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Le quatrième mur, mise en scène de Julien Bouffier : un geste d’humanité mémorable

  • Écrit par : Daniel Bresson

Le quatrième murPar Daniel Bresson - Lagrandeparade.fr/ Samuel, mourant, demande à son ami Georges de reprendre son projet fou de monter l’Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth, en pleine guerre, et d’y faire jouer un acteur de chaque camp du conflit libanais. Du bout des lèvres, il accepte et part à Beyrouth pour finaliser le projet. Mais l’idée qu’il se fait de la guerre au Liban va se heurter à une dure réalité...

Julien Bouffier s’est déjà illustré avec succès dans cet exercice d’adaptation d’un roman avec ses précédents spectacles "Les vivants et les morts" d’après Gérard Mordillat et "Hiroshima mon amour" d’après Marguerite Duras. Là, le défi était grand : porter au plateau le livre de Sorj Chalandon, "Le quatrième mur", prix Goncourt des lycéens en 2013. Le challenge est relevé, et avec quel résultat !
Dès les premières scènes, l’émotion est forte et les images impactantes: Un homme torse nu, de dos, juché sur une estrade au centre d’une scène peu éclairée laisse place aux images de Beyrouth qui commencent à défiler : la mer, les militaires, les bâtiments criblés de balle, le Pacific Hotel, les peintures d’espoir sur les murs. Dès lors, on est envouté par la voix et la musique d’Alex Jacob, dont le corps épouse les variations du son. La scénographie, incroyable, concoctée par le metteur en scène en collaboration avec Emmanuelle Debeusscher, emploie un écran en front de scène et un autre au lointain entourant un bloc central muni d’un plan incliné. Cette utilisation du volume et non plus de l’espace scénique, permet au spectateur de se sentir happé par les images, projeté dans Beyrouth, au milieu des acteurs, restés au Liban, comme dans un reportage. Grâce à un système de rotation ingénieux, la toile se transforme en abri ou en campement . Le son d’Eric Guennou et la lumière de Christophe Mazet contribuent à rendre ce voyage unique.
Mais il nous faut nous attarder sur les acteurs, formidables. Vanessa Liautey dans le rôle de Georges nous apparait comme une évidence. Elle est tout simplement magnifique avec un jeu sincère, une émotion retenue mais qui envahit le spectateur, des gestes toujours précis comme dans cette superbe scène où elle enlasse Nakad. Elle illumine la scène, envahit tout le plateau, nous entraine dans ses peurs, ses moments de joie comme de désespoir. Diamand Abou Abboud passe de la fragilité sur scène à une force rare, pure sur l’écran. Et la petite Nina Bouffier amène sa fraicheur et son naturel avec une facilité déconcertante. On regrette aussi que les acteurs restés au Liban ne puissent venir aux saluts.
Julien Bouffier crée avec magie un spectacle total en tirant l’essence du roman de Sorj Chalandon. Certaines images comme celle de Vanessa Liautey, les mains en l’air, avançant pas à pas sur la ligne de démarcation pour la première répétition de ses acteurs, restent inoubliables. Samuel ne réussira pas à préserver ces deux heures de théâtre en pleine guerre, mais Julien Bouffier parvient à offrir pendant deux heures un moment rare d’humanité. Ne le ratez pas ! Venez traverser le quatrième mur !

Le quatrième mur
création franco libanaise

Adaptation et mise en scène : Julien Bouffier

Scénographie : Emmanuelle Debeusscher, Julien Bouffier

Création vidéo : Laurent Rojol et Julien Bouffier

Création musicale : Alex Jacob

Création Lumière : Christophe Mazet

Interprètes : Vanessa Liautey, Alex Jacob, Diamand Abou Abboud, Nina Bouffier, Joyce Abou Jaoude, Yara Bou Nassar, Mhd Hjeij, Elie Youssef, Joseph Zaitouny, Raymond Hosny...

Travail sur le corps : Hélène Cathala, chorégraphe

Photos : Marc Ginot

Administration-production : Nathalie Carcenac 

Diffusion : Claire Fournié
Production : Compagnie Adesso e sempre
 - Coproduction : Théâtre Jean Vilar à Vitry-sur-Seine ; EPIC du Domaine d’O domaine départemental d’art et de culture à Montpellier ; La Filature, scène nationale à Mulhouse ; Humain trop humain, Centre dramatique national de Montpellier
 - Soutien Studio-Théâtre de Vitry-sur-Seine

Dates et lieux des représentations en 2017 :
- 10 et 11 janvier 2017 à La Filature, Scène nationale à Mulhouse
- 2 et 3 février au Théâtre Jean Vilar à Vitry-sur-Seine
- 24 au 25 février à Humain trop humain, Centre dramatique national de Montpellier
- 1er au 4 mars au Le Tarmac, Scène internationale francophone à Paris
- 7 mars au Théâtre du Vésinet
- 29 et 30 mars à la scène nationale de Saint-Quentin-en-Yvelines

- Les 29 et 30 septembre 2017 à 20h au Théâtre Paris-Villette - Tel. +33 (0)1 40 03 72 23

- Le 10/10/2017 20:30  à Castelnau-le-Lez - Le Kiasma

- Les 12 et 13 octobre 2017 à Sortie Ouest ( Béziers) - Tel. +33 (0)4 67 28 37 32

- Du ven. 20/10/17 au sam. 21/10/17 à Bruxelles au Théâtre National Wallonie-Bruxelles - Tel. 00 +32 (0)2 203 53 03

- Le 08 février 2018 à 20:00 à Le Mans - Les Quinconces-L'Espal - Tel. +33(0)2 43 50 21 50

- Du 9 au 26 mai 2018 au Théâtre Paris-Villette 

- Le 17/10/2019 au Théâtre Molière - Sète - Tel. +33 (0)4 67 74 66 97

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