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Une semaine de lecture avec Philippe Bordas, Zoé Valdés et Carole Zalberg

  • Écrit par : Serge Bressan

bordasPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour une semaine : d’abord, on commence par un texte magnifique mêlant autobiographie et évocation du grand écrivain italien Carlo Emilio Gadda ; ensuite, on enchaîne avec l’évocation du génie du post-impressionnisme se penchant, à la fin de sa vie, sur son passé, et enfin, on se glisse dans une vie ponctuée par dix-sept chansons pour un délicieux « song book ». Bonne lecture !

PHILIPPE BORDAS : « Le Célibataire absolu »

Un livre est un voyage- une fois encore, on en a la confirmation avec « Le Célibataire absolu » du toujours impeccable Philippe Bordas. L’an passé, avec un étourdissant « Cavalier noir », il nous avait fait voyager vers l’Est, jusqu’en Allemagne. Cette fois, dans un livre épais et grand format, il emmène lectrices et lecteurs de Paris à Milan et Rome, de Moscou à Nairobi et Cythère. Il y a, comme souvent chez Bordas, de l’autobiographie, et là, il rend hommage et met au grand jour sa flamme à l’écrivain italien Carlo Emilio Gadda (1893- 1973). Un écrivain que l’on place au même niveau que Joyce, Proust, Céline, Kafka ou Musil et qui est considéré comme « le dernier des géants ». D’entrée, « Le Célibataire absolu » (titre magnifique) attrape tout liseur- exemple : « Au profond des ruelles, des lueurs mouvantes effacent mon ombre- vacillations ambre et rousses immuables, illusions de flambeaux médiévaux trempés de l’huile des siècles ». Magicien de la chose écrite, Philippe Bordas a un tel talent qu’il peut mêler l’évocation d’un écrivain à une aventure policière et un testament amoureux. Contrairement à d’autres, il se tient à distance du roman fragmenté débordant de superflu. Sortant de ce « Célibataire absolu », on éprouve ce bonheur suprême d’avoir passé du temps avec un écrivain, un vrai. Et c’est ainsi que Philippe Bordas est un géant…

Le Célibataire absolu
Auteur : Philippe Bordas
Editions : Gallimard
436 pages
Prix : 30 €

Cavalier noir : Philippe Bordas en exil amoureux

 

valdesZOE VALDES : « Paul »

Il y eut, consacré au peintre Paul Gauguin (1848- 1903), « Et la terre de leur corps », publié en 2017. Cinq ans plus tard, l’écrivaine Zoé Valdés (née à La Havane et vivant à Paris) nous glisse son nouveau roman, le bien titré « Paul ». Une fois encore, elle s’est plongée dans l’univers du peintre post-impressionniste français. En un long prologue (près de 60 pages), dix-huit chapitres et un épilogue, l’auteure remonte la vie d’un immense artiste installé aux îles Marquises (Polynésie française). Il est au mitan de la cinquantaine, la maladie l’a rattrapé, ses jambes le font affreusement souffrir ; la fin se profile, inexorable. C’est donc par la fin de la vie de Gauguin que Zoé Valdés commence son roman. Ce peintre, « son » Paul, elle l’admire même si elle reconnaît qu’il était loin d’être parfait, lui qui n’a pas seulement magnifié sur ses tableaux les jeunes vahinés qu’il aimait présenter comme ses « muses » mais qui a aussi goûté à leurs charme et leurs corps… « Paul », c’est une rhapsodie écrite dans un grand mix des voix du passé, et l’évocation de grandes amitiés avec Camille Pissarro et Vincent Van Gogh, sans oublier les ruptures avec ceux qui furent ses maîtres et ses conseillers. De son écriture toujours élégante et charnelle, l’auteure nous propose un texte sublimant corps et sens, et plongeant dans l’intime.

 

 

Paul
Auteure : Zoé Valdés
Editions : Arthaud
242 pages
Prix : 16 €

 

zalbergCAROLE ZALBERG : « Song book »

Des morceaux de vie ponctués par dix-sept chansons. Ce qui donne une playlist de bon goût (avec quelques pépites signées Simon and Garfunkel, Cuarteto Cedron, Bropnski Beat ou encore Prefab Spreout) qui accompagne au mieux « Song book », le nouveau texte de la très fréquentable Carole Zalberg. Auteure précédemment de, entre autres, « Tes ombres sur les talons » et « Feu pour feu », elle nous livre à un roman tout autant solaire que voyageur. Un roman qui a ouvert une porte sur l’adolescence de l’auteure. Elle y a retrouvé, revu des images, des sensations. Avec cette musique qu’elle tient pour une « capsule temporelle », elle a fait le saut arrière pour retrouver les chansons de sa vie et écrire ce qu’elles lui inspiraient. Ainsi, Supper’s Ready » de Genesis, c’est le temps de la découverte de l’amour. Les pages défilent, le fil de la musique et du désir court de page en page et raconte une adolescence des années 1970. Ainsi, il y a un été magique au kibboutz, les premiers flirts, le choix de la paire de chaussures avant d’aller danser (et surtout, ne pas se tromper !). On entend les Rubbets, Supertramp, les cuivres enfiévrés de Boney M et Carole Zalberg raconte les bonnes et mauvaises personnes, les bonnes et mauvaises rencontres. En quelque sorte, la vie en mille-feuilles…

Song book
Auteure : Carole Zalberg
Editions : L’Arbre à paroles
124 pages
Prix : 16 €

Théâtre : la danse du feu de Carole Zalberg

Les éditions Intervalles à la trace : de Carole Zalberg, Olivier Auroy à Rouja Lazarova


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