Par Christian Kazandjian - Lagrandeparade.com/ Rendez-vous à l’Elysée sonne la fin du règne de Napoléon Ier, poussé vers la sortie par l’intrigant Fouché. Ou la lutte du politique et de la soldatesque.

Après la déroute de Waterloo, Napoléon Ier rentre à Paris. Il s’installe à l’Elysée, palais qu’il a peu fréquenté durant son règne. Il y rejoint Hortense de Beauharnais, fille qu’il a adoptée. Coupé des réalités du pays, il rêve encore de pouvoir lever une armée et de reprendre la guerre. Mais le peuple réclame la paix ; la France n’a-t-elle pas perdu un million d’hommes, arraché à leur atelier ou leur ferme. Les élus de la Chambre manœuvrent, sous la houlette de Fouché, redouté ministre de la police, pour mettre fin à l’empire et restaurer la monarchie des Bourbon. Rendez-vous à l’Elysée relate le face-à-face de l’empereur déchu, qui refuse de voir la vérité et Fouché, duc d’Otrante. A fleurets mouchetés, au début, l’entretien vire à l’orage : on échange des noms d’oiseaux, on se reproche les crimes et les fautes commises, au regard de l’ambition dévorante des deux hommes, tour à tour complices et adversaires, au gré des circonstances. Seule Hortense veut encore croire en la loyauté du ministre et en la volonté de l’empereur d’imposer au peuple et à ses représentants ses desseins. Napoléon, vaincu une seconde fois, militairement puis politiquement, abdique pour l’Aiglon, son fils, âgé de quatre ans, sur le conseil de Fouché, qui, installera, deux semaines plus tard, sur le trône de France Louis XVIII.

Heurts et malheurs des peuples

En ces temps de commémoration hagiographique de Bonaparte, le texte aborde, en creux, les heurts et malheurs d’un règne qui mit, onze ans durant l’Europe à feu et à sang. Rappelons également que Napoléon Ier rétablit, dans les colonies, l’esclavage aboli en 1794. Ici, on voit un Bonaparte imbu de sa puissance, de ses victoires passées, qui, peu à peu, cède aux arguments du politicien Fouché et s’effondre, victime de sa cécité face à la misère du peuple et sa surdité face aux avertissements de ses conseillers. Ne se réfugie-t-il pas, à l’Elysée, dans une tour d’ivoire jupitérienne, seul sûr de ses analyses et de ses choix ? En un monde en convulsions, où les peuples aspirent à la paix, la phrase de Clémenceau : « La guerre est une chose trop grave pour la confier à des militaires », résonne comme un appel à la raison.

Rendez-vous à l’Elysée
Texte et mise en scène : Nathalie Ganem
Avec Benjamin Arba et Sarah Denys et, en alternance, Blaise Le Boulanger et Jean-Charles Garcia 

Dates et lieux des représentations:
- Les vendredis et samedis jusqu’au 20 janvier 2024 au Théâtre de Nesle, Paris 6e (01.46.34.61.04.)