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Le cercle des poètes disparus : un hommage sur les planches brillamment réussi par Gérard Sibleyras

  • Écrit par : Xavier Paquet

freissPar Xavier Paquet - Lagrandeparade.com/ Ça twiste, ça swingue, ambiance de bal rock n’roll avant la rentrée 1959 qui se trame à l’académie de Welton, prestigieuse école où les adolescents se préparent à une carrière d’élite. Ils finiront dans les plus hauts postes de l’administration américaine mais pour l’instant place à la fête avant une rentrée studieuse dans cette école réputée pour sa discipline et son éducation austère.

Une bande de jeunes camarades et amis (l’académie n’est pas mixte) accueille en cette rentrée Todd Anderson, un jeune garçon très timide, mais aussi John Keating, nouveau professeur de lettres et lui-même ancien élève. Un professeur peu académique qui demande à ses élèves de l’appeler « Capitaine » et qui dispense dans sa salle un enseignement peu orthodoxe. Iconoclaste, doté d’un charme et d’une aura naturelle qui séduisent et déstabilisent les élèves : il les pousse à s’interroger sur eux-mêmes, à remettre en question leurs certitudes et bouscule les codes dans ce milieu si feutré. Surtout par l’art et la culture qu’il dispense, il les éclaire et les guide sur le chemin du Cercle des Poètes Disparus, club qu’il avait fondé en tant qu’élève et qui visait à regrouper des étudiants en forêt la nuit tombée pour y lire des œuvres et s’en inspirer.
Plus qu’un club de lecture, ce Cercle va devenir pour ces jeunes adolescents en quête d’émancipation et de construction personnelle un exutoire à leurs propres doutes, à leurs rêves, un chantre de l’imaginaire qui insuffle une vision nouvelle de leurs possibilités.
Leurs destins emprunteront-ils les voies de la liberté ou se heurteront-ils aux desseins de l’éducation familiale comme administrative de l’école ? Il est de ces rencontres qui transforment une vie.
Pour remettre en lumière cette œuvre intemporelle, il fallait un dispositif scénique qui nous plonge dans le charme du film tout en créant son propre espace : le plateau avec un tableau de salle de classe rétractable pour laisser place à un deuxième espace installe des trésors de profondeur. La scénographie se révèle astucieuse par la mise en place des bureaux amovibles qui changent de sens au fur et à mesure de la pièce, nous permettant de voir les élèves sous tous les angles et faisant avancer la chronologie de l’histoire.
Les jeux de lumière, puissants comme très fins, en clair-obscur, amènent la densité et l’ambigüité nécessaires à cette ode pour la liberté. Certains mouvements font écho au travelling et renvoient à des codes cinématographiques comme un clin d’œil à l’œuvre originelle.
La comparaison s’arrêtera là car, en termes de jeu, cette jolie bande a réussi à trouver sa singularité et apporte un vent de fraîcheur et de dynamisme : il y a de l’énergie, une belle dynamique collective, un jeu tout en ruptures et en nuances entrecoupées d’échanges plus vifs et spontanés que sont ceux de la jeunesse. La quotidienneté et le naturel sont présents et apportent de la vitalité et de l’éclat à la partition collective à laquelle se greffe avec maestria Stéphane Freiss en un John Keating tout en fougue, en panache, en charisme dont le verbe ne fait qu’écho à l’audace.
Ce Cercle des Poètes Disparus est un éloge à la jeunesse, à sa soif d’émancipation mais aussi à la transmission et à la révolte collective contre les carcans obsolètes des conventions établies. Dans cet âge si particulier de l’adolescence où les personnalités s’éveillent et se construisent, cet appel à la révolte et à vivre en étant soi-même est une jolie ode à la vie.
Dans cette ambiance de franche camaraderie et d’amitié touchante se dresse également un message intemporel et universel « Carpe Diem » : un hymne à la résistance contre le conformisme, à vivre et profiter de l’instant présent et à penser par soi-même.

Le cercle des poètes disparus 

De Tom Schulman
D'après le film produit par Touchstone Picture écrit par Tom Schulman
Production originale : Classic Stage Company
En accord avec Adam Zotovich
Directeur artistique : John Doyle
Directeur général : Jeff Griffin

Adaptation française :  Gérald Sibleyras
Mise en scène : Olivier Solivérès

Avec : Stéphane Freiss, Ethan Oliel, Hélie Thonnat, Audran Cattin, Maxence Seva, Pierre Delage, Maxime Huriguen, Yvan Garouel, Olivier Bouana

Durée: 1h30


Dates et lieux des représentations: 

- Jusqu'au 31 mars 2024 au Théâtre Antoine ( 14 Boulevard de Strasbourg, 75010 Paris) 

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