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Tout pour la patrie : un roman palpitant et magistral de Martin Caparros

romansPar Félix Brun - Lagrandeparade.com/ L’Argentine des années 30 subit la crise économique mondiale avec acuité, violence… Buenos Aires est partagé entre les grandes fortunes du négoce de la viande, et les pauvres qui vivent de petits boulots précaires et de trafics en tout genre…et les intellectuels, les » cultureux » qui se marginalisent…

[bt_quote style="default" width="0"]La ville est une jungle monotone : des chiens, des chiens et encore des chiens.[/bt_quote]

La première religion devient le football : les familles dirigeantes ont compris que grâce à ce sport, ils vont dominer et tenir le peuple avide des exploits de leurs idoles du ballon rond.

[bt_quote style="default" width="0"]Le foot aussi, c’est un univers obscur où on ne sait pas trop ce qui se passe, où on peut faire des affaires sans qu’aucun fouinard ne soit tenté de fourrer son nez.[/bt_quote]

Sur fond d’un crime commis dans la bourgeoisie de Buenos Aires, le narrateur Andrès Rivarola surnommé « le Petit », trentenaire oisif et sans vrai métier, fugace auteur de tangos va mener son enquête en compagnie de l’insaisissable et élégante Raquel…

[bt_quote style="default" width="0"]Le tango n’a de sens que s’il demeure un genre populaire, utilisé par le peuple pour raconter sa vie, ses souffrances, ses aspirations.[/bt_quote]

Le coup d’état de José Félix Uribaru a mis en place un régime de dictature fortement influencé par les idées fascistes et nazies importées d’Europe… La junte militaire à la tête du pays étaye son pouvoir sur un système mafieux, une police et une presse corrompues, en particulier le journal « La Critica » : "Quatre-vingts, cent types entre la vingtaine et la soixantaine plongés dans l’alcool, l’ambiguïté, la cigarette, le faux pouvoir, le vrai pouvoir, la vanité, le ressentiment d’avoir voulu devenir on ne sait quoi et de n’être finalement que des journalistes, vidés de tout espoir." Andrès Rivarola va intégrer « La Critica » pour essayer de dénouer les fils de la vérité de cet assassinat camouflé en suicide et qui embarrasse le pouvoir et le milieu bourgeois de Bueno Aires.

[bt_quote style="default" width="0"]Ce qui semble évident, c’est que tu es un bon à rien, alors tu pourrais parfaitement devenir journaliste.[/bt_quote]

Martin Caparros invite le lecteur dans une histoire passionnante aux rebondissements succulents ; avec un immense humour et une plume acérée il dépeint une société argentine embourbée dans la corruption, la dictature, la crise économique et sociale…près de cent ans plus tard rien n’a tellement changé ! Les dialogues sont délicieux, les métaphores remarquables, les descriptions accomplies : "Sénorans est blond comme les blonds qui ne le sont pas : une tête couleur de néant. Il a un visage rond et laiteux, une moustache si clairsemée qu’elle n’en mérite pas le saint nom, un double menton qui promet." Un excellent moment de lecture!

TOUT POUR LA PATRIE
Auteur : Martin Caparros
Traduction : traduit de l’espagnol (Argentine) par Aline Valesco
Editions : Buchet.Chastel
Date de parution : 2 février 2020
Prix : 21€

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