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La Fabrique des salauds : un roman hors norme…de Chris Kraus

krausPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Le voici, le livre-événement de cette rentrée littéraire d’août- septembre 2019. Un pavé de près de 900 pages. Livre-choc, roman-fleuve, les qualificatifs se montrent insuffisants pour évoquer « La Fabrique des salauds », le troisième roman de l’Allemand Chris Kraus (mais le premier traduit en français). Kraus, on le connaît des deux côtés du Rhin pour « Quatre minutes », son film sorti en 2006, et aussi sa mise en scène en 2008 de « Fidelio », l’unique opéra de Beethoven. Là, au fil de ce texte qui court sur une période de 1905 au cœur des années 1970 avec une bonne dizaine de personnages. Une fresque, on vous dit, qui a pris, pour l’auteur, pas moins de dix ans pour les recherches et presqu’une année pour l’écriture ! Tant avec ses films qu’avec ses livres, Chris Kraus- 56 ans, tente de comprendre le comment et le pourquoi qui ont fait de tant et tant de ses compatriotes des bourreaux toujours pas repentis. Ainsi, il emmène les lecteurs dans les pas des deux frères Solm- Koja (Constantin) et Hub (Hubert), et de leur sœur adoptive, Ev. Celle-ci ignore qu’elle est juive, et ses deux frères l’épouseront tour à tour. « La Fabrique des salauds » commence avec la révolution russe et le premier massacre en 1905 (le grand-père des frères et sœur est lynché par les révolutionnaires) et prend fin à Munich dans les années 1970 dans un hôpital en Allemagne de l’ouest. Le narrateur de cette fresque monumentale, c’est Koja. Un maître dans l’art de mentir (et d’abord à lui-même !)… Dans sa vie, personnage aussi ignoble qu’invraisemblable, il a tout fait- ce qui lui a valu de vivre avec une balle dans la tête, résultat d’un coup tordu. Capitaine SS pendant la Deuxième Guerre mondiale, serviteur zélé du régime nazi, il n’hésitera pas à se faire passer pour un rescapé de la Shoah et deviendra alors un agent du Mossad, les services secrets israéliens. Bien sûr, il sera démasqué… Tout ça- et tant d’autres choses et événements encore, il le raconte à son compagnon de chambre d’hôpital, un hippie bavarois « nourri » à la marijuana et aux chansons des Beatles. « La Fabrique des salauds », un roman hors norme en résonance avec « Les Bienveillantes » de Jonathan Littell et « Cent ans de solitude » de Gabriel Garcia Marquez…

La Fabrique des salauds
Auteur : Chris Kraus
Traduit par Rose Labourie
Editions : Belfond
Parution : 22 aout 2019
Prix : 24,90 €

[bt_quote style="default" width="0"]Himmler fut le premier hippie que je rencontrai, en tout cas pour ce qui est du degré d’indépendance d’esprit. Et il savait prendre le temps de vivre. Comme tous les bouddhistes, il aimait les animaux, et une après-midi, nous restâmes pendant deux heures, moteur coupé, sur une route de campagne estonienne encombrée par de longues migrations de crapauds, afin de laisser les vingt mille batraciens traverser la chaussée en toute sécurité…[/bt_quote]

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