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Une semaine de lecture avec Michelangelo Antonioni, Guy Cuevas et Léa Tourret

  • Écrit par : Serge Bressan

je commence Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour une semaine : d’abord, on commence avec un recueil de notes et réflexions d’un des plus grands cinéastes italiens ; ensuite, on se glisse dans les nuits parisiennes des années 1970-1980 avec le DJ des années Palace, venu de Cuba, et enfin, on plonge dans la piscine avec le texte décapant et fragmenté de la primo-romancière Léa Tourret. Bonne lecture !


MICHELANGELO ANTONIONI : « Je commence à comprendre »

En un peu plus de soixante années (de 1943 à 2004), il a marqué le cinéma italien- et mondial. Michelangelo Antonioni (1912- 2007) restera à jamais le réalisateur de chefs-d’œuvre du 7ème Art : entre autres, « L’Avventura » (1960), « Blow Up » (1966), « Zabriskie Point » (1970), « Profession : reporter » (1975), « Identification d’une femme » (1982)… En 2014, on le retrouvait avec un livre posthume : « Je commence à comprendre ». En cette année 2022, le livre ressort en format poche- et il demeure indispensable. En quelque soixante-dix pages, le réalisateur italien déroule notes, aphorismes, réflexions… qui ne manquent pas de nous rappeler « Notes sur le cinématographe » d’un autre cinéaste, Robert Bresson (1901- 1999). Aujourd’hui, empli d’attention, d’émotion, d’intelligence et d’intuition, « Je commence à comprendre » a toutes les allures d’un texte classique sur la création. Mais aussi sur la vie, sur les hommes, les femmes, les paysages, le quotidien et ses incohérences, les imprévus… Alors, on savoure une ultime interrogation : « Le matin, quand je me lève tôt, dehors il y a peu de lumière et souvent un nuage de brume recouvre le fleuve. Il arrive que je l’interroge et qu’il me réponde. N’est-il pas possible qu’un nuage en sache sur le monde beaucoup plus que je n’en sais ? »

Je commence à comprendre
Auteur : Michelangelo Antonioni
Editions : Arléa
82 pages
Prix : 8 €

 

cuevasGUY CUEVAS : « Avant que la nuit ne m’emporte »

Au hasard des pages, une anecdote parmi tant d’autres. Le jeune homme a tout juste 18 ans et passe le réveillon chez une amie. Elle est la maîtresse de Fidel Castro, le « lider maximo » de Cuba, à qui il demande l’autorisation de quitter l’île pour rejoindre un cousin à Paris. « J’aurais pu finir en prison mais, surpris et parce que j’étais à côté de sa maîtresse, Castro s’est gratté la tête puis m’a donné un contact ». Arrivé à Paris, Guy Cuevas retrouve ledit cousin qui, finalement, ne l’aidera pas. Donc, il accepte des petits boulots, croise dans une maison d’édition Roland Barthes qui lui obtient une bourse pour écrire un livre (qui ne verra jamais le jour !) ou encore un amant « passeur de disques » (l’ancêtre du DJ) qui va faire basculer son destin. Ainsi, Cuevas, Cubain à la peau « cafe con leche », sera dans les années 1970- 1980 le DJ culte des années Palace, à Paris- ce qu’il raconte, entre autres, dans le passionnant « Avant que la nuit ne m’emporte »… Dans le livre, on retrouve ainsi les folles nuits de ce haut lieu de la musique que fut la boîte de la rue du Faubourg-Montmartre. Avec l’aide précieuse de Jean-François Kervéan, Guy Cuevas livre son « Je me souviens ». C’est émouvant, festif, pétillant, enivrant… Décidément, la nostalgie n’est plus ce qu’elle était !

 

 

Avant que la nuit ne m’emporte
Auteur : Guy Cuevas (avec Jean-François Kervéan)
Editions : Le Cherche-Midi
434 pages
Prix : 21,90 €

 

piscineLEA TOURRET : « La fille de la piscine »

Voici, sans risque de se tromper, un des meilleurs premiers romans de cette saison littéraire 2021- 2022. C’est « La fille de la piscine » de Léa Tourret. L’auteure dont on ne sait rien qu’elle ne vit à Chartres (Eure-et-Loir) signe là le roman d’une plongée… dans la tête d’une adolescente. Celle-ci se prénomme Léna et passe ses vacances d’été à la piscine. Il y a Max son amie d’enfance, et aussi Sabrina qu’elle vient de rencontrer. Du bord de la piscine, Léna observe ce qui l’entoure. Il y a les corps habillés d’un simple maillot de bain. Elle écoute, l’air de rien, les conversations… Et puis, il y a ce désir- omniprésent. Ça suinte, ça transpire des mots, des regards, des attitudes des corps. Et là, arrivent deux garçons, ils se prénomment Yannis et Lounès. Léna les trouve attirants, elle l’habituelle timide joue cette fois l’audacieuse, ce qui va bousculer l’harmonie entre les trois adolescents. Dans ces pages, il y a des chaussures Stan Smith et aussi une fellation sans enthousiasme. Proposant un texte punchy en trois séquences (« La rencontre », « La rupture », « Les regrets »), Léa Tourret signe un roman fragmenté, on y perçoit une délicate parentèle avec le cinéma d’Abdellatif Kechiche. Un roman de la plongée, tout en « trashitude » et sensualité…

 

 

 La fille de la piscine
Auteure : Léa Tourret
Editions : Gallimard
162 pages
Prix : 16 €

 


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