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Le misanthrope de Rodolphe Dana : une mise en scène originale à la diction perfectible

misanthropePar Julie Cadilhac - Lagrandeparade.com/ Sur le plateau, l’oeil se réjouit dèjà de l’excentricité des accoutrements et des coiffes d’Alceste, de Philinte, d’Oronte…L’ouverture de cette comédie en cinq actes flirte avec la farce…la préciosité se pare de plumes ridicules et de sonorités rock le temps d’un sonnet, on esquisse une chorégraphie déjantée, d'une saveur désopilante, au son d’un clavecin espiègle, le rythme est enlevé, Philinte séduit par sa rondeur bienveillante, Alceste désarçonne en ours bougon et Célimène à la robe blanche parée de légèreté convainc sous les lustres charmeurs qui accompagnent ce monde mondain. Pourtant, quelque chose gêne l’oreille très vite; c’est la diction de certains et le choix de préférer les effets à l’intelligibilité. Or le texte de Molière n’est pas substituable au spectaculaire de la scénographie ou de la mise en scène et par conséquent, l'on rit moins qu'il ne faudrait car l'on perd - souvent- du comique de langage. C’est fort dommage car ce travail présente de nombreux moments d’une inventivité délicieuse : on se souvient des marquis efféminés qui s’essayent à la virilité dans un sauna impromptu, ballet de jambes croisées et aquagym de circonstances…avec une Célimène effrontée en maillot de bain!….On aime la représentation du "cauchemar" d’Alceste, scène satyrique où Célimène se grime d'un "masque" blanc  ceinte de lumières fantomatiques…On se rappelle de la rencontre amoureuse au jardin entre Eliante et Philinte, empreinte de douceur, de sensibilité et de fraîcheur nocturne…ou enfin de la conclusion d'un atrabilaire désabusé, les mains dans la terre.
La troupe excelle pour exprimer le tressaillement des émotions et leurs déraillements irrépressibles et elle restitue avec finesse la complexité et les paradoxes du sentiment amoureux. Un moment de théâtre fort plaisant qui mériterait simplement donc - on insiste- d’être plus vigilant sur le manque de compréhensibilité du texte que peut produire une articulation laborieuse, la superposition d’une bande-sonore sur une voix, une surenchère d’effets.

LE MISANTHROPE
PAR LE COLLECTIF ARTISTIQUE DU THÉÂTRE DE LORIENT
CRÉATION DIRIGÉE PAR RODOLPHE DANA
AVEC JULIEN CHAVRIAL, RODOLPHE DANA, KATJA HUNSINGER, EMILIE LAFARGE, MARIE-HÉLÈNE ROIG, ANTOINE SASTRE, MAXENCE TUAL
SCÉNOGRAPHIE : RODOLPHE DANA
AVEC LA COLLABORATION ARTISTIQUE DE KARINE LITCHMAN
LUMIÈRES : VALÉRIE SIGWARD
COSTUMES : ELISABETH CERQUEIRA ASSISTÉE DE SIDONIE ANDRU-MICHEL, MAÏALEN ARESTEGUI, LISA BEAUGEY, BLANCHE MACHINAL, CLAIRE MICHAU ET BÉRANGÈRE PENVERN
CONSTRUCTION DÉCOR : ÉQUIPE TECHNIQUE DU THÉÂTRE DE LORIENT, CDN
PRODUCTION : THÉÂTRE DE LORIENT, CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL.
COPRODUCTION : MAISON DE LA CULTURE DE BOURGES, L’ARCHIPEL – PÔLE D’ACTION CULTURELLE – FOUESNANT-LES-GLÉNAN, LE CANAL – THÉÂTRE DU PAYS DE REDON – SCÈNE CONVENTIONNÉE POUR LE THÉÂTRE, THÉÂTRE DU CHAMP AU ROY – SCÈNE DE TERRITOIRE – GUINGAMP.
PHOTO © JEAN-LOUIS FERNANDEZ
Durée : 2h05

Dates et lieux des représentations:
- Du 4 au 7 février 2020 au Théâtre Bernadette Laffont à Nîmes ( 30)

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