un ou deux éditeurs genevois se sont dits intéressés puis, un peu plus tard, j’ai reçu un mail de Philippe Robinet, le patron des éditions Kero à Paris. Au début, je n’ai pas bien réalisé. On s’est rencontré, il a publié « Aujourd’hui dans le désordre » puis maintenant « Un exemple à suivre »…
Dans vos deux romans, la ville de Genève vous sert de décor…
Cette fois encore, j’avais envie de citer des rues… d’évoquer la Genève des Genevois… et la Genève que j’imagine. Une Genève verte, pleine d’oiseaux. C’est une ville à laquelle je me sens appartenir. Il y a une identité régionale, avec un pied en France. C’est aussi la ville où je vis, une ville où 50% de la population n’est pas suisse. Alors, pour raconter cet esprit genevois, j’ai eu envie d’écrire un livre sincère.

Votre nouveau roman, c’est aussi une réflexion sur les commémorations, anniversaires et autres célébrations…
Et ce n’est pas un thème particulier à Genève ! On fête, on célèbre, on commémore partout dans le monde… Je suis professeur d’histoire, c’est une discipline où l’on s’interroge sur le pourquoi de l’étude du passé, et sur ce qu’on peut en faire dans le présent… Mais parfois, ces commémorations, ces anniversaires et autres célébrations, ça sombre dans le ridicule. D’un événement, on voudrait en tirer de la fierté, ça finit dans le ridicule.
C’est la raison pour laquelle vous avez choisi l’humour pour « Un exemple à suivre » ?
C’est un ton qui m’est venu spontanément. J’aime bien écrire comme ça. Si j’essayais d’écrire sérieux, de rédiger un pensum, franchement je serais insatisfait. Naviguer dans l’ironie, ça me plait bien plus. Et mon plaisir, c’est offrir un plaisir de lecture au lecteur !
Donc, dans « Un exemple à suivre », tout tourne autour de Géronimo Jules, dont on prépare le quart de siècle de sa disparition…
… et c’est un personnage pas spécialement aimable. Au départ, je souhaitais ne rien faire savoir sur Géronimo Jules puis je l’ai construit en creux à travers ce qu’en disent les autres personnages. Il n’est pas spécialement sympathique, on devine qu’il n’a pas toujours été d’une grande rectitude, on sait qu’il est mort noyé dans sa baignoire… J’avoue que plusieurs personnages politiques m’ont inspiré, des personnes plutôt de droite en Suisse.
Dans cette comédie de la célébration, on a droit à quelques personnages haut en couleurs, à l’exemple à Georges de Gy ?
Ah ! lui, je l’aime bien… Il a décidé de tout mettre en œuvre pour faire capoter le Quart de siècle, hommage à son vieil adversaire Géronimo Jules… Georges de Gy, c’est un libertaire, catholique et homosexuel se montrant avec son compagnon, c’est le chantre de l’hymne « Il est interdit d’interdire ». Dans la galerie des personnages, il y a aussi le narrateur dont j’envie le laisser-aller, l’extrême forme de je-m’en-foutisme. Et puis, c’est un expert en « filouterie d’auberge » qui consiste à partir d’un café ou d’un restaurant sans payer !
Avec « Un exemple à suivre », vous avez écrit un roman pour faire rire ?
Je ne pensais pas écrire un livre comique. S’il y a de l’humour, ça me vient de mon plaisir de l’invention, de ce que je suis capable d’offrir à un lectorat. Il me faut alors trouver des choses amusantes dont je puisse être fier. J’aime bien les histoires où il y a beaucoup de choses mais il ne faut pas que ce soit uniquement une loufoquerie.
Votre nom est souvent associé à celui de votre compatriote Joël Dicker, auteur de best-sellers comme « La vérité sur l’affaire Harry Quebert » (2012) et « Le Livre des Baltimore » (2015) …
Je serai très heureux d’avoir son succès… mais nous mettre dans la même case, ça n’a pas tellement de sens. C’est même absurde. Il y a une chose toutefois que nous avons sûrement en commun : Joël Dicker comme moi, quand on écrit, on fait le mieux que l’on peut !

Un exemple à suivre
Auteur : Guillaume Rihs
Editions : Kero
Parution : 5 avril 2017
Prix : 17,90 euros

Crédit-photo : Pascale Lourmand

 


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