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Le voyage de Gulliver : une adaptation théâtrale pleine de magie de Valérie Lesort

  • Écrit par : Xavier Paquet

gulliverPar Xavier Paquet - Lagrandeparade.com/ Dans ses Pensées, Blaise Pascal écrit que « l’homme est infiniment éloigné de comprendre les extrêmes, coincé entre l'infiniment petit et l'infiniment grand, incapable de voir […] l’infini où il est englouti ».

Seul rescapé du naufrage de son navire, Gulliver, chirurgien anglais, n’en dirait pas tant quand il s’échoue sur une île inconnue où il rencontre les Lilliputiens, peuple de petite taille, étonné et craintif de voir débarquer un géant.

Fait prisonnier, il est condamné à mort par l’austère et cruel Empereur qui voit dans ce personnage une effroyable créature à même d’anéantir le Royaume. Mais l’impératrice Cachaça ne l’entend pas de cette oreille et sauve Gulliver qui pourrait être utile non seulement pour les travaux aux champs mais aussi pour lutter contre les flottes ennemies de l’île voisine des Blefuscu. Tout oppose ces deux contrées qui se déchirent pour ne pas consommer les œufs de la même manière : l’un par le gros bout, l’autre par le plus petit. Un différent illusoire pour nos yeux d’adulte, mais primordial pour l’Empereur Lilluputien qui veut asservir Blefuscu et réduire ses sujets en esclavage et ordonne à Gulliver de tuer et détruire son peuple. Gulliver va-t-il s’exécuter pour retrouver ainsi grâce et pouvoir s’en retourner dans ses contrées britanniques ?

Tout l’univers de ce conte est mis en mouvement dans un merveilleux décor aux airs de castelet, scène d’apparat des marionnettes, où mouettes volent dans le ciel, où les éléments se déplacent sur de minuscules rails et créent des illusions d’optique sur le mouvement et la profondeur de champ de la scène. Et la magie continue d’opérer avec les Lilliputiens, marionnettes de petite taille avec le visage apparent des comédiens dans ces corps désarticulés qu’ils manient eux-mêmes. La féérie finit de nous emporter avec les changements de décor : des toiles peintes ou des ombres chinoises qui viennent sublimer la scénographie en utilisant le principe du théâtre noir et ses jeux de lumière pour marquer l’illusion parfaite.

Le texte librement adapté de la première partie du roman satirique de Jonathan Swift en conserve l’esprit corrosif et la plume acerbe tout en affichant un humour permanent qui lui apporte légèreté et profondeur pour encore mieux amener le miel comique des situations et des propos. Il maintient également le recul philosophique de l’histoire sur la confrontation des Hommes, la tyrannie du pouvoir et l’asservissement des peuples au bénéfice de la méconnaissance et de la peur de l’autre, le choix de la guerre pour des raisons futiles et sans le consentement de ses sujets.

Le niveau de jeu est époustouflant par le rythme et les mouvements de ces marionnettes où la vivacité se conjugue avec les ruptures, les nuances et les changements d’intention tant dans les gestes que sur les visages des comédiens qui en font des nains expressifs plus vrais que nature. Tout est précis, millimétré et chorégraphié pour un spectacle dynamique aux airs enfantins, au message d’adulte et à l’humour absurde universel.

Drapée de magie, cette fable nous berce d’illusion et d’ironie où nos repères habituels sont bousculés, où la normalité des codes devient anormale et l’ordinaire extraordinaire. Pleine de poésie, cette pièce, tantôt spectacle de marionnettes, tantôt comédie musicale, nous fait retrouver notre âme et notre insouciance d’enfant.

Le voyage de Gulliver
Une libre adaptation du roman de Jonathan Swift par Valérie Lesort
Mise en scène : Valérie Lesort, Christian Hecq
Assistant à la mise en scène : Florimond Plantier
Création et réalisation des marionnettes : Carole Allemand, Fabienne Touzi dit Terzi
Assistante à la réalisation des marionnettes : Louise Digard, Alexandra Leseur-Lecocq
Scénographie : Audrey Vuong
Costumes : Vanessa Sannino
Lumières : Pascal Laajili
Musique : Mich Ochowiak, Dominique Bataille
Accessoires : Sophie Coeffic, Juliette Nozières
Collaboration artistique : Sami Adjali
Création maquillage : Hugo Bardin
AVEC : Le Savant, Soldat, Soldat blefescudien Renan Carteaux • Myéline, Soldat blefescudien, la Reine de Blefescu Valérie Kéruzoré • Cachaça, Soldat blefescudien Valérie Lesort • Skyresh, Soldat Caroline Mounier • Gulliver Mathieu Perotto • Soldat, Sollis Pauline Tricot • Soldat, Cérumen, le Cuisinier, Soldat blefescudien Nicolas Verdier • L’Empereur Éric Verdin

Dates et lieux des représentations:

- Jusqu'au 4 janvier 2024 au Théâtre Athénée Louis Jouvet ( 2-4 square de l'Opéra Louis-Jouvet - 75009 Paris ) Billetterie : 01 53 05 19 19 - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.


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