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« La rivière au cœur du froid » : l’ombre d’Hemingway plane encore...

  • Écrit par : Guillaume Chérel

La rivière au coeur du froidPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.com/ La première scène rappelle « Construire un feu », cette nouvelle de Jack London qui raconte comment la vie d’un homme peut tenir à une allumette près.

Un couple américain décide de faire une balade à cheval au mauvais moment. A la frontière entre les Etats du Wyoming et du Montana, le blizzard peut recouvrir la montagne de froid et de neige en quelques minutes. En dernière limite, il est conseillé de tuer sa monture (encore faut-il avoir une arme à feu et suffisamment de balles) pour se protéger des morsures du froid dans le corps éviscéré de l’animal.

Or donc, l’épouse – d’origine indienne – ne peut se résoudre à cette dernière extrémité. Elle préfère aller se réfugier… dans l’antre d’un ours. Première invraisemblance. Son est découvert après que son mari (qui était pourtant à ses côtés…) soit allé chercher du secours dans la vallée. Parmi les affaires de la morte, la shérif Martha Ettinger et son ami-amant-complice-adjoint Sean Stranahan retrouvent un vieux portefeuille contenant une collection de mouches à truite. Mais pas n’importe lesquelles, sur le cuir, usé par le temps, on peut lire les initiales EH. Comme Ernest Hemingway… Ta ta tiiiin !!

Et au milieu (du récit) coule, ensuite, une rivière de pseudo scoops tirés par les cheveux. Vous l’aurez compris, on est loin de Jim Harrison, grand amateur de pêche en rivière, et surtout excellent écrivain, comme « papa » Hemingway, dont l’auteur se vante d’avoir connu l’un de ses fils, Jack. Tout repose sur l’anecdote selon laquelle le jeune Ernest (dont tout la bio est passée au crible, ce qui a déjà été fait maintes fois), alors apprenti auteur, aurait perdu une valise contenant ses premiers manuscrits (c’était à Paris, au début des années 20, et sa première femme, Elisabeth Hadley, est la fautive malheureuse, car on lui a volé la malle). Bref, du matériel de pêche appartenant à Hemingway se baladerait dans le nature (writing). Il aurait une grande valeur, forcément. Mais pas plus que les manuscrits perdus (ça, c’était l’idée !!!).

L’enquête poussive nous mène à La Havane, ou « papa » vécu de longues années, comme chacun sait. Sean Stranahan bavarde beaucoup avec tout un tas de personnes à qui il répète le lien entre la pêche et l’écriture. Mais de littérature, il est peu question. Si la pêche à la mouche vous laisse aussi froid que les collections de timbres (et les dîners de cons), passez votre chemin. Keith MacCafferty a cru trouver le bon filon pour son intrigue, mais ça ne fonctionne pas. Si vous voulez lire un excellent roman noir autour du personnage de l’auteur de « Paris est une fête », lisez « Adios Hemingway », du cubain Leonardo Padura, aux éditions Métailié.

La rivière au cœur du froid 
Editions : Gallmeister
Auteur : Keith McCaferty
Traduit de l’américain par Marc Boulet
477 pages
Prix : 25 €
Parution : 30 avril 2025


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